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Critique de fguer1


C'est sûr, il y a un loup quelque part...

« À croire que Kafka s'est enkysté en elle. C'est comme si elle avait contracté La Métamorphose il y a des années et que celle-ci avait attendu la naissance d'Alban pour se réveiller et les contaminer. »
Deuxième roman d'Amélie Cordonnier et belle montée en puissance en puissance dans la narration, Un loup quelque part raconte la déroute d'une mère face à l'énigme que constitue son bébé. Par sa particularité, il dévoile brutalement une adoption jusque-là tenue secrète.
Alban est le deuxième enfant du couple. Tout s'est bien passé autour de la naissance d'Esther mais pour Alban, c'est différent. Car cet enfant a une particularité, une tache noire de la taille d'un petit pois dans le creux du cou. Bientôt, les taches se multiplient sur la peau de l'enfant et s'élargissent. Rien de grave, dit le pédiatre. Il y a des métis dans votre famille ?
Le premier mouvement de l'héroïne est de refuser l'évidence. Son fils est noir, sa peau fonce de jour en jour alors que parents et grands-parents sont blancs. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? On suit alors cette jeune mère, pas à pas, face à ce bébé qui fait surgir l'impensable.
A. Cordonnier décrit avec précision le parcours d'une femme qui se noie. Obsédée par la couleur de peau d'Alban, l'héroïne s'emploie à la mesurer avec un nuancier, à la nommer. Sépia, cannelle, feuille morte, bitume... La métamorphose d'Alban n'est pas sans rappeler le mythe kafkaïen. Pour cette jeune mère au bord du délire, c'est une transformation bestiale.
Incapable d'en parler à son entourage, elle s'emploie à escamoter le bébé pour cacher la faute originelle qu'il représente. L'escamoter et le délaisser, dans la répétition inconsciente d'abandons qui n'ont jamais pu se dire ni se traiter.
A. Cordonnier nous rappelle ainsi que le bébé, toujours, se présente dans une altérité qui fait effraction dans les psychés parentales. Et que sa venue rebat les cartes ce qui, parfois, s'avère salutaire.
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