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Critique de AnneBolenne


Aurora Cornu est une partition violente gorgée d'émotions, d'un fabuleux surréalisme, d'une virtuosité terrifiante, déployée en un style rahpsodique, rempli d'éclairs.
Une oeuvre envoûtante qui refuse la clôture, arrachée à tous les vents du désir.
Véritable journal intime, orchestration obsessionnelle dont les équilibres et les déséquilibres admirables permettent à l'auteur d'aller vers toutes les audaces, sans cesser d'en demeurer le maître, toujours avec une sensibilité bouleversante.
Ce livre est un livre-corps, un livre-exquis.
Comment ne pas penser à cette approche « objective du hasard », où l'on se laisse infuser par le mystère et la beauté ?
Comment ne pas penser aux tableaux surréalistes de Ernst (le visage de Gala), Dali, de Chirico ? « Me perdre dans son visage continental qui donne l'impression de partir en pèlerinage dès qu'on le scrute ? »
« Voyager dans le visage d'Aurora - mon premier bonheur physique avec elle. Arriver à son menton comme un alpiniste… »
Un monde de « Pierre » qui se métamorphose sur le passage du genou d'une femme, et inspire une puissance sensorielle folle.
Un récit comme le miroir d'une correspondance à deux accents, deux temps, deux corps, deux désirs.
Un baiser pour voix et orchestre.
L'humour, le sens de l'autodérision dont l'auteur fait preuve, rendent les personnages particulièrement attachants, vivants : Générosités, indignations, gestes, perceptions, interrelations, articulations, joutes amoureuses, tensions douces, « leurs pétrifiantes coïncidences », tout est réjouissant dans le style.
La verve, renforce la conviction qu'on ne prend pas place dans un drame mais que ces deux titans des restaurants, dans leur plongée sensible, me renvoie à la célèbre citation de Paul Éluard « qu'il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous ».

Aurora ou la parole d'un auteur qui s'inscrit véritablement et en profondeur dans la vie.
Pas de réduction du réel à sa perception mais une matérialisation d'un univers très personnel où tout est vrai. (Un vrai roman ?).
La famille, comme un roman-feuilletons, où les zones opaques comme celles du rêve sont des images doubles, triples, multiples, brutes. Un temps cocasse, disloqué, figuré, défiguré, des mots qui ébranlent des représentations cinématographiques, picturales, sculpturales et qui se donnent à voir comme présence forte, traces tangibles du passé, des empreintes réelles de la mémoire.
Obscure plume de l'écrivain qui parfois démouche son fleuret.

Lectrice conquise par ce livre déroutant, délirant, cette vision magnifique d'Aurora, permise par l'amour, par cet amour face à une vérité harmonique, dans le temps et l'espace.
Livre admirable parce qu'il donne à ressentir ce qu'est le sentiment amoureux, la possibilité offerte à chaque instant de vivre ce sentiment, loin du bavardage et du discours bien pensant.
Pages aux couleurs poignantes, hymne à la lumière qui efface les ombres, l'amertume de l'injustice et de la cruauté.
Rebelle et belle Aurora qui ouvre et préserve son intensité émotive, traverse le cosmos comme Peter Ibbetson, et partage d'autres aventures merveilleuses avec les oiseaux dans un été invincible.

Faut-il relire le livre de Pierre Cormary perché sur une échelle, qui deviendrait un objet de fascination, de tentation, mais aussi l'expression la plus pure de l‘absolu ?

« Tu alrrives toujoulrs à tes fins. Poulrrquoi , »
- Peut-être parce que tu m'aimes. »

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