Salvador Dali. Une vie une uvre.
Il y a des jours où je pense que je vais mourir d'une overdose d'autosatisfaction.
Mes plus beaux souvenirs, ce sont ceux du futur.
Je n'aime que lire et écouter des choses que je ne comprends pas parce que quand je ne comprends pas quelque chose, alors pour moi c'est comme une tapisserie sublime remplie de suggestions absolument inépuisables.

Tout le mouvement moderniste d'après-guerre était faux et aurait dû être détruit. Il est absolument nécessaire d'effectuer le retour à la tradition en peinture, et en tout. Sinon tous les efforts spirituels seront inutiles. Personne ne savait plus ni dessiner, ni peindre, ni écrire. Tout était sur le même plan, après l'internationalisme, l'uniformité. Amorphie et laideur, c'étaient des déités souveraines de la paresse. La vacuité et les foutaises pseudo-philosophiques autour des tables des cafés s'immisçaient de plus en plus dans le travail honnête des ateliers et des bureaux d'étude. Et les déesses de l'inspiration, plutôt que de rester sur les hauteurs de Parnasse imaginé et peint par Raphaël et Poussin, on attendait d'elles qu'elles descendent dans la rue pour faire le trottoir, en s'adonnant au libertinage des rassemblements plus ou moins populaires. Les artistes fraternisaient avec les bureaucrates, se servant des expressions de la démagogie opportuniste la plus vulgaire, et ils s'étaient ralliés sans honte aux ambitions de la foule embourgeoisée. Celle-ci, fière de son scepticisme et de son progrès technique, commençait à s'engraisser dans la dégoûtante opulence de la vie sans ordre, sans forme, sans tragédies et sans âme. Tout cela m'était étranger et ne m'a pas empêché de travailler comme un cheval.
La seule différence entre un fou et moi, c'est que moi, je ne suis pas fou.

J'aurais aimé encore quelque parfum, mais j'avais seulement une eau de Cologne qui me retournait l'estomac. J'étais donc obligé d'inventer quelque chose. Oh, si seulement je pouvais me parfumer à l'odeur du bouc qui passait par-là tous les matins ! Je me suis assis en profonde réflexion sur la question du parfum, mais sans résultat. Mais, attendez ! Salvador Dalí vient de se lever et il semble décidé. Cela veut dire que quelque chose de très inhabituel lui a traversé l'esprit, car quoi d'autre aurait pu générer une telle excitation !
Je me suis levé et j'ai couru chercher des allumettes. J'ai allumé un petit réchaud à l'éthanol que j'utilisais pour mes eaux-fortes, j'ai fait tremper la colle de poisson dans l'eau et j'ai fait bouillir le tout. Le temps que ça bouille, j'ai couru derrière la maison. Je savais qu'il y avait là quelques sacs de crottin de chèvre. Je le sentais souvent au crépuscule quand le temps est pluvieux et l'odeur devient plus forte. Je l'aimais beaucoup, mais ce n'est pas encore tout. Quand je suis revenu dans l'atelier, j'ai rajouté une poignée de ce crottin, puis encore une, dans la colle bouillie. Avec un grand pinceau j'ai frotté et frotté, jusqu'à ce que ça devienne une pâte homogène. Au début, l'odeur de la colle était plus forte que l'odeur du crottin, mais j'ai anticipé qu'après la "gélatinisation", l'odeur de chèvre gagnera. Mais le secret de cette odeur pénétrante qui remplissait déjà pratiquement toute la maison se cachait dans une bouteille d'huile de lavande, que j'utilisais aussi pour les eaux-fortes, et dont une seule goutte était suffisante pour s'attacher avec ténacité sur n'importe quoi pendant plusieurs jours. J'en avais versé une demi-bouteille et - miracle - l'odeur "exacte" de bouc que je désirais en est ressortie comme par un coup de baguette magique ! J'ai laissé le tout se gélatiniser, et quand ça a refroidi, j'ai pris un peu de cette matière que je venais de fabriquer, et je l'ai étalé sur tout mon corps.*
(* Traduction approximative)
Le snobisme consiste à pouvoir se placer toujours dans les endroits où les autres n'ont pas accès.
Le moins qu'on puisse demander à une sculpture, c'est qu'elle ne bouge pas.
Je considère que ma vie est remplie d'une chance délirante. Chaque mois qui passe, je suis de plus en plus entouré par des fous authentiques qui viennent vers moi de façon fortuite.
Les deux choses les plus heureuses qui puissent arriver à un peintre contemporain sont: primo, être espagnol, et secundo, s'appeler Dali. Elles me sont arrivées toutes les deux.