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Critique de cmpf



Il y a plusieurs lectures possibles de ce livre. On peut y voir essentiellement le destin d'une femme libre, ou la description des chantiers de construction des cathédrales gothiques, celle aussi de la royauté espagnole au XIIème siècle et des premiers succès de reconquête sur l'Al Andalous.
C'est pour ma part l'aspect architectural qui m'attirait, et j'avais hésité à entreprendre cette lecture craignant que l'histoire d'amour soit trop présente. Je suis restée effectivement un peu sur ma faim en ce qui concerne les techniques de construction. En revanche j'y ai trouvé plus qu'une bluette. Surtout la restitution d'une période excitante dans toutes ses nouveautés. Les interrogations sur la foi avec la théologie de la lumière et la fin des cathares, le foisonnement intellectuel, du moins pour l'élite, avec la poésie, les lectures et les échanges qui en résultent entre les deux personnages principaux, une relative entente avec les musulmans malgré le désir du roi Ferdinand III de récupérer l'intégralité de la péninsule, et surtout, grâce à la fine amor et l'exaltation de la femme, une plus grande liberté de celle-ci. Une impression de richesse matérielle aussi. Il faut dire que dans ce récit nous vivons principalement dans le monde des maitres d'oeuvres, compagnons et apprentis, dans celui du haut clergé et un peu dans celui de la royauté. Nous ne savons rien puisque tel n'est pas le propos, sur les paysans.
L'accent est mis sur la liberté des femmes. En effet dans cette courte éclaircie du début XIIIème, elles ont pu jouir d'une assez grande autonomie dans le choix de leur travail, et être relativement maitresse de leur destin si elles en avaient la force (voir la différence entre Térésa l'héroïne et Matea qui est mariée par son père sans qu'elle semble avoir vraiment choisi). Avec un bémol toutefois, l'Église continue à s'opposer à la femme, tentatrice de l'homme et création du diable. « Une minute, l'interrompit l'évêque, certains pensent que les femmes devraient exercer un métier propre à leur condition. C'est le cas des boulangères, aubergistes, poissonnières, couturières, bouchères, tisseuses, fileuses, cuisinières, sages-femmes, messières, faucheuse, batteuses de grain… et même des prostituées qui sont des filles de Dieu. Vous, maître Térésa, vous dirigez un atelier, mais cela ne vous autorise pas à intervenir dans ce débat entre hommes. Contentez-vous de ce que vous êtes, ne cherchez pas à aller plus loin que ce qui a été convenu et ne forcez pas votre chance […] Vous devriez être mariée et sous la tutelle d'un époux. » Quand les hommes parlent, les femmes et les enfants se taisent.
Et le nombre d'or ? C'est le calcul de la proportion idéale, qui préside aux constructions nouveau style.
Un petit reproche toutefois, peut être dû à la traduction. Un personnage parle de son « identité sexuelle », j'aurais tendance à penser que cette expression et l'idée qu'elle sous-tend est contemporaine.

J'ai aimé dans ce texte l'impression de grande liberté et de possibilités infinies qui semblent avoir régné dans ce début du XIIIème siècle. A lire si vous vous intéressez à cette période, en revanche si vous voulez connaître les conditions de construction, il existe sûrement d'autres livres plus à même de répondre à votre attente bien que cet aspect ne soit évidemment pas absent, et les tractations pour obtenir l'argent nécessaire encore moins.

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