Considérons l'ordre comme un arbre ; si les feuilles dans leur multitude sont les écuyères, si les branches, solides et poussant toujours plus haut, sont les cavalières et si les racines, qui puissent savoir et nutrition dans la terre, sont les Aînées, alors le tronc ne peut être que la Matriarche. Sans son tronc, un arbre reste un buisson rachitique : il n'y a pas de citadelle sans Matriarche ; de même une Matriarche n'est rien sans sa citadelle.
- Je ne qualifie pas d'allié un voleur, je nomme pas voisin un bourreau, je n'appelle pas ami un tyran.
- Et que proposez-vous de faire ? On ne mord pas la main qui nous protège et nourrit ! On n'insulte pas son créditeur, en plein Congrès, devant son ambassadeur !
Les jardins du palais se refusaient d’abord au regard du visiteur. Buissons, haies, taillis se suivaient, se chevauchaient, menaient à leur guise les yeux des promeneurs. Comme une grande tapisserie d’émeraude, tendue en travers d’une scène, les troènes, les cyprès, les lauriers-sauce, dissimulaient les secrets de leurs sœurs florales derrière leur rideau verdoyant. On n’imposait pas sa maraude à ce jardin-là. Il fallait se laisser guider par la gent boisée, accepter de glisser des bras du lilas à ceux de l’albizia, se soumettre aux caprices des canaux de jade, s’oublier dans la volonté des gainiers, des pivoines, des ajoncs. On n’était pas flâneur sous le couvert des chênes et des figuiers, seulement un hôte toléré par les arrangements d’œillets, de roses et de tulipes. Les allées de gazon entraînaient celles qui les arpentaient dans des cheminements hasardeux, des détours incertains. On se perdait pour mieux se retrouver face aux délicats ornements d’un pavillon ombragé, pour mieux découvrir, soudain, derrière les branches basses d’un olivier, une fontaine où l’eau et le jasmin se confondaient.
Il ne sert à rien de s’inquiéter des choses sur lesquelles tu n’as aucune emprise.
Ce que vous allez affronter dans le ventre de la grande engloutisseuse, ce que vous y découvrirez, ne peut être exprimé dans la langue commune, ne peut être évoqué dans le parler des flammes, ne peut être compris dans le verbe du vent. Seul le susurrement de la sève au cœur de l’arbre est à même de décrire ce que renferment les entrailles de la Terre et rares sont ceux qui savent l’entendre.
- Un fourreau sans épée, c'est assez original pour une cavalière.
Le regard d'acier du Condottiere trouva celui de l'écuyère.
- Bien que cela apporte un semblant de sécurité à notre rencontre et très probablement rassure le capitaine et ses soldats.
"Nous ne sommes pas dans un conte ,Eliane de Nordeau ! Je ne reviendrai pas vers toi par trois fois afin que tu puisses te décider .Et je ne suis pas non plus un démon venu te demander la première âme qui passera le pont que tu construis. Ton ouvrage est grand , ta cause noble, ne tourne pas le dos au destin pour d'insipide principes!"
Nos alliés, seigneur ? Est-ce ainsi que l’on qualifie celui qui pille et s’approprie le travail de nos paysannes ? Est-ce ainsi que l’on nomme celui qui blesse et ampute nos terres ? Est-ce ainsi que l’on appelle celui qui nous impose sa tutelle et son jour ? […]
Je ne qualifie pas d’allié un voleur, je ne nomme pas voisin un bourreau, je n’appelle pas ami un tyran.
On est toujours seule face à son destin.
Elle n’a besoin ni de bouclier, ni d’armure, mais qu’on empêche Éliane de tisonner le brasier de son cœur sans trêve et sans relâche. Je ne suffis pas toujours à apaiser ses incendies, j’ai peur qu’un jour, ils ne la consument entièrement.