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Critique de afriqueah


Être noir en Virginie « le Sud », est une malédiction. Mot à prendre tout à fait au sérieux. Titus est le premier élu shérif noir de Charon, (devant son adversaire dont le programme se résume à “ harceler les Noirs, les Hispaniques et les démocrates ”.
A Charon, tout parait calme, mais son passé recèle des « horreurs et des abominations », qui pèsent toujours. Après la saison de rires oublieux, commence la saison des larmes.
Charon. le nom même était associé aux ombres et à la mort...À moins qu'ils aient opté pour ce nom parce que la rivière qui traversait leur région pour se jeter dans la baie de Chesapeake leur évoquait Le Styx.

Titus doit gérer le meurtre d'un enseignant très aimé, commis par Latrell, le fils d'un ses copains… noir, ce dernier abattu par les policiers sans que Titus en ait donné l'ordre.
Latrell avant de mourir maudit un archange, l'Ange de la Mort, l'Ange noir.
Titus affirme, en réponse à l'affirmation d'un tireur : ce ne sont pas des propos terroristes, « des trucs d'islamistes ». Arrêtons les hypothèse foireuses.
Alors que le sentiment de colère anime La colère, c'est la culpabilité de Titus qui en même temps le guide, le fait se méfier de ses intuitions, le pousse à remettre en cause l'usage de la violence qu'il avait pourtant utilisé au FBI, l'aide et l'handicape.

Titus souffre de cet insigne qui tendrait à lui donner pleins pouvoirs.
Pleins pouvoirs que de toute façon il n'a pas, puisque Charon est truffé de confédérés, « les fils de la Confédération » avec leurs drapeaux, leurs uniformes datant d'avant la guerre de Sécession, et surtout, leurs croyances au bien-fondé de l'esclavage, dont la statue de Joe le Rebelle apporte le blanc-seing. (Sans jeu de mots, ou avec)

Et bien entendu, la communauté noire émet des doutes sur son rôle, y compris de la part de ceux qui voté pour lui. Bavure, disent-ils.
De l'autre côté les Blancs, s'il limoge ceux qui ont tiré, peuvent le traiter de raciste.
Titus refuse le manichéisme, ne croit pas que l'humanité se divise en bons et en méchants, et d'ailleurs il est athée : Il est pourtant obligé, au cours de son enquête, de visiter les lieux de culte de Charon : trois des vingt et un lieux de culte s'adressent à des fidèles Noirs, les autres sont gérées et fréquentées par des Blancs.
Quelque soit la couleur de peau, les églises recrutent les anciens drogués et les anciens alcooliques, dont le père de Titus.
Ce sont aussi les lieux, églises ou salons funéraires, « les derniers bastions des vieilles conventions sociales du Sud où l'on continuait à pratiquer la ségrégation volontaire.”
Ces lieux saints rappellent à Titus la malédiction de Canaan, en réalité malédiction de Cham, fils de Noe, dans la Genèse de la Bible, utilisée aux États-Unis pour justifier l'esclavage, alors que la Bible ne spécifiait pas la couleur de la peau : Noe avait condamné Canaan, fils de Cham, à être l'esclave de ses frères, cette malédiction est transposée sur le peuple noir, ainsi qu'une enseignante de Titus le dit ingénument : “les Noirs étaient condamnés à être esclaves parce que c'était écrit dans la Bible”.
Et si je vais plus loin, dans la Bible comme dans « Le sang des innocents », le fils paye pour le péché du père, puisque c'est bien Cham qui a vu Noe ivrogne et nu, et son fils Canaan qui hérite de la malédiction.
Ceci dit, la Bible et les mots aident Titus à entrer dans ce salmigondis de phrases toutes faites et d'appels à la violence.

Les arbres aussi, comme la statue, rappellent le passé confédéré : “Combien avaient soutenu le poids d'hommes noirs pendus à leurs branches au cours des années qui avaient suivi la grande rébellion ratée menée par des propriétaires terriens du Sud ”
Le Willow Tree et le Strange fruit de Billie Holiday se retrouvent dans un saule pleureur qui nous fait pleurer.
Dans cette enquête sans un seul moment de répit, dans ces découvertes de ce que l'humain peut comprendre, toujours, d'horrible et d'angélique, dans la difficulté qu'a Titus à assumer son insigne de shérif, dans ses doutes et sa culpabilité croissante à ne pas réussir à éradiquer les crimes, dans l'amour qu'il voue à son père, dans les tourbillons incontrôlables dans lesquels il nous entraine, dans l'humour poivré de son ex : “ces menottes que tu as à la ceinture, ça fait partie de ton équipement de travail ou tu les as prises dans ta table de nuit ? ”, dans tout cela, S A Cosby se surpasse.
Chef d'oeuvre.
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