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Critique de babel95


A la dérive, de Xavier Coste, est une B.D., plus précisément, un roman graphique qui met en scène le casse de l'American Express de 1903, librement transposé dans le Paris de janvier 1910, alors que la Seine en crue métamorphose la capitale.
Deux jeunes Américains, Eddie et Agatha, sont ruinés par les dettes de jeu d'Eddie. Pourchassé par les créanciers, le jeune couple se retrouve pris au piège. Alors qu'Agatha est contrainte à la prostitution, Eddie s'allie à des Apaches et conçoit le casse de l'American Express. Mais le cambriolage tourne mal, l'un des gardes de la banque est mortellement blessé, les cambrioleurs sont arrêtés. Seule Agatha parvient à s'enfuir avec une partie du butin. Eddie et ses complices sont condamnés au bagne à perpétuité et envoyés en Guyane. Pour Eddie, c'est le début d'une lente descente aux enfers. Avec son arrestation, c'est son couple qui est lui aussi parti à la dérive, Agatha l'a quitté, souhaitant refaire sa vie grâce à l'argent du casse.

A la dérive…. Roman graphique.
Dans cet ouvrage, le texte et les illustrations se répondent.
Dès les premières pages, nous sommes frappés par les barques qui semblent flotter sur la Seine, sous la Tour Eiffel, alors que les éléments se déchaînent. Une lumière étrange règne : la pluie est omniprésente, elle est représentée par des hachures, des zébrures… Tout donne l'impression d'une pluie sans fin qui qui plombe les actions.
En Guyane, au bagne, on retrouve cette atmosphère, l'océan, les paysages sont noyés sous des rideaux de pluie. Tout se passe comme si cette pluie renforçait l'aspect inéluctable du destin d'Eddie, « tandis que je voyais notre mort, notre perte se dessiner à travers les vagues » dit-il….
Paysages, personnages... la pluie, la crue, tout contribue à leur donner un aspect irréel.
Le temps lui-même (symbolisé par les pendules, qui entourent Agatha) semble bien irréel. Les couleurs choisies renforcent cette impression,le beige, le noir, le jaune... seul le rouge vif souligne des moments-clé, met en valeur Agatha, colore les actions violentes.

Dévoile-t-on l'intrigue en évoquant les dernières images, celles d'Eddie qui rame, alors qu'un immense paquebot se rapproche… que signifie cette barque qui se casse ? S'agit-il d'un rêve ? Eddie se trouve-t-il sur le paquebot, rejoint-il Agatha ? Toutes ces questions restent sans réponse...

La toute dernière partie du roman, intitulée « Les eaux maîtresses de Paris », résume en quelques paragraphes la crue parisienne de 1910 – la crue centennale. Les informations sont précises. Les illustrations très soignées entourent une photographie d'époque. La mise en page est impeccable. A noter, le zouave du pont de l'Alma n'est pas oublié, et c'est à lui que revient l'honneur de terminer A la dérive.

C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu – et relu A la dérive de Xavier Coste. J'ai participé pour la première fois en mai à la lecture en commun d'une BD.

J'ai beaucoup aimé cette manière poétique de mettre en scène Paris noyé sous les eaux. Rêve ou réalité… difficile de se déterminer, les aquarelles tendent à effacer les contours du réel.
A la dérive, la dérive d'un rêve, d'un amour ? Je ne le pense pas. Selon moi, , Xavier Coste est parvenu à ses fins : nous faire partager ce sentiment d'impuissance face à un destin implacable. Une belle réussite, au contraire.



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