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Critique de clairemarquez75


"C'est une histoire de veines
et de chagrins qu'on mêle
De nappes, de mares et de sels
De charbon aussi -
d'eaux profondes et de gemmes."

Les enfants poussent dans un terreau trop fertile, dans un espace temps où l'imaginaire est une nourriture abondante, et un antidote au malheur. Les enfants naissent les uns après les autres, rebaptisés dès la première accroche d'amour. Martin devient Béguin, et naturellement, son petit frère devient Chiffon, le bout de nez dans la toile douce, et la petite dernière sera....

«Pourquoi il est cassé, le zizi de ma soeur?» Maman est entrée en fureur. «Mais enfin, il n'est pas cassé! Qu'est-ce que tu t'imagines, espèce d'enfant aveugle ? Mon frère a dit : «Si, regarde, il est cassé... Il n'y a rien à tirer.. Mon père a ri, Odile a pris le temps d'expliquer : «Alors, les garçons. Vous avez, c'est vrai, un zizi qui peut viser, se dresser et s'affaiser dans un frisson... Pour vous flatter, appelons-le zizi totem. Mais les filles, voyez-vous, ont un zizi, elles aussi. Un zizi plus mystérieux... caché là, dans un pli, et que vous comprendrez un jour autrement qu'avec vos yeux. D'accord ?» Béguin ricanait un peu, mais Chiffon a dit d'un ton blasé : «Un zizi cabane, quoi... » Personne n'aurait trouvé mieux : ni plus vrai, ni plus joyeux. C'est ainsi que je suis devenue la première, la seule, la vraie : Zizi Cabane.

Alors quand la source intarissable de générosité et de gaieté s'évapore un beau matin, emportant Odile, cette mère soleil dans une vapeur évanescente, la maison se met à pleurer le long de ses murs, les petits êtres qui l'habitent.

"J'avais une femme, elle a disparu, sans laisser de traces. Ou plutôt : sans laisser de traces de sa mort, parce que, des traces de sa vie, les nôtres en sont remplies. Ce sont les révoltes de Béguin, les obsessions de Chiffon, les rires et es chagrins de Zizi... Leur mère est partie tout en restant en eux ; et moi je ne peux plus être un éternel tourment."

Un roman peuplé de personnages qui se débattent dans leur coquille, faisant face à un constat impossible : leur mère, leur femme, leur soeur, n'est pas morte, puisqu'elle n'est pas réapparue. le quotidien devient une attente, et les enfants poussent malgré eux. Ferment, ce mari dévasté par la disparition de son âme soeur, se débat pour garder la souffle à la surface, partageant son oxygène à ses enfants.
Une galerie de personnages tous plus tendres les uns que les autres, galerie dans laquelle apparaissent des candidats de passage à la vie de famille ; sitôt arrivés, sitôt repartis.
Une construction d'histoire comme une boîte que l'on ouvre pour y découvrir des lettres, des visions croisées de chacun des enfants, de Ferment, de Jeanne, la soeur d'Odile venue participer au maintien à flot de cette petite troupe.
Et puis ces vers qui parsèment le roman, ces petits cailloux pour suivre un chemin qui vous aide à ruisseler dans une histoire de vivants.

"Le souvenir de quelqu'un flotte
quelques autres essaient de s'en saisir
mais c'est le vide, l'absence qui se creuse
à chacun de leurs pas."

Une belle découverte, qui, je l'avoue, ne m'aura pour autant pas totalement convaincue, probablement parce que le rythme m'a manqué. J'admire cependant certains passages qui me resteront longtemps sous la peau.
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