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Critique de gerardmuller



Le crépuscule de Briareus / Richard Cowper
Calvin le narrateur et Margaret sa compagne errent parmi les congères dans la campagne anglaise enneigée comme jamais. Dans cette région du nord de l'Angleterre le climat a subi comme dans beaucoup de régions du monde un bouleversement qui a entrainé la fuite des rescapés le plus au sud possible du pays et ainsi que vers d'autres cieux, en Australie et Nouvelle Zélande. Pourchassés par les chiens errants affamés, ils parviennent à Moyne Hall près d'une habitation isolée où ils font la connaissance d'une très jeune femme, Élizabeth, née de la Génération du Crépuscule qui fait partie d'une communauté de trois personnes avec Tony parti faire des courses et Spencer parti vers d'autres cieux pour un temps.
Dès le second chapitre on apprend la cause de ce bouleversement météorologique avec typhons et tornades suivis d'un grand refroidissement : le rayonnement fantastique visible en plein jour même, suite à l'explosion de l'étoile Briareus Delta située à 132 années lumières de la Terre, vient de parvenir dans le système solaire. Une véritable catastrophe cosmique qui va perturber de façon gravissime la ionosphère, les télécommunications, la couche d'ozone et le climat de la Terre. Pour Calvin et sa femme Laura, la découverte se produit alors qu'ils sont en promenade sur le bord de mer. Tout deux sont professeurs au collège moderne de la ville.
Plus tard, se rendant pour observer la supernova chez son ami Phil qui possède un télescope, Cal rencontre l'une de ses élèves, Margaret, intéressée elle aussi par le phénomène. La séance terminée, il la raccompagne chez elle et c'est alors que des phénomènes bizarres leur arrivent, comme s'ils se retrouvaient dans une autre dimension, dans un autre temps. La sensation est fugitive mais inquiétante et inoubliable. Pour éclaircir cet événement, Margaret décide de revoir Cal et lui fixe un rendez-vous sur le front de mer. C'est là qu'une tornade inouïe survient qui les emporte comme des fétus et les plonge par instant dans un état second.
Dans les jours qui suivent, on apprend que le cataclysme a touché le monde entier et que plus de 50 millions de morts sont à déplorer. Au collège, de nombreuses jeunes filles ont ressenti des symptômes bizarres avec de forts maux de tête et ont dû aller à l'infirmerie au moment des cours. Calvin enquête sur cette affaire qui ressemble un peu à ce qu'il a connu avec Margaret. Il remarque une élève à l'attitude étrange, Marcelle qui semble planer dans un ailleurs qui rappelle également quelque chose à Cal. Après un entretien avec elle, il a confirmation d'une part que Marcelle subit une influence qui la rend totalement soumise et consentante tandis que lui se trouve sous une emprise qui porte sa libido à des niveaux qui justifient une consultation auprès de son ami le docteur Rosen.
« Elle baissa timidement les yeux sur son corps, et ses cheveux auburn ruisselèrent sur son visage. Puis avec un geste d'innocence éternelle, elle fit doucement de ses mains des coupes pour ses seins et me les offrit… Elle se pencha alors, prit ma main toujours sur son poignet, la leva vers son sein nu, les yeux pleins d'une supplication muette. Prenez-moi, priaient-ils, laissez-moi aller avec vous partout où vous irez, être avec vous, être vous.»
Dans un entretien avec Rosen, Cal explique qu'il lui est impossible de dominer la pulsion telle une force magnétique qui le pousse vers les mutantes Zêta que sont Margaret et Marcelle, une force exclusive, primitive où tout le reste est écarté, comme si l'on se servait d'eux. Une sorte de mainmise étrangère sur les personnes. Les mutants Zêta sont les humains qui à la suite du rayonnement de Briareus montrent une anomalie de leur voltage encéphalique En plus du rythme Alpha bien connu se superpose en contrepoint une onde que l'on a appelée Zêta et ce de façon inexplicable scientifiquement. Ces ondes provoquent des troubles du sommeil, l'apparition de rêves étranges et confèrent d'étranges pouvoirs psychiques.
Quoi qu'il en soit, neuf jours après le cataclysme, tout semble redevenir normal : l'éclat de Briareus à fortement décliné et la vie a repris son cours après que les plaies aient été pansées.
C'est alors que le docteur Rosen annonce à Cal avec preuves à l'appui que tous les humains sont devenus stériles depuis le jour du rayonnement de Briareus. Les tempêtes dues à la supernova ne sont plus que des jeux d'enfants à côté de cette découverte. Laura et Cal qui espéraient pour bientôt avoir un enfant se réfugient dans l'espoir que cette stérilité n'est que transitoire. Les recherches des savants du monde entier ne parviennent pas à découvrir ce qui empêche le sperme humain de fertiliser l'ovule. Des expériences de fécondation in vitro montrent que tout se passe après un certain stade de développement comme si la cellule avait perdu la volonté de survivre.
Sont alors tentées des expériences sur les dormeuses (jeunes femmes mutantes) et les hommes mutants. Des expériences d'insémination gérées par l'État qui conduisent à des catastrophes et la mort ou la folie pour un grand nombre. Une chasse aux mutants est organisée pour fournir les laboratoires. Cal va-t-il échapper aux griffes de la sécurité Nationale ?
le philosophe et chercheur McHarty, ami de Cal, lui explique que les mutants Zêta sont ce qu'il y a de plus précieux au monde et sont le seul espoir de salut pour l'humanité. On découvre alors que les enfants conçus peu avant l'apparition de la supernova ont quasiment tous hérité du rythme Zêta, en tout cas en beaucoup plus grand nombre que leurs aînés. C'est ce que l'on appelle la Génération du Crépuscule. On découvre également que de très rares mutants ont des propriétés particulières au niveau des rythmes Alpha et Zêta : on les appelle les diplomutants. Calvin en est un. Que lui réserve cette distinction ? Quel avenir attend les mutants Zêta survivant qui vont être regroupés à Genève dans un centre d'études spécialisé ? Jusqu'au jour où un appel étrange et silencieux invite Cal au départ. Il se pose la question de savoir s'il existe au moins une femme diplomutante dans le monde. Il en a la certitude.
Et si en fait le rayonnement de la supernova avait été utilisé par des entités, comme une sorte de vague et de ressac galactique, en en chevauchant la crête pour traverser la galaxie et prendre contact, tel des missionnaires, avec d'autres formes de vie intelligente ? Des entités pour qui le mort ne serait pas ce qu'elle est pour nous, pour qui le temps linéaire ne serait qu'une illusion ? Les diplomutants seraient - ils les seuls êtres capables d'apprécier les émotions des nouveaux venus ?
Pour une meilleure appréciation de cet excellent roman de fiction et que l'histoire prenne tout son sens, je conseillerais aux lecteurs d'ajouter 50 années aux dates citées au cours du récit, vu que le roman a été écrit en 1974 et que les événements se passent à partir de 1983, année qui était alors un futur proche et pour nous en 2023 déjà un passé éloigné.
Ce roman post - apocalyptique dans la réflexion, spiritualiste et poétique, très bien écrit et très bien traduit, pose grâce à une projection dans le futur un certain nombre de questions et montrent que notre présence sur Terre est aussi aléatoire que le fut celle des dinosaures. En qualité d'Homo sapiens l'humanité n'a que 200 000 ans, et près de 3000 000 d'années pour le genre Homo habilis. Les dinosaures vécurent 180 millions d'années et bien que parfaitement adaptés disparurent très certainement pour des raisons initialement extérieures à notre Terre. Alors quand Briareus delta explose en supernova, tout est possible lorsque le danger vient d'ailleurs. Bien sûr d'aucuns estiment que le plus grand danger pour l'Homme, c'est l'Homme lui-même. Mais cela est une autre histoire !
Pour la petite histoire, rappelons que Briareus appelé aussi Aegeon était dans la mythologie grecque le fils d'Uranus (ciel étoilé) et de Gaia (la Terre), un géant à 50 têtes et 100 mains, dieu des tempêtes.
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