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Critique de zouips


La scène d'ouverture de cet album métaphore ne doit pas être interprétée comme telle. On y voit un homme et une femme réjouis qui poussent leur fille dans une petite barque et la mettent à la mer alors qu'au large se forment d'énormes nuages noirs annonciateurs d'une terrible tempête. Léonie, la jeune fille supplie ses parents de la garder avec eux, mais ils lui tournent le dos et courent se mettre à l'abri dans une petite maison. On pourrait croire assister à une scène d'abandon alors qu'en fait ces parents n'ont rien de monstrueux, ils font simplement leur travail de parents qui est de savoir laisser partir son enfant à l'orée de l'adolescence.
L'immensité de la mer représente le monde qui attend ces ados. Les fortes vagues représentent les embuches et l'adversité auxquelles ils devront faire face ainsi que les défis qu'ils devront relever dans la vie.
Jean Cremers pousse cette aventure à son paroxysme. Tout comme dans la vraie vie, ils ne partent pas tous avec les mêmes chances. Dans son périple, Léonie est confrontée à ceux qui ont des bateaux à moteur, ceux qui ont des yachts et ceux , qui, comme elle n'ont qu'une petite barque et souffrent d'un handicap : elle n'a pas de bras droit, ou comme Balthazar( dont on parlera plus tard ) qui ne parle pas. Il y a donc dans cette course à la survie les plus riches et les plus modestes mais dans tous les cas s'applique la règle du chacun pour soi. Léonie va découvrir un univers sans foi ni loi ou seul le hasard des rencontres et sa détermination vont la guider. Car, dans cette aventure elle n'est pas seule, elle a sauvé Balthazar d'une noyade certaine et entrainé dans sa volonté de retrouver la terre ferme, Agathe, une vieille femme qui perd un peu la tête et qui se laisse porter sur le grand large depuis quatre décennies. Les péripéties dans lesquelles les entraine Léonie sont éprouvantes mais riches d'enseignements, notamment de toujours résister à l'oppresseur, de ne jamais céder à la facilité, de se battre pour survivre et d'être solidaires, toutes ces valeurs qui façonnent un adulte.
Ce « grand large » est donc un grand saut vers l'indépendance et l'âge adulte et ce récit est avant tout initiatique. Il met en scène les rencontres marquantes et les épreuves nécessaires qui forgent la personnalité. C'est donc ici de l'apprentissage de la vie et de la construction de soi dont il est question au travers de cette traversée jalonnée de nombreuses péripéties.
L'auteur a opté pour dessin relativement simple, l'accent est plutôt mis sur le ressenti et les émotions. La mer, qu'elle soit calme ou déchainée est un personnage à part entière qui malmène les héros dans leur quête de l'inconnu.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions Glénat pour cet envoi. »
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