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Critique de Pois0n


Explosifs : voilà comment qualifier les échanges entre Sterling, scandaleuse mannequin n'ayant pas sa langue dans sa poche, et Rihad, roi de son état et très à cheval sur le protocole. Chacun possède son lot d'à-priori sur l'autre ; il la voit comme une sangsue ayant vécu accrochée à son frère pour l'argent, elle le perçoit comme un despote étouffant qui empêchait son frère de vivre sa vie. Autant dire que dès leurs premiers mots échangés, le ton monte et la conversation dégénère rapidement en insultes. Pas en piques ironiques et savoureuses, non ; mais en commentaires acerbes et blessants qui fusent comme des balles de ping-pong.

Le problème, c'est que ça va rester comme ça pendant une bonne partie de l'histoire et qu'au lieu de lire une romance, on a plutôt l'impression d'assister à une guerre des tranchées. Et non, ce n'est pas agréable, d'autant qu'à côté de ça, l'auteure a eu recours au très classique coup de foudre. Une attirance incontrôlable qui, en soi, pourrait ne pas sembler si incompatible avec le climat orageux qui règne en permanence entre les deux protagonistes, si la narration ne passait pas du coq à l'âne. Sterling ne sait clairement pas ce qu'elle veut et finit par agacer, tout comme Rihad, à toujours vouloir tout contrôler.

C'est dommage, parce qu'à côté de ça, l'évolution de leur relation se fait relativement naturellement. Chacun gère la perte d'Omar comme il le peut jusqu'à ce que l'arrivée de son bébé change la donne. Cet enfant n'est pas seulement un souvenir de lui, mais un lien entre Sterling et Rihad. Qu'ils le veuillent ou non, ils forment une famille, bien peu conventionnelle certes, mais une famille quand même. C'est ainsi qu'ils parviendront à faire à la fois le deuil de ce frère que Rihad a si peu connu mais dont Sterling a partagé la vie pendant dix ans, et de la première épouse de Rihad, avec qui il avait noué une amitié sincère et souvent évoquée, trahissant le manque qu'il ressent toujours. Cet aspect-là, plus doux, sauve vraiment l'histoire et parvient à la rendre attendrissante malgré tout.

Bref, on aurait aimé qu'au lieu d'un déluge d'agressivité, Caitlin Crews mette davantage l'accent sur les passages où Sterling et Rihad apprennent à se connaître au lieu de simplement les évoquer vaguement. Comme souvent dans les Harlequin Azur, le roman aurait gagné à avoir quelques pages de plus, une dizaine auraient suffi et le récit en aurait été plus équilibré, l'ambiance moins pesante, l'arrivée de la romance à proprement parler plus crédible. Même s'ils apprennent lentement à regarder au delà des apparences, les tourtereaux n'en restent pas moins têtes à claques presque jusqu'à la toute fin ; et si l'obstination de Sterling trouve racine dans son passé, celui-ci se trouve presque miraculeusement balayé le moment venu, atténuant d'un seul coup la cohérence de ses actions jusque là pourtant compréhensibles. Mais bon. Il fallait bien que ça s'arrête un jour.

Le bilan est donc plutôt mitigé. D'un côté, ça a le goût d'un piment oiseau avalé tout rond, de l'autre, ça peut se révéler doux comme du miel, mais l'équilibre ne se forme vraiment que dans le dernier tiers du récit, avec les grandes révélations et un peu plus de jugeote des deux côtés. En soi, ça reste une histoire d'amour (ou plutôt sa genèse) sympathique, mais hélas trop inégale pour sortir du lot.
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