AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de liberlibri


Une fois n'est pas coutume, j'ai lu un roman de science-fiction. C'est un genre que je n'apprécie généralement pas, tout simplement parce que ça ne reflète pas, mais alors PAS DU TOUT, mon univers ultra terrien ! Tout ce qui est de l'ordre de l'infiniment petit et de l'infiniment grand me dépasse, même si je suis bien heureuse que d'autres s'en préoccupent à ma place, puisqu'ils me permettent de faire fonctionner cet ordinateur, par exemple. Pour que je lise ou que je regarde de la SF, il me faut donc une bonne raison. Cette fois, c'est à la suite de conseils avisés que j'ai lu La proie de Michael Crichton. le roman traite des dangers que pourraient présenter les nanotechnologies dans un temps relativement proche.
Et je ne me suis pas régalée, sans doute parce que ma formation littéraire me fait repérer les procédés narratifs, que je passe beaucoup de temps à disséquer, au lieu de me laisser porter par le texte. C'est un travers dont on ne se défait pas facilement. Pourtant, chez Crichton, ils sont tellement visibles que je ne peux m'empêcher de les rapporter ici. L'auteur reprend les techniques du roman-feuilleton, il ménage un rebondissement à la fin de chaque chapitre de façon à donner envie de lire le suivant. Il étire beaucoup le temps. Sept jours en 500 p. L'action est décrite avec minutie, exemple : je prends le tournevis, je l'approche de la vis, je dévisse, je récupère la vis, etc. le contraire de l'ellipse ! Mais il y gagne en volume et il plonge son lecteur dans un grand désarroi. Ce pauvre bougre n'en peut plus de ne pas savoir ce qui va arriver… Ajoutons à cela des incises régulières du type : « Seulement deux heures s'étaient écoulées depuis mon arrivée sur le site. Pourtant, tant de choses s'étaient passées. » Ou comment montrer au lecteur l'aventure ex-cep-tion-nelle dans laquelle il est embarqué. Cf. Da Vinci Code où l'action se déroule sur 24 heures. C'est là un bon moyen de préparer l'adaptation cinématographique.
Il faut aussi compter avec un lot de personnages terriblement oubliables, parce que stéréotypés. le héros n'est pas un James Bond infaillible, c'est dépassé. C'est un bon père de famille qui ne sauve plus la patrie mais ses enfants. de l'individualisation de la société… Il en va de même pour les méchants, on joue sur l'ambivalence. Ceux sont des ex-gentils donc on ne leur en veut pas trop. de fait, on est encore plus effrayé par les pouvoirs des nanotechnologies. Les imaginer proches du héros trouble le lecteur. Bigre ! Mais sa propre épouse le trahit avec son meilleur ami ! Schéma classique du ménage à trois. Il faut aussi inclure quelques petits futés, Charley et Bobby, qui ont de bonnes idées et sont courageux. Mais ils ont un trait de caractère qui les empêche d'aller au bout de l'aventure (colère, désinvolture, etc.). Les petits futés connaissent toujours une mort atroce qui nous les fait regretter. Et n'oublions pas le trouillard, ici l'ingénieur qui se fait tuer rapidement. Vous ne l'avez pas remarqué, dans les oeuvres à suspense, il s'en trouve toujours un pour délirer parce qu'il meurt de trouille ! du coup, tout le monde est calmé, surtout les petits futés, pour la suite des événements. le héros a toujours un acolyte. Depuis les revendications féministes des années 70, en général, c'est une fille. Et puis c'est tellement sexy ! Evidemment, belle, intelligente, très futée mais pas téméraire puisqu'elle doit rester en vie pour embrasser le héros à la fin. Elle peut aussi ne pas l'embrasser, ce qui plonge le lecteur dans des abîmes de perplexité : s'aimeront-ils un jour ? le méchant qui se respecte a aussi un acolyte, toujours sombre et inquiétant. Ici, Vince, orphelin qui a regardé sa mère pourrir sous ses yeux. Un peu de psychanalyse ne fait jamais de mal !! Et les thrillers récents, livres ou films, font apparaître des enfants. Les impliquer dans l'histoire lui donne une dimension dramatique. C'est le fatum du théâtre grec. Si ceux qui représentent notre avenir sont atteints par une menace ultra dangereuse, alors c'est le chaos. Et le héros peut agir. Enfin, éventuellement, quelques lignes sont consacrées à la femme du méchant, souvent jolie et désespérée. Mais comment en est-il arrivé là, se lamente-t-elle ?!
Pourtant, l'auteur de la proie s'est documenté de manière vraiment précise sur son sujet et ses descriptions sont pointues. A mon avis, la phase documentation doit représenter une (trop ?) grosse partie de son travail. En bref, Crichton use (et abuse, à mon sens) de tous les poncifs de plusieurs genres romanesques. Je l'imagine très pragmatique, mettant ensemble un certain nombre d'ingrédients et touillant jusqu'à ce que la mayonnaise monte. Il a un don pour ça, vu le nombre de best-sellers à son actif ! Mais il ne me fera pas pour autant aimer la SF. J'avais cru apprécier le genre en voyant Matrix (le premier, s'entend) qui m'avait vraiment plu mais, à la réflexion, je me demande si c'est Matrix ou son héros que j'avais aimé !?!
Lien : http://liber-libri.blogspot...
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}