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Critique de Pagnotta


Le Drogman de Bornéo

Un titre tordu, voire guilloché pour un thriller anthropologique transfusé d'aventure, et empoisonné par la fatalité du destin.

De ce roman au nom barbare, j'attendais des pages fines genre papier à cigarettes, et repassées au fer à vapeur. Loin d'être un jus de crane, c'est un jus de couilles, de sang et d'excellente éducation. L'impression que laisse ce texte est un tatouage au fer rouge. On, moi, vous, le lecteur se croit au Collège de France et au plus laid de la jungle malaise simultanément. Malgré cette première contradiction, la rage de tourner les pages s'installe, et l'inquiétude persiste pour la sauvegarde de ce Roboly, un héros à la braguette attendrissante et au courage de hussard. Quand à son héroïne, Lulong, elle est une rare, plausible et émouvante anti-Barbie ; pas de la littérature.
Bref, il y a des chapitres qui surprennent, d'autres fascinent, et certains mordent au visage en toute politesse. Crosoon possède l'art de décocher des surprises, et cet art martial est associé au rythme symphonique de son écriture faussement simple. Napoléon, fin administrateur, appelait ce type d'homme un carré. Il aimait cette humanité géométrique aussi haute que profonde, dotée d'autant de largeur que d'épaisseur. En fait, après avoir mesuré scientifiquement le crane de l'auteur, on peut affirmer que Crosoon est un cube. La complexité de la structure du roman s'allie à la richesse de sa culture anthropologiques et de son instinct de mec.

Fresque historique du Sarawak qui ne s'entiche pas d'académisme, le roman offre du neuf aussi furtivement qu'une fléchette de sarbacane. On s'enrichit distraitement de la vision abjecte du Musée de l'Homme, et on s'indigne des trafics inhumains du 19ème siècle.

Bien. le Drogman de Bornéo m'a enchanté, en partie ensorcelé et au final, intoxiqué par ses mots empoisonnés de beauté. Tant bien que mal, on souffre. Mais nul ne désire qu'un Dayak coupe la tête de l'auteur pour en tirer un trophée. Que sa punition soit d'écrire un nouveau jus de couilles, de sang et d'excellente éducation, et ce roman pourrait s'intituler Drogman Crooson.






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