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Critique de Le_chien_critique


"Le pire n'est jamais sûr, même s'il est hélas souvent probable."
Jean Quatremer dans la préface

Je ne reviendrai pas sur le fond des trois romans, qui ont fait l'objet d'une critique individuelle que vous pouvez retrouver sur les fiches de chaque livre.

L'Europe après la pluie est une réédition de trois romans de Philippe Curval parus entre 1976 et 1983. le tout est préfacé par Jean Quatremer, correspondant auprès de l'Union européenne de Libération. Ce dernier fait le parallèle entre l'Europe imaginée par Philippe Curval et celle d'aujoud'hui.

"Il n'a fallu que quelques mois pour qu'une Europe affolée jette par-dessus bord ses valeurs les plus fondamentales, celles qui ont fondé le projet communautaire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : droit d'asile, libre circulation, protection des minorités. Même des gouvernements de gauche ont adopté une rhétorique xénophobe, voire raciste, que l'on croyait réservée à l'extrême droite. Plusieurs centaines de milliers de migrants et de réfugiés ont suffi pour que les peurs primitives face aux « grandes invasions » bouleversent le Vieux Continent et fassent resurgir les pulsions qui l'ont mené à sa perte dans les années 30."

L'ordre de parution des romans a été respecté, même si il faudrait commencer par le dormeur s'éveillera t-il ?, puis En souvenir du futur et terminer par Cette chère humanité. Cette ordre n'est pas arbitraire : Cette chère humanité nous présente ce Marcom (Marché commun) replié sur soi, xénophobe. Une vision glaçante d'un possible futur en partie devenu réelle. Les deux autres romans nous montrent comment ce Marcom est né. le premier roman étant dur, les lecteurs sont invités et ont envie d'en savoir plus sur le comment en sommes nous arrivé là.

Il est amusant d'apprendre comment ce volume s'est construit. Après l'intention des éditions de la Volte d'éditer cet omnibus, c'est l'auteur lui même qui a numérisé ses anciens romans (ce qui a du être un sacré travail) et en a profiter pour leur offrir une petite cure de jouvence.

Philippe Curval nous parle d'Europe politique, sujet assez rare dans la littérature de l'imaginaire. Lorsqu'il écrit le premier roman, l'union européenne est juste une ébauche, mais l'auteur y décèle déjà les idéologies en cours : l'isolement, les relations Nord/Sud, le rejet de l'immigration hors européenne, la montée des extrémismes et le délitement du lien social. Trois romans politiques durs et sombres, d'une extrême violence sociale. Un foisonnement d'idées enrobées d'anticipation, de "voyage dans le temps" et de surnaturel.

Le sujet, l'approche psychanalytique et surréaliste, une démonstration qui prend parfois le pas sur l'intrigue, n'en feront pas le bestseller de l'année, saluons donc cette réédition à un prix modique par La Volte, le tout sans DRM.

Ce volume se termine par deux nouvelles inédites :

L'homme immobile : Nous sommes dans la peu de Julien Boissard qui a été condamné à la déchéance de citoyenneté du Marcom et incarcéré dans une unité carcérale de bienfaisance suite à l'achat d'une boite de sardine prohibée. Au vue du résumé, on pourrait croire à du burlesque, il n'en ai rien. Glaçant. En peu de pages, l'auteur nous dresse un portrait d'une ville européenne dans ce Marcom sécuritaire.

Bruit de fond : Les pays en voie de développement sont en guerre contre le Marcom. Un super éclaireur déshumanisé s'infiltre dans les villes occupées. Ses certitudes inculquées vont vaciller...
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