Cette histoire de famille est on ne peut plus glauque, entre inceste, rapports familiaux désastreux, maladie mentale. Et pourtant on est jamais dans le fait divers. C'est une tragédie grecque. L'auteur a su transposer au monde rural les grands thèmes qui traversent la littérature
depuis toujours.
Et c'est surtout un texte qui se dit à voix haute. Il y a un rythme, des voix, une scansion. En le lisant, je pensais à
Mathias et la révolution de
Leslie Kaplan, qui prend, lui aussi, tout son sens quand on l'entend.
Je voulais souligner aussi la justesse des mots choisis. Je viens de ce milieu paysan, et je suis souvent gêner par
les mots mis dans la bouche des ruraux. Soient totalement caricaturaux, soient bien trop soutenus, et dans les deux cas j'ai le sentiment que l'auteur n'a jamais quitté la ville. Là, c'est très vrai, et c'est ce qui participe à la force du texte. Une tragédie grecque sans l'emballage dorée.
Et puis il y a un côté roman noir, mais sans le décor urbain qui est souvent celui du genre. La situation de départ est celle d'un roman policier : la mère est morte, le père est énucléé et émasculé. Mais très vite le côté sociétal du roman noir prend le dessus, et ce n'est pas tant l'assassin que l'on cherche, qu'à comprendre la place de cette famille dans le village, son histoire tragique et complexe.
Commenter  J’apprécie         40