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Critique de carolitne


« Ça raconte l'histoire d'une fille qui n'est pas vraiment une fille, qui n'est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. Quoi d'autre ? »

Ça raconte Fatima.
Elle qui porte le prénom sacré d'un personnage symbolique quand elle se définit comme une pécheresse.
Un prénom, c'est « un mot pour désigner une personne de façon unique. » Alors elle le martèle durant tout le roman.
Car elle est unique, Fatima.

Elle se dévoile par fragments.
Son nom, son adresse, sa maladie, sa religion, son sexe, sa famille….
Des fragments d'elle qu'elle scande avec son nom en début de chaque chapitre. Des pans s'identité qui se succèdent, se superposent, se complètent ou s'annihilent.
Car elle est multiple, Fatima.

Elle est unique et elle est multiple ;
chaque fragment d'elle n'ayant de sens que s'il est en relation avec une totalité ; invisible, comme absente, et pourtant indispensable.⠀Comme l'a théorisé Roland Barthes.

Comme Roland Barthes, Fatima questionne les mots.
Elle énumère les synonymes, car, comme elle, ils ont plusieurs définitions.
Elle analyse leurs fonctions, car comme elle ils sont polysémiques.
Elle en dévoile les antonymes aussi, car elle se définit souvent par la négation. A nouveau, une opposition pour légitimer la globalité.
Elle est ce qu'elle est car elle n'est pas ceci. Ou cela.

Elle est Fatima. Elle est.
Car le mot donne une existence. le signifiant ne peut exister sans signifié. Comme Fatima n'arrive à se définir que par rapport aux autres, dans un rapport d'inconstance.⠀Alors elle les répète. Encore et encore.
Pour se convaincre de sa richesse. Pour accepter son identité.

Les mots, elle les entend. Ceux de son père, de sa mère. Ceux qu'elle redoute. Ceux qu'elle attend. Ceux qui envahissent. Ceux qu'ils prononcent. Surtout ce qu'ils ne prononcent pas.
Les mots, elle les écrit.⠀Les compose, les associe, les manipule avec force dans un texte puissant.
Des mots pour faire le deuil, de ce qu'elle n'est pas, de ce qu'elle est.
Des mots pour accepter ce qu'elle est, ce qu'elle n'est pas.
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