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Critique de Cyrlight


Plus de deux ans se sont écoulés depuis qu'Ophélie a quitté le Pôle. Elle demeure sans nouvelles de Thorn dans ce troisième tome de la Passe-miroir, et les Doyennes d'Anima l'empêchent de se lancer à sa recherche. C'est sans compter sur Archibald, aussi imprévisible que de coutume, qui fait brusquement irruption sur son Arche.

Vous prenez le pire des Fiancés de l'hiver, le pire des Disparus du Clairedelune, et vous obtiendrez La mémoire de Babel. Accrochez-vous pendant que je retrousse mes manches, ça va être un CAR-NA-GE.

On commence avec le retour des répétitions et des métaphores douteuses. Thorn est toujours aussi grand, bien sûr, mais la nouvelle marotte de Christelle Dabos, ce sont les « coups de lunettes » jetés par Ophélie. Oui, parce que les yeux, c'est surfait.

Viennent ensuite les pouvoirs. Dans ma première chronique, j'avais émis le souhait que la protagoniste traverse davantage de miroirs (c'est quand même le titre de l'oeuvre), mais je n'avais pas réitéré cette remarque pour le second tome, convaincue, à la vue du dénouement, que cette faculté allait enfin prendre de l'ampleur. Eh bien, c'est raté ! C'est même pire que raté, puisque notre bien-aimée (ou pas) Ophélie se confond tellement avec sa fausse identité qu'elle n'est plus certaine d'être en mesure d'utiliser son don. Bah tiens, on ne nous avait pas déjà fait le coup dans Les disparus du Clairedelune…

Et je pourrais en dire autant de ses autres talents. Elle a hérité des griffes de Thorn, mais elle est évidemment inapte à s'en servir quand / comment il le faudrait. Quant à la mémoire… Elle, en revanche, elle a tendance à s'activer pile au moment opportun. Si opportun, en fait, qu'elle tient surtout du deus ex machina. (Deus, Dieu, ah ah, elle est bonne !)

À côté, on a… Pas grand-chose, je le crains. C'est long. Plus long que jamais. le volume précédent m'avait paru plus supportable que Les fiancés de l'hiver parce que j'avais réussi à m'attacher à Thorn, sauf que Thorn, il faut attendre le milieu du livre pour le retrouver… et assister à un magistral retour à la case départ en ce qui concerne sa relation avec Ophélie. À l'image de l'intrigue, ça stagne, ça stagne, jusqu'au bond final qui, lui, survient beaucoup trop vite, au regard (ou aux lunettes) du tempérament des deux énergumènes. Un cap de cette importance aurait mérité d'être mieux amené. M'enfin, dans cette saga, ça m'a l'air d'être tout ou rien (et plus souvent rien que tout).

Les personnages secondaires sont toujours TROP secondaires. Octavio tire un peu son épingle du jeu, mais les autres… J'ai l'impression que la majeure partie d'entre eux (et pas seulement dans La mémoire de Babel) n'existent que pour martyriser cette pôôôvre Ophélie. Et comme je suis incapable d'éprouver la moindre compassion pour elle, c'est lourd et redondant.

Car oui, Ophélie reste mon principal point noir (ce n'est pas un point, d'ailleurs, c'est un trou, à ce stade). J'ai l'impression que Christelle Dabos ne sait pas / n'arrive pas à l'écrire. Qu'elle l'a créée avec beaucoup trop de défauts, des défauts qu'elle tend de plus en plus à jeter aux oubliettes dès lors que ça l'arrange. On oscille par exemple entre une Ophélie peu sûre d'elle, assez mal dans sa peau, et cette même Ophélie qui nous lâche avec conviction des « Je vais devenir avant-coureuse ! » Euh… Où ? Quand ? Comment ?

Surtout comment, en fait. Parce qu'on sait qu'elle progresse, mais on ne la voit pas vraiment fournir d'efforts tangibles. C'est le souci à mon sens : elle n'a pas de réelle évolution. Elle est seulement ce que l'auteur a besoin qu'elle soit à l'instant T. Et encore… Elle a bien quelques éclats de génie, mais la plupart des solutions / réponses lui tombent littéralement du ciel. Au-delà des réminiscences providentielles que j'évoquais plus haut, où en serait-elle sans Hélène ? Sans Octavio ? Nulle part. Même LE miroir doit venir à elle, puisqu'elle n'en franchit aucun. Je pourrais concéder que c'est logique, vu qu'il n'y en a pas sur Babel… sauf, là encore, piiile quand c'est nécessaire.

Voilà pour les problèmes récurrents. Passons maintenant à ceux inhérents à ce tome. Qu'est-ce qui ne va pas ? Je serais tentée de répondre TOUT ! Encore que, j'ai préféré Babel au Pôle, et j'ai apprécié Octavio, ainsi que les apartés avec Victoire, mais c'est trop peu pour nuancer mon avis.

Je notais précédemment que la dimension théologique de l'oeuvre ne m'avait pas convaincue, sans me douter de combien j'étais dans l'erreur. En effet, de théologie, il n'y en a nulle goutte. Je ne vais pas vous spoiler les révélations majeures, mais disons qu'elles m'ont désagréablement rappelé la duologie La dernière licorne (Marc Séassau), qui figure rien moins que dans mon top 5 des livres les plus mauvais / mal fichus qu'il m'ait été donné de lire. Cette comparaison peu flatteuse n'a en rien arrangé mon ressenti vis-à-vis de la saga, et encore moins d'Ophélie, que je ne peux désormais m'empêcher de voir comme un double self-insert maladroit. Très maladroit.

Je vais terminer La Passe-miroir (ce serait quand même… triste de capituler à un volume de la fin), mais plus je tourne les pages, moins je m'explique l'engouement autour d'une histoire qui repose essentiellement à mes yeux sur du TGCM. Ou, en l'occurrence, TGCDieu.
Lien : https://leslecturesdecyrligh..
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