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Critique de oran


Ulrich est un adolescent qui habite Ruhrort dans la banlieue de Duisbourg, grande ville industrielle de la région de la Ruhr dans l'Allemagne de l'Ouest.
Il vit seul avec sa mère Irmgard Ruden. Dans ces années 1930, le nazisme progresse.
L'adolescent va assister, atterré à une scène dramatique : les animaux appartenant à des familles juives sont embarqués sans ménagement dans un camion et vont ensuite être massacrés. Lui aussi ne va pas tarder à devenir la proie des nazis. C'est parce qu'il est métis, né d'un père soudanais, qui est venu en tant que soldat en Allemagne avec les troupes françaises d'occupation chargées de veiller à l'application du Traité de Versailles. Ulrich ne connaitra jamais son géniteur reparti, quelques mois avant sa naissance au début de 1922.
Sa mère lui a donné le prénom du grand- père mort pendant la Grande guerre. Mais le jeune homme porte aussi le prénom de son oncle paternel Galadio.
Bientôt la police le recherche, il parvient à échapper à ceux qui le traque, il se réfugie quelque temps dans une famille juive les Baschinger, mais il finit par être arrêté.
Comme Ulrich, Ils sont des centaines de jeunes métis, à incarner ce qu'Hitler et les nationalistes dénoncent comme étant la « honte noire », ils ne doivent pas polluer la race aryenne : il est conduit à l'hôpital pour y être stérilisé en vertu d'une loi de 1933 qui rend l'acte obligatoire pour les personnes considérées par le régime nazi comme malades ou déviantes (400 000 personnes environ furent victime de cette loi). Mais il échappe à cette opération grâce à une amie de sa mère.
A la sortie de l'hôpital il va être engagé comme figurant dans un film, puis dans d'autres, le cinéma allemand servant la propagande nazie. Il tient le rôle de jeune « nègre » Il devient alors véritablement « Galadio ».
Il va avoir la chance de partir tourner au coeur même de l'Afrique.
La guerre éclate et Galadio reste en Afrique. Il n'a qu'une idée en tête, retrouver son père au Soudan. Au verso de la seule photographie détenue par sa mère qui représente son père dans l'uniforme des tirailleurs sénégalais, figurait l'adresse du petit village de la famille paternelle.
Après un long périple à travers l'Afrique de l'ouest, il parvient à Sinéré et rencontre son oncle, mais ne verra jamais son père fait prisonnier par les Allemands, celui-ci a été massacré par eux près de Lyon en 1940. Galadio gagne le Sénégal et s'engage dans les Forces Françaises Libres. Il va, ainsi, participer au débarquement de Provence.
La guerre finie il rentre dans son pays, l'Allemagne.
Là, il va apprendre que sa mère arrêtée pour conduite antinationale a été transférée à Dachau où elle est morte.
La famille juive qui l'avait recueillie a été aussi déportée à Auschwitz, tous sont morts, sauf peut-être leur fille Déborah que Galadio aime. Reviendra-t-elle un jour ? c'est avec cette note d'espoir que s'achève ce roman.

L'intérêt de ce roman
Didier Daeninckx s'appuie sur une documentation très fouillée pour raconter des faits réels relativement peu connus de l'histoire du vingtième siècle. Il révèle ici le sort terrible réservé aux Allemands métis dans un pays gagné par les idées xénophobes du nazisme. J'ai aussi appris comment « disparaissaient » les animaux de compagnie détenus par les familles juives… (cela m'a valu un sacré cauchemar !)
C'est un roman d'apprentissage. de sa ville natale Duisbourg en passant par les studios de cinéma de Babelsberg (Le cinéma est une industrie au service de la propagande nazie qui entretient le préjugé racial accusant les soldats africains d'être des violeurs de femmes allemandes), en découvrant l'Afrique (Guinée, Sénégal, Soudan…) , Ulrich devient un homme et découvre leur vraie nature, celle des bons comme des mauvais.
Même si les faits sont romancés, le livre regorge d'informations minutieusement collectées, précises : le cinéma allemand de l'époque, avec ses acteurs, la vie qu'on mène dans les colonies en Afrique dans ces année-là, les crimes perpétrés par le régime hitlérien …
On découvre d'autres formes de racisme, on fait le parallèle avec les pratiques de l'esclavage décrites et dénoncées par les philosophes du XVIII et celles exposées dans ce roman.
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