AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RosenDero


Salut Kilyan/Killian/Killyan/Kyliane, Enzo, Lilou/Leelou/Lylou, Sara/Sarra/Sarah.

Saviez-vous qu'avant d'être un film avec Johnny Depp, Charlie et la chocolaterie est surtout un livre ? Non ? Listen to me, vous allez sachoir, et vous pourrez alors dire “Nous sachons”.

C'est l'histoire de Charlie, un p'tit môme d'une dizaine d'années, comme vous, là.
Il a la chance d'avoir une famille qui l'aime, un père, une mère et quatre grand-parents. Et même si ça doit sentir le fauve tous ces vieux qui ne se lavent jamais et ne sortent jamais de leur lit, ils ont des courants d'air pour évacuer l'odeur. Ouais, parce que côté isolation, chez Charlie ça respecte pas la RT2012. Chez Charlie et compagnie ils ont pas de thune, alors leur baraque c'est plus un gruyère qu'un studio en écoquartier.
Sa famille et lui, ils sont tellement à la dèche qu'ils sont obligés de bouffer du chou TOUS LES JOURS !
Charlie il a pas de Nutella ou de Coca au p'tit dèj, lui. Quand il a faim le mercredi midi il va pas au McDo prendre un Happy Meal, non, il crève grave la dalle !
Au moins il est pas gras, tu m'diras. Il va pas nous faire péter le trou d'la sécu en pilules pour le coeur (toute façon ça s'passe aux USA, donc on s'en fout car là-bas d'abord les pauvres ils crèvent d'autre chose, puis y'a pas la sécu ! Malinx le Lynx !).
En plus de tout, le PIRE, tu vas voir, c'est que Charlie, comme ses parents ils ont peau d'balle vu que son père il bosse à l'usine à visser des capuchons de tube de dentifrice (je te rappelle qu'il vit aux USA, y'a pas de chômage, de RSA ou de prime de rentrée, hein) et que sa mère elle coupe du chou et torche ses anciens toutes la journée pour gratis (tu la vois la place de la femme, dans la family tradi, là ?), bah à son anniv', le p'tit Charlie il a PAS DE CADEAU !
Il aura jamais la piste de Beyblade comme toi, la Switch ou la doudoune Fila trop classe. Non, lui, tu vas rire, on lui offre UN BÂTON DE CHOCOLAT !
Miskine ! Un bâton de chocolat.
Genre à ton anniversaire t'aurais juste UN Twix ! Même pas les deux, non, juste le Twix gauche, ou le Twix droit, suspense...
Les jouets ? Wallou ! Peau d'zob !
Ses darons ils sont là, genre “Joyeux anniversaire Charlie, voilà, bon appétit mon chéri”. Toi tu dirais “tu t'fous d'ma gueule, m'man ?” bah lui, non. Il dit “merci” et il en propose même un bout à tout le monde tellement il est gentil ! (Ouais, tu peux te sentir comme une merde, c'est un peu le but de mon laïus, là. Quoi ? C'est quoi un “Laïus” ? Google est ton ami, non ? Bah demande-lui !).
Mais bon, comme ses darons ils sont gentils aussi (“les chiens font pas des chats”, c'est une expression française), ils refusent de lui bouffer un bout de son “cadeau” et Charlie se garde son choco-minus qu'il fait même durer UN MOIS. Fais pas genre, toi tu l'aurais jeté au bout d'une heure en disant qu'il était périmé, je le sais (et non, il le partage pas ! Non, ça c'est dans le film ! D'ailleurs il a jamais fabriqué de chocolaterie en Lego Eco+, aussi. Dans le livre il le bouffe solo, et il joue pas. Fait gaffe si la prof de français te pose la question, te laisse pas niquer ! C'est des bâtards les gars du ciné ils ont modifié le livre et ils ont même pas prévenu ! Tu vas voir, je vais essayer de te dire quand y'a des différences, mais après tu peux aussi te sortir les doigts et le lire, hein !).

Bref, Charlie il a pas la vie facile.
Il peut même pas jouer à Fortnite. Il a pas Netflix. Il peut même pas regarder Twitch ou les Stream de Squeezie. Il a même pas la télé. Et personne peut faire une partage de co avec lui, toute façon il a pas de portable...
La loose internationale. Toi t'aurais tenté de te petit-suicider, mais lui, non. Charlie il reste OP-TI-MISTE.
Bon, on sait pas trop ce qu'il fout de ses journées, mais va pas croire qu'il zone, qu'il pète des trucs pour se marrer, ou qu'il vend du matos ou quoi, non, il reste zen, bien sage, il fait des bisous à ses grand-parents (bah ouais, il a compris que les gens c'est plus important que les objets, en fait. Toi tu t'en rendras pas compte tout de suite, ça attendra que tu te retrouves solo sans voir tes gosses dans quinze-vingt ans, mais on n'en est pas là) et il va à l'école même quand il neige, qu'il a froid, qu'il a pas assez mangé ou qu'il a pas envie. Bref, Charlie c'est un peu une victime de la vie, de la société, et c'est trop pas juste, c'est clair.

Mais attends un peu avant d'appeler le 119, parce que le Roald Dahl, là, le mec qui a écrit le livre en 1965 (on dit “auteur”, hein), bah il a tout prévu ! Et Charlie qui est si sage et bien élevé, ben il va être récompensé par le destin ! Oui, bon, c'est un livre, on peut toujours rêver. Pleure pas, Jean-Kevin, toi aussi tu seras président de la République, comme tous tes merveilleux petits camarades ;)

Donc un jour, vient LE Twist : alors que c'est encore pire que pire, que sa famille commence à crever de faim, Charlie trouve UN dollar dans le caniveau (pour simplifier on va dire que ça fait un euro, même pas une baguette de pain, même pas une petite frite), et là Charlie il est en transe car il va pouvoir s'acheter à bouffer avec ! C'est le sauveur de la famille ! Et il a même pas arraché une petite vieille pour ça, non, il l'a trouvé par terre !
Alors bon, un peu égoïste quand même (mais j'pense qu'il a dû se flageller après, y'a pas moyen autrement) il décide de dépenser un peu de ce pèze pour une barre de choc. Et même qu'il aura encore de la monnaie à ramener à sa reum, parce qu'avec son dollar il peut acheter plein de manger (remarque, dans le film l'inflation est passée par là, il trouve 10 dollars), et si y'a pas de Haribo ou de KFC, y'a du chocolat Wonka ! Et ça c'est la classe, parce que Willie Wonka c'est le maître du sucre, le magicien de la bouffe qui fait grossir, la Majesté des maladies cardio-vasculaires (demande à la prof de SVT), bref, c'est le plus grand chocolatier du Monde, et en plus son usine (qui pollue un max, mais c'est pas grave parce que c'est les pauvres qui habitent à côté) elle est dans la ville de Charlie (d'ailleurs il la voit par le trou dans le mur qui lui sert de fenêtre…) !
Donc Charlie s'achète son chocolat, il en prend même un deuxième et la PAF, la chance de ouf, il trouve un “Ticket d'or” ! Il a gagné le concours organisé par le Community Manager de Wonka, il va pouvoir visiter l'usine (non, non, ça le fait pas iech, il est content. Toi ça t'aurait fait chier de visiter une usine, c'est clair) et surtout, il va avoir des bonbons gratuits pour toute la vie ! (Oh, au passage, oublie le coup du dentiste. Wonka-Saroumane-Dracula il existe que dans le film, pas dans le livre !)
Il rentre à la maison trop happy, il réveille les vieux, il gueule bien fort, et tout le monde est content (sauf son père qui en a à peu près rien à battre et qui va même pas vouloir l'accompagner dans sa visite) surtout son grand-père, qui va l'accompagner.

Attention, Charlie est pas le seul gagnant. Avec lui, y'a 4 gamins, et on va découvrir que c'est des p'tites merdes, chacun dans son style.

Là fait gaffe, car si tu te reconnais dans un de ces déchets de l'éducation moderne, ça veut dire que t'es pas un bon gosse mais une crasse mal élevée et que tu vas finir mal (genre homme politique, banquier, pilier de PMU, chasseur ou pire wedding planer).
On va faire vite car ces petites pourritures ne méritent pas plus : en numéro un, Augustus Gloop, une boule graisse qui ne pense qu'à s'empiffrer et se remplir l'estomac de trucs gras ou sucrés. Lui, pas de doute, quand il pisse il voit pas sa Knacki. Ensuite, y'a Veruca Salt, elle c'est une grosse peste pourrie gâtée. Dès qu'elle fait un caprice, ses parents lâchent pour avoir la paix. Si à l'époque y'avait eu des portables, Veruca elle aurait l'iphone 11pro max (bon là elle a des poneys, des trucs de bourges, c'est pareil ; d'ailleurs, pour tout te dire, elle va même vouloir que son père lui achète un Oompa-Loompa, mais là j'anticipe un peu). Après, vient Violette Beauregard, la mâcheuse de chewing-gum malpolie, vulgaire, vulgaire, vulgaire. Enfin, t'as Mike Teevee, le barjo nourri à la TV (TV, Teevee, tivi, bref, t'as compris si t'es pas trop nul en anglais) qui passe son temps à regarder des vidéo trash et à gueuler quand il a pas sa dose d'écran.
Bon, t'as dû le comprendre toi-même, mais ces quatre rejetons pervertis sont la personnification (hou, attention le mot compliqué… en fait, non) de travers de notre belle société moderne.
Augustus, c'est une critique de la malbouffe, de la mauvaise éducation (alimentaire) et de la surconsommation. Veruca, c'est une critique de la mauvaise éducation, de la surconsommation et du matérialisme / capitalisme. Violette, c'est une critique de la mauvaise éducation, de l'idiocratie et du déclin de certaines valeurs. Mike, c'est une critique de la mauvaise éducation, de la surexposition aux écrans et de la violence.
Je suis sûr que tu te retrouves un peu dans chaque, quand tu prends ton petit dèj de Kellogs devant un écran, que tu débarasses pas la table et que tu râles si y'a plus de lait ou plus de batterie. Avoue ! C'est pas ta faute, rassure-toi ;)

Bref, voilà avec quels merdeux Charlie va visiter la fabrique et entrer en compèt. Et comme tu t'en doutes - je vais pas tout te spoiler - mais c'est lui qui sera le seul survivant à la fin de la Wonka's Chocolate Battle Royale. Et sans ken personne dans le dos en plus. Tranquille, avec son papy, Charlie il va tous les enterrer ces sales mioches.

Et pour faire bref, les valeurs de notre mignon petit Charlie vont l'emporter sur la crasse des vermines bouffies d'orgueil, de sucre ou de lumière bleue.

Bon après je t'avoue que y'a pas que des trucs ultra positifs dans le bouquin...
Y'a pas que de la bonne morale politiquement correcte du 21e siècle, hipster-bobo ou éco-friendly. Entre place des femmes et problèmes raciaux, on voit que ça a été écrit y'a quelques année. Pour rappel : 1965 ! Tes parents étaient même pas nés... (ou alors t'es le gosse de Céline et René).
T'as qu'à voir les Oompa Loompa, là, les p'tits gars qui bossent chez Wonka. J'en ai parlé tout à l'heure avec Veruca. Dans le film c'est des clones de Deep Roy qui chantent à tue-tête dans leurs combi SM de daltonien. Bon, et je te rappelle aussi que dans le film la seule “femme” Oompa-Loompa est secrétaire (si c'est pas du beau sexisme, ça aussi). Mais là on parle du livre, t'as raison. Bah, c'est pire, en fait.
Si tu creuses un peu, voire si t'es carrément complotiste ou paranoïaque, tu pourras voir dans les Oompa Loompa des esclaves modernes... Et si t'es pas trop con, tu feras le rapprochement entre leur origine étrangère (Wonka dit carrément qu'il les a “importés directement d'Afrique, dans des caisses avec des trous d'aération”... hum hum, c'est pas trop “touche pas à mon pote”, ça hein), leur mode de vie brousse-style (avec pagnes et peaux de bêtes, crevant la dalle avant que l'homme blanc ne vienne les sauver), leur couleur de peau (celle du chocolat, tiens, tiens), le fait qu'ils ne soient payés qu'en “fèves de cacao” et qu'ils ne puissent pas sortir de l'usine (sinon “ils mourraient de froid”...). Il n'y a qu'un pas que la Licra n'a pas encore franchi, mais que d'autres auront peut-être fait. Check that.

Mais reste tranquille, ne vas pas boycotter le livre en argumentant que c'est raciste et que tu veux pas lire ça. Me fait pas dire ce que j'ai pas dit. C'était juste une remise en contexte qui me semblait nécessaire.

Donc maintenant les kids, si vous avez retenu que Charlie et la Chocolaterie c'est un pamphlet (rooh, v'la un autre mot de grand, dis-donc) contre la mauvaise éducation et surtout, surtout, surtout, contre la TV, vous aurez pas perdu votre temps.

D'ailleurs, si vous voulez un conseil, faites le lire à vos parents, entre deux snap, avant un apéro ou à la mi-temps. P't-être qu'ils vous appelleront Mike ou Veruca après ça ;)

Allez, je vais balancer un dernier tip gratos : dans le film ils ont conservé les chansons des esclaves oompa-loompiens (surtout celle sur Augustus Gloop, là, qui reste bien dans la tête pendant des semaines). Mais il y en a une qu'ils ont supprimé, les bâtards, et une d'importance en plus ! Une qui exprime que les écrans te bousillent le cerveau...

Forcément, c'était pas trop raccord de faire un film sur un livre qui dit, entre autres, que les écrans abrutissent les masses…

Mais maintenant, vous sachez ! ;)

Merci qui ?
Commenter  J’apprécie          5725



Ont apprécié cette critique (47)voir plus




{* *}