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Critique de Pois0n


Aaaah, le paradoxe d'avoir surkiffé un livre tout en sachant qu'il est problématique par certains aspects...
Moins d'une semaine après que le très bon « Qui êtes-vous, Melinda ? » ait décroché le titre de ma meilleure lecture de ce premier trimestre, le voilà déjà détrôné par l'excellent « Les survivants du Nevada ». Comme l'indique le titre, l'histoire met avant tout l'accent sur la survie : suite à un crash aérien, Lea et Reilly se retrouvent isolés en plein désert. Sachant que l'orage les avait éloignés de l'itinéraire affiché sur leur plan de vol, l'arrivée de secours est incertaine. Cerise sur le gâteau, Lea a été blessée durant l'accident...

Eh bien, ça faisait longtemps que je n'avais pas dévoré un bouquin comme ça ! Tout y est : les emm... puissance 12, les esprits qui s'échauffent, les complications... mais aussi l'alchimie de plus en plus palpable entre les personnages.

Si le premier chapitre peut paraître longuet, Janet Dailey nous immerge rapidement dans une scène de crash haletante (voilà qui ne va pas arranger ma peur de l'avion) ! Et le côté dramatique est bien présent... Impossible d'en dire plus, mais l'ambiance est pesante. Oubliez les petits problèmes de riches héritières ou les romances rurales tranquilles, vu le ton du récit, si « Les survivants du Nevada » devait sortir aujourd'hui, ce serait très probablement dans l'une des collections romantic suspense de l'éditeur. Car si les personnages ont survécu, encore va-t-il falloir que ça dure, et ça n'est franchement pas gagné...

... en partie à cause de Lea. Autant le dire tout net : la jeune héroïne risque d'en agacer plus d'un tant elle a tendance à se montrer insupportable. Ceci dit, peut-on vraiment reprocher à une jeune citadine de vingt-deux ans, blessée, paumée en milieu hostile aux côtés d'un parfait inconnu, d'avoir les nerfs à vif et un instinct de survie frôlant le néant absolu ? Ceci dit, entre ses accès de colère parfois injustifiés et des décisions réellement stupides, on ne peut pas toujours tout lui pardonner. Reilly non plus, tant sa patience est mise à rude épreuve !
Lui, de son côté, a heureusement un cerveau en état de marche, mais n'est pas MacGyver pour autant : à part allumer un feu et faire preuve de bon sens, ses notions en matière de survie ne sont pas si poussées que ça et le mec est plus en mode « damage control » qu'autre chose.

Autant dire que c'est souvent *tendu* entre eux, et pas à cause de l'attirance qui se tisse progressivement. de ce côté-là, pour un truc écrit dans les années 70, chapeau bas : même s'il ne se passe rien de concret, entre Lea en surchauffe et Reilly qui tente tant bien que mal de garder la tête froide pour deux, on a droit à plusieurs moments sacrément sexy. Clairement, l'attraction et la difficulté à y résister (parce que c'est pas trop le moment de faire nawak...) est merveilleusement bien retranscrite.

Et après avoir pris le temps de poser les bases de son histoire, Janet Dailey fait de même avec sa conclusion. L'histoire ne s'arrête pas avec la fin de l'épreuve... de ce côté-là, il faut admettre que la résolution de la romance semble précipitée, à côté du reste de l'épilogue beaucoup plus posé. Mais bon, non seulement le truc ne fait que 156 pages et offre une histoire rythmée d'un bout à l'autre, mais ça n'est pas comme si l'on n'en avait pas largement l'habitude dans la collection.

Maintenant, outre le caractère de Lea qui pourra vraiment rebuter, il faut mentionner autre chose : le côté problématique évoqué en début de critique. Sachant que le livre a été écrit par une autrice blanche pour un lectorat blanc, on se doute d'emblée que la représentation d'un personnage d'origine native *peut* ne pas être tip-top, surtout pour un livre sorti il y a plus de quarante ans. A prendre avec des pincettes, donc. Étant moi-même blanc, je ne risque pas d'être blessé par le contenu de ce livre, mais d'autres, peut-être.
Lea ramène très souvent Reilly à ses origines autochtones, quasi-exclusivement lorsqu'il est question de ses compétences en survie, et avant même de connaître son parcours. La chose est présentée comme si « allumer un feu » était une question d'ADN, en gros... La jeune fille a parfois clairement conscience de se montrer raciste, en particulier dans ses crises de colère, mais ça n'est pas toujours le cas.
Signalons également une blague récurrente autour du mot « squaw », que les concernés définissent comme une insulte raciste et sexiste ( / ). On peut donc légitimement se demander si l'un d'entre eux l'utiliserait pour plaisanter de façon légère et dans un tel contexte.
De façon générale, quand Reilly dit un truc du style « nous, les Indiens, on pense comme ça... », méfiance, car l'on ignore si le personnage exprime réellement le point de vue des concernés, ou la vision potentiellement erronée de l'autrice.
Vous l'aurez compris à travers cet exemple, la traduction française, d'époque, emploie le terme « Indiens d'Amérique », sujet à controverse et largement remplacé par « Native American », « peuples indigènes » ou « autochtones » en anglais (). Difficile de le reprocher à l'autrice/l'éditeur vu la date de sortie du livre, mais mieux vaut le savoir.
Et ça, ce n'est *que* ce que j'ai personnellement remarqué, il est donc très probable que d'autres éléments m'aient échappé.

Est-ce que ça m'a empêché de kiffer ma lecture ? Clairement, non, parce qu'on a tout de même affaire à une histoire de survie mâtinée de romance sacrément accrocheuse, bien construite, au cours de laquelle l'on ne s'ennuie pas une seconde. Est-ce que vous devez vous en méfier quand même ? A vous d'en juger. Comme toujours avec les oeuvres problématiques, il est tout à fait possible de les apprécier en connaissance de cause sans pour autant fermer les yeux sur leurs défauts ; mais ça, c'est facile à dire quand on est pas concerné.

Donc, dans un autre registre et sans crash d'avion, je terminerai cette critique en évoquant la série ownvoices Redhawk Reunion de Robin Covington en VO, pour une représentation digne de confiance (et en plus, c'est récent, donc encore dispo au format papier !).
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