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Critique de Dandine


Hay unos tipos abajo. Lu en v.o., incite par un quatuor d'amis dont j'ai apprecie les billets.

C'est tres rapide. La lecture de ce court livre, qui te prend aux tripes des les premieres pages, aie!, ce n'est pas cela que je voulais souligner (je me reprends) mais la rapidite, la soudainete avec laquelle un homme peut perdre ses moyens et devenir fou. Deux jours suffisent a Pablo, le malheureux anti-heros. Son amie vient le voir et lui lance de but en blanc: “- il y a des types en bas. – Des types? – Dans une auto. Ils y sont depuis le matin. Je suis passee trois fois sans te trouver…” Et ca suffit pour faire passer Pablo du doute a des verifications constantes a l'inquietude a la peur a la paranoia a la panique a l'affolement a une fuite cauchemardesque sans raison veritable. “Il se vit alors comme ce qu'il etait, un homme fuyant, humilie par la peur, perdu quelque part”.

Sans raison? En 1978, dans l'Argentine du general Videla, on vit dans la peur, avec ou sans raison. On vit avec la censure, les telephones sur ecoute, la correspondence livree ouverte, les patrouilles dans les rues, la disparition de personnes, les rumeurs sur les cadavres qui reapparaissent dans les plages, amenes par la maree. On vit la peur. On parle moins. On s'isole, par peur des mouchards, on soupconne voisins et amis, tous suspects parce que tout le monde est suspecte d'avance par le pouvoir, par la junte militaire. Dans cette atmosphere il suffira de deux jours a Pablo pour s'abimer visceralement dans la paranoia.

Deux jours ou justement le pays est en fete. Ou en a l'air. Videla a organise des circences a defaut de fournir du panem. La coupe du monde de foot. Avec le silence et l'aval de la communaute internationale (ce qui depuis est devenu une habitude). Et la foule oublie sa propre torture quand Kempes torture les hollandais. Buenos Aires est en fete. Tout le monde dans les rues. La meme ville ou depuis quelques annees la reunion de plus de trois personnes etait suspecte.
Pour qui cette fete? Pablo et les autres personnages qui l'entourent sont exclus de la fete. Et ils ne sont surement pas les seuls. Dal Masetto laisse clairement entendre que toute cette fete se deroule dans un climat de tension, de vigilance et de controle, de peur cachee. Meme Pasarella, recevant la coupe des mains de Videla, a du cacher sa peur.

Dal Masetto, ecrivant ce livre, avait peut-etre peur que ca revienne, une autre dictature, une nouvelle peur, c'est peut-etre pour ca qu'il fait court, il ne prend pas le temps de developper, de s'attarder, il laisse les dialogues faire le travail de sape du lecteur, des dialogues haches, en un parler “porteno" aux conjugaison populaires. Et ca marche. C'est percutant. le lecteur, un peu surpris au debut, est vite touche. Moi en tous cas. Aux tripes.
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