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Critique de patrickandre


Je suis à mon premier roman de Louis-Philippe Dalembert. J'ai été exposé la première fois à cet auteur poète-romancier en 1987-1988 après la sortie de son recueil de poèmes : « Et le soleil se souvient » (Grand prix de poésie de la Ville d'Angers). Je fus impressionné par la magie de ses vers, la force des mots et l'imagerie poétique.

Son roman m'a attiré par le titre qui en fait n'a pas un lien direct avec l'ouvrage car celui-ci ne raconte pas d'histoire de dieux qui voyagent. Je crois que c'est plutôt une figure de style que je ne comprends pas très bien mais qui m'a accroché. L'auteur haïtien nous décrit une nuit à New York où avec sa petite amie ils participent à une cérémonie vodou. De là il relate ses souvenirs d'enfance au pays en rapport avec cette religion qu'il a méconnu et dont toute approche lui fut interdite par sa grand-mère : Grannie – une protestante dévote, personnage central et haut en couleur du roman.

Le fonds de l'histoire m'a paru intéressant car il démontre la méconnaissance du vodou que beaucoup d'Haïtiens comme moi, ayant été élevé et éduqué dans une religion chrétienne, ont expérimenté au cours de leur existence au pays. Comme le raconte l'auteur, un grand nombre de citoyens se réfère à cette religion comme une secte satanique importée d'Afrique et dont il faut s'en débarrasser à tout prix.

L'auteur lui ne porte pas un jugement moral sur le vodou mais décrit une expérience qui peut être autobiographique ou semi-autobiographique. Cela m'a amusé au dernier chapitre de lire sa réaction quand dans un débat sur la littérature quelqu'un du public, si ce n'est le modérateur lui-même, lui demande à brule-pourpoint : « C'est quoi le vodou ? ». Et lui de penser : « Qu'est-ce j'en sais moi ? » Comme si tout Haïtien était un expert du vodou, donc indirectement un adepte de cette religion.

Le style d'écriture m'a intrigué. Le livre se lit truffé d'argot parisien relatant des réalités haïtiennes. Il se lirait facilement pour des haïtiens vivant en France comprenant aussi bien l'argot que le créole, comprenant aussi bien la mentalité française et haïtienne, comme M. Dalembert lui-même. À chaque deux pages, j'ai dû consulter mon dictionnaire Larousse pour des termes français typiquement familiers, populaires ou argotiques qui m'échappaient. Cela était un peu déroutant à mon goût.

La plongée dans le vodou n'est pas un travail anthropologique ou sociologique pour livrer une connaissance approfondie de cette religion, mais plutôt la description d'une expérience personnelle. On peut apprendre sur le vodou mais pas dans une approche explicative de la religion elle-même. Cependant, j'ai appris des concepts intéressants comme la mort conçue dans cette religion en tant qu'un voyage sous-marin du bon ange (l'âme) pour un retour à la Guinée ancestrale. Cela m'invite à explorer cette religion pour une meilleure connaissance de ses concepts. Pour moi ce roman, « Prix Casas de las americas », fut un mélange agréable de prose poétique, atypique, amusant, singulier qui vaut lecture.
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