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EAN : 9782268058658
220 pages
Les Editions du Rocher (11/05/2006)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Harlem, New York, un soir de novembre. Un sous-sol à l'écart des grandes avenues. Une cérémonie vaudou

. Le narrateur regarde. Observateur, et non pas acteur. La nuit qui suit devient rêverie. Va-et-vient inlassable entre Harlem et Port-au-Prince.

Le corps interdit de son amie et son enfance lointaine.

Dans une approche semi-autobiographique, Louis-Philippe Dalembert retrouve l'un de ses thèmes favoris : l'enfance et se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je suis à mon premier roman de Louis-Philippe Dalembert. J'ai été exposé la première fois à cet auteur poète-romancier en 1987-1988 après la sortie de son recueil de poèmes : « Et le soleil se souvient » (Grand prix de poésie de la Ville d'Angers). Je fus impressionné par la magie de ses vers, la force des mots et l'imagerie poétique.

Son roman m'a attiré par le titre qui en fait n'a pas un lien direct avec l'ouvrage car celui-ci ne raconte pas d'histoire de dieux qui voyagent. Je crois que c'est plutôt une figure de style que je ne comprends pas très bien mais qui m'a accroché. L'auteur haïtien nous décrit une nuit à New York où avec sa petite amie ils participent à une cérémonie vodou. De là il relate ses souvenirs d'enfance au pays en rapport avec cette religion qu'il a méconnu et dont toute approche lui fut interdite par sa grand-mère : Grannie – une protestante dévote, personnage central et haut en couleur du roman.

Le fonds de l'histoire m'a paru intéressant car il démontre la méconnaissance du vodou que beaucoup d'Haïtiens comme moi, ayant été élevé et éduqué dans une religion chrétienne, ont expérimenté au cours de leur existence au pays. Comme le raconte l'auteur, un grand nombre de citoyens se réfère à cette religion comme une secte satanique importée d'Afrique et dont il faut s'en débarrasser à tout prix.

L'auteur lui ne porte pas un jugement moral sur le vodou mais décrit une expérience qui peut être autobiographique ou semi-autobiographique. Cela m'a amusé au dernier chapitre de lire sa réaction quand dans un débat sur la littérature quelqu'un du public, si ce n'est le modérateur lui-même, lui demande à brule-pourpoint : « C'est quoi le vodou ? ». Et lui de penser : « Qu'est-ce j'en sais moi ? » Comme si tout Haïtien était un expert du vodou, donc indirectement un adepte de cette religion.

Le style d'écriture m'a intrigué. Le livre se lit truffé d'argot parisien relatant des réalités haïtiennes. Il se lirait facilement pour des haïtiens vivant en France comprenant aussi bien l'argot que le créole, comprenant aussi bien la mentalité française et haïtienne, comme M. Dalembert lui-même. À chaque deux pages, j'ai dû consulter mon dictionnaire Larousse pour des termes français typiquement familiers, populaires ou argotiques qui m'échappaient. Cela était un peu déroutant à mon goût.

La plongée dans le vodou n'est pas un travail anthropologique ou sociologique pour livrer une connaissance approfondie de cette religion, mais plutôt la description d'une expérience personnelle. On peut apprendre sur le vodou mais pas dans une approche explicative de la religion elle-même. Cependant, j'ai appris des concepts intéressants comme la mort conçue dans cette religion en tant qu'un voyage sous-marin du bon ange (l'âme) pour un retour à la Guinée ancestrale. Cela m'invite à explorer cette religion pour une meilleure connaissance de ses concepts. Pour moi ce roman, « Prix Casas de las americas », fut un mélange agréable de prose poétique, atypique, amusant, singulier qui vaut lecture.
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Adulte, le narrateur se voit proposer d'assister à une cérémonie Vodou, expérience pas concluante du tout. Afficher une ignorance totale des rites, est-ce possible lorsqu'on est originaire de Haïti ?

C'est en tout cas celui du narrateur/auteur, qui fait ressurgir ses souvenirs d'enfance. Sa fascination d'alors pour les tambours et autres festins destinés aux anges, pour les lwas chevaucheurs de jeunes filles, en somme pour un univers fantasmé et deviné seulement, lui qu'on surnommait (injure suprême !) "l'innocent". Car, élevé par sa Grannie dans la détestation de ces "sataneries", il n'a jamais pu que chercher à approcher les acteurs de ces mystères...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
C’est la faute à elle. Tout ce que tu sais ou ne sais pas du vodou, tu le tiens de Grannie, ta grand-mère maternelle. Celle qui t’administre une de ces volées si t’as le malheur de rentrer en pleurant de l’école ou de la rue (cela revient au même, non ? La rue, tous les gamins le savent, est la plus grande école du monde).
Elle ne veut pas d’un pleurnichard chez elle. Autant te faire chialer tout de bon. Alors la fessée déboule drue, appliquée avec le premier objet qui lui tombe sous la main : une ceinture en cuir, un manche à balai rompu sec d’un coup de genou (quitte à faire le ménage dos bas pendant une semaine faute de sous pour en acheter un autre), une branchette arrachée d’un geste preste au laurier-rose qu’en temps normal, elle interdit à quiconque n’est pas de la cour de toucher. Tu le connais, cet arbre ? Tu sais d’où il vient ? À quoi il sert ? Changement de registre quand elle est mal lunée, que la fortune déserte votre foyer, qu’elle a du mal à allumer le feu et dresser chaudière plusieurs jours de suite : « Laisse les os de ta grand-mère tranquilles. » Et l’importun de se retirer la queue entre les jambes, proférant mille excuses de peur d’avoir profané un arbre-reposoir et de devoir en plus subir la foudre des mystères… La fessée vole bas en même temps que la leçon de vie.
Il faut savoir se défendre ici-bas. Ne jamais baisser les bras. Ni devant les hommes ni devant l’adversité. Qu’est-ce que c’est que cet enfant qui rentre à la maison avec deux rangs d’eau, deux rangs de rhume lui labourant le visage ? Un garçon en plus. Non mais. Déjà qu’elle n’accepte pas ces veuleries d’une fille, Grannie. Ce n’est pas qu’elle soit misogyne. Au contraire. Elle sait même, en d’autres occasions, se montrer douce et câline. Te laisser jouer avec ses seins flétris comme des mangues-cornes tétées à l’infini et jetées après usage. Elle feint alors de ne pas vouloir de tes caresses ; au fond, elle en redemande.
Qu’est-ce que tu cherches dans ces outres vides ? Le temps les a séchées, ne vois-tu pas ? Réduites en peau de gamin dont un loup-garou aurait sucé la vie. Ses parents avaient négligé de le baigner ou de gâter son sang à la naissance, en lui donnant, par exemple, à avaler une purée de blattes.
Tout individu sain d’esprit sait qu’il n’y a pas mieux qu’une bonne purée de blattes ou un bain de feuilles vertes à la naissance pour tenir éloignés, la vie durant, le guignon, le mauvais œil, les chrétiens-de-jour-bêtes-sans-nom-la-nuit et toutes qualités de déveines cordées.
Grannie, elle, récuse de toute la sécheresse de son corps ces sataneries. À la vérité, ses seins n’ont jamais été aussi lourds que les mamelles de la Vénus, son aînée, qui n’a d’émule en la matière que madame Cheriez, la marchande de fritures, et dont tu te demandes comment elle fait pour les porter. D’où son pas traînant. Bref, elle n’est pas misogyne, Grannie. Mais elle n’a jamais aimé subir les choses. Rester à sa place, comme on dit.
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Mais voilà, elle a dit non aux saints. Refusé d’être la prédestinée. Malgré les dons de voyance prêtés par la chronique familiale. Le pouvoir de déchiffrer les rêves les plus emmêlés, qui fait parfois la fortune des petites gens du quartier. Car il lui arrive de mettre en veilleuse sa foi, d’interpréter le songe d’un ou d’une qu’elle estime avoir subi assez de coups vaches du sort, quelqu’un envers qui le Créateur ne s’est pas toujours montré juste, et de lui offrir sur un plateau le numéro gagnant de loterie correspondant à son rêve. Du temps de Nabuchodonosor, elle aurait fait une satanée concurrence à Daniel. Bref, dans ces rares cas, elle refuse toujours les cadeaux de son protégé. On ne l’achète pas, Grannie. Ni d’une façon ni d’une autre. Raison pour laquelle elle a décliné les offres de richesse des lwa si elle acceptait de les servir. Elle ne serait la monture de personne, ni esprit ni humain. Personne ne lui mettrait de bride ni de harnais. Encore moins des œillères. De toute façon, s’il fallait chevaucher quelqu’un dans l’histoire, ç’aurait été elle la cavalière. Elle, à seller-brider les anges. À les caracoler à cru, si nécessaire. Ses deux mains agrippées à leurs ailes. Déjà que les hommes prennent les femmes pour des juments, faudrait en plus porter des esprits sur son dos.
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Elle a été la première de la famille, la seule pour sûr, à tenir tête aux anges. À leur dire madigra m pa pè w, se moun ou ye 1. Et pourtant, elle a été initiée kanzo. Elle sait prendre dans sa main de couturière une brique incandescente. La retirer du réchaud à charbons sans trahir la moindre douleur, la déposer à plat sur le sol et t’inviter à faire pipi dessus pour que tu cesses, la nuit venue, d’inonder ta couche. Mais ça ne sort pas. Tes yeux ébaubis cherchent en vain les traces de brûlure sur sa main. La même, sans température aucune, qui te tient le serpenteau, tandis que ses lèvres susurrent pssst, pssst, pssst, jusqu’à ce que tu finisses par oublier la scène précédente et que le liquide jaillisse d’un jet libérateur. Le grésillement se fait alors entendre, auréolant du même coup ton visage de vapeurs et tes narines d’une forte odeur d’ammoniaque
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Vidéo de Louis-Philippe Dalembert
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, Louis-Philippe Dalembert vous présente son ouvrage "Une histoire romaine" aux éditions Sabine Wespieser. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2886319/louis-philippe-dalembert-une-histoire-romaine
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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