Un cadavre dans le chalut

- Allô Robert.

Pas de réponse.

- Hey Robert! Lâche ton crayon et écoute-moi.
- OK choque-toi pas! La porte de ma voiture n'est pas barrée. Entre... et pas besoin de mandat.
- Mouais... ça me tente pas trop. Je te connais et je préférerais qu'on se parle à l'extérieur, surtout pour éviter les rumeurs.
- Hey, pour qu'il y ait des rumeurs, faudrait d'abord que je te trouve de mon goût, tu n’crois pas? Allez monte dans l'auto, il fait trop froid dehors pour que je me les gèle, surtout pour la « peau lisse ».
- Toi mon asti... tu n’changeras jamais. De toute façon rien qu'à nous voir agir ils vont bien comprendre. En tout cas, pousse tes papiers. J'espère que tu l'as aérée ton auto, car moi ça me tente pas d'étouffer.
- Disons qu'elle ne sent pas particulièrement la « flicaille », mais quand tu seras partie, je pourrais toujours passer au « car wash ». Bon, si tu me disais pourquoi tu veux me parler, on pourrait peut-être s'entendre sur quelque chose, puisque c'est certain qu'on ne peut pas « s'étendre » sur quoi que ce soit.
- OK là! Cesse tes petits sous-entendus et surtout ne te fais aucune illusion. Enfin bref, on n'est pas là pour divaguer, mais pour une affaire sérieuse. Essayons de se parler entre adultes et professionnels, quoi que je me demande si tu peux en être capable. J'aimerais bien que tu me dises ce que tu as vu en montant à bord du bateau, et ne me balance pas tes supposées
sources anonymes.

Même si Alice et Robert se connaissaient depuis plusieurs années, leur métier respectif les mettait en conflit.

Lorsqu’Alice vit Robert en train de parler avec le pêcheur, elle comprit aussitôt que les problèmes commençaient. Il était tenace dans sa profession, ce qui lui avait occasionné des critiques de la part de certaines personnes plus ou moins influentes. Mais il ne se laissait pas dérouter et continuait à faire son métier comme il l’entendait.

- Oh Alice! Enfin te voilà, lui dit-il.
- Si je ne me trompe pas, tu es ici depuis un bon moment, Robert.
- Aussitôt que je l’ai su.
- Comment en as-tu été informé? questionna Alice qui connaissait déjà la réponse.
- Par une source anonyme, tu sais bien, répondit-il en lui offrant son légendaire sourire qui la mettait hors d’elle à chaque fois.

— En effet. J’ai dû me battre souvent pour être reconnue. Ce n’est pas toujours facile, mais j’avoue que dans ma branche il y a de plus en plus de femmes, contrairement à vous.
— Il y en a pourtant plusieurs qui sortent diplômées chaque année, mais il faut avoir un fort caractère pour tenir tête aux collègues mâles. Nous sommes aussi douées qu’eux, sinon plus.

Disons que l'habit de plongée te va pas mal mieux que l'uniforme de police. Je préfère ces courbes-là plutôt que les rondeurs d'une crosse de fusil.