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Critique de MenInBooks


Polar fantasy complexe et fouillé où le monde réel se mêle peu à peu à un monde plus obscur et plus secret.
Je ne pourrais dire que c'est la plume qui m'a charmée, bien qu'elle soit bonne et nous concocte quelques passages presque poétiques, mais bel et bien cette ambiance sombre des nuits d'un Paris qui jonglerait entre les ballades de la Crim et ses enquêtes sordides et celle, surnaturelle, qui se faufile telle un fantôme à chaque page. le style classique nous enfonce dans une obscurité progressive, faite de sorciers, de vampires, (et de tout un tas de créatures plus joyeuses les unes que les autres) qui pourtant ne dégage rien de glauque. Si l'atmosphère est plutôt lugubre, il reste pourtant ces moments de lumières qui traversent les chapitres ramenant un brin d'optimisme entre deux monde qui se découvrent. On est pas dans Underworld et on est pas non plus chez Vlad. On est chez nous, à Paris, en France, aujourd'hui, avec nos smartphones, nos habitudes, nos joies et nos vicissitudes mais la greffe de fantasy que l'auteur apporte est particulièrement attractive car elle est subtilement dosée dans sa progression. Elle laisse le temps au lecteur de s'accoutumer à un univers qui aurait pu être brouillon ou complexe si elle n'avait su poser les règles avec précision.

La vraie accroche de ce roman c'est clairement, tout simplement, son histoire, sa trame, ce fil rouge qu'on ne voit pas mais qui nous tire irrésistiblement de page en page. S'il y a des livres qu'on aime et qu'on est ravi de retrouver entre deux interruptions, celui ci n'en fait pas parti. Celui-ci, on ne peut pas le lâcher, on est très vite envoûté par ce réalisme baigné de surnaturel, par cette simplicité quotidienne de vie et cette enquête passionnante qui mélange en fait plusieurs fils comme une toile habilement construite. Une enquête de police où flics et journalistes jonglent entre actualité et monde apparemment onirique, ou les pertes et les échecs ne sont pas que du coté des victimes ou des cadavres.

Le vrai bonus ? Les personnages. Voila un roman où les caractères sont travaillés, fouillés, trempés dans l'acier comme dans la lumière, des hommes simples et compliqués, des gens comme vous et moi, empêtrés dans leur passé plus ou moins tortueux mais qui ne sert pas de justification à tout, des gens pétris de sentiments et de faiblesses qui peuvent se sentir stupides comme courageux. On est à 15000 km des héros humains parfaits dont une simple plastique de rêve suffit à édifier une personnalité, on a des hommes qui souffrent, qui rient, qui aiment, qui se retrouvent noyés (et pas broyés car la souffrance n'est pas le seul scénario possible à la richesse d'un personnage) dans une vie qui leur convient plutôt bien mais qui se modifie à travers cet ensemble d'énigmes très prenant ! On en est même pas à s'identifier ou pas car on en ressent pas le besoin. On est juste prisonnier de leur vie à eux et c'est parfois intéressant de ne pas passer son temps à se dire " j'aurais fait ci ou ça" mais de pouvoir se laisser porter complètement par leur parcours et un scénar qui tient drôlement bien la route.
Et ça fonctionne très bien car tout est là, avec beaucoup de simplicité et d'efficacité, le suspens, l'empathie, l'amitié, la compassion, la surprise... Un travail de trame bétonné avec des perso humains très attachants et des perso surnaturels un peu plus classique dans leur traitement charismatique ce qui m'a un peu moins emballé.

Au delà du monde surnaturel développé, c'est ce monde résolument humain qui m'a le plus conquise. Ce facteur obstinément actuel et nôtre qui met en valeur chaque personnage pour conserver cet attrait de la réalité où le crime noyé dans le coeur des hommes est bien plus funeste et présent que l'obscurité de ces créatures immortelles.
le couple que l'on pensait principal ne l'est pas forcement et très vite, ce sont Stéfano et Lisandru qui se détachent du lot. A eux deux, on a le duo charmant du roman, ce moment où la douceur et l'amour se distillent petit à petit de la façon la plus naturelle qui soit. Lisandru est un homme simple, vertueux, un humain presque sans intérêt et pourtant sa personnalité avenante, toujours attentive aux autres, son esprit ouvert en font un des ces personnages qui se construisent sous nos yeux pour devenir très vite un vrai héros dont l'apparente simplicité est plus complexe qu'il n'y parait. Il devient malgré lui le point central, le fil conducteur qui relie tous les autres personnages d'une façon ou d'une autre. Il est aussi ce personnage par lequel on reconnait le plus nos émotions de lecteur lambda car comme lui on apprend à découvrir et à accepter ce monde nouveau, ces attirances nouvelles, comme lui on essaie d'y faire face avec le plus de logique possible. Son alter ego vampirique Stéfano, identique à lui à sa façon et pourtant ô combien différent, est le pendant parfait, celui qui le complète et lui donne toutes les cartes en main pour faire de ses faiblesses une véritable force.
le couple qui semblait être la vedette, celui de Nefer et Luc, parait plus en retrait et surtout construit dans un schéma plus classique, basé sur l'attraction incontrôlable qui domine les sens avant tout même s'il s'agit d'un amour plus profond. Si le personnage du journaliste, comme son comparse lieutenant, est aussi assez cohérent et réaliste, il s'agit bel et bien de ce romantisme à souhait que beaucoup affectionnent dans un monde ou mortels et immortels se croisent et se dominent tour à tour dans un amour dévastateur.

Si les personnages, l'intrigue et l'ambiance m'ont séduits, il n'en reste pas moins à mon goût quelques défauts diffus.
Tout d'abord j'ai trouvé par moment le récit trop long et cependant j'aurais bien du mal à décider quels passages amoindrir ou supprimer. Peut-être simplement quelques phrases un peu trop longues qui, même si elles sont intéressantes dans leur teneur et forte en images, pèsent un peu sur le rythme. Ce sont ces mêmes longueurs qui m'ont donné l'impression d'être parfois trop guidée dans ma lecture, trop dirigée ce qui est parfait pour éviter les incohérences, que vous ne trouverez pas ici, mais qui du coup brisent un peu la magie du mystère ou du plaisir qu'on peut avoir à se poser des questions ou se laisser aller à interpréter ses propres déductions.
J'ai également tiqué sur ces petites situations en cours d'histoire qui se résolvent trop facilement et trouve systématiquement une solution presque immédiate et que je rapprocherais du point précédent.

Midnight détective n'est peut être pas un roman parfait, on lui trouvera certainement un truc ou deux qui clochent, ces mêmes trucs qui bien souvent deviennent aussi les trucs qui t'accrochent et qui finissent par définir un style ou une particularité. Il est prenant, il est sombre, humain et romantique dans le sens noir du terme. Son très gros point fort c'est ses hommes et le fait que pour un premier tome on ait une vraie histoire complète qui, si on ne devait pas avoir la suite, peut entièrement se suffire à elle-même. Autant je peux aimer rester sur ma faim pour une fin de chapitre autant terminer un roman sur une impression de " à suivre " peut me transformer en vraie harpie et là, pour le coup, on en a pour notre compte du début à la fin.
Un polar romantique avec ses éclats de lumières qui donnent une petite claque à cette image bit-lit que le livre pourrait dégager et qui ne lui rendrait pas justice. Et rendre justice c'est un peu le thème central de ce roman si on y regarde bien. Yop.
Merci à Mix Editions et Alessia Dan pour ce sp .
Lien : http://meninbooks.eklablog.c..
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