Au fond, ils n’étaient que des poissons rouges dans un bocal, seul le véritable amour pouvait leur ouvrir les bras de la mer infinie. S’il ressemblait à une prison, il était également leur liberté, il brisait tous les murs, tous les obstacles, sauf bien sûr celui de la mort. Et s’ils s’imaginaient avoir battu la Blafarde grâce à leurs siècles de vie, cette douleur était là pour leur rappeler qu’il n’en était rien. Elle était pour tous une finalité incontournable et toute existence tendait en réalité vers ce but. C’était dans ce déchirement que se situait le prix à payer pour leur vie éternelle. Mais c’était aussi dans l’amour qu’ils existaient vraiment. Cela, Nefer l’avait appris au cours des siècles.
Mais une vie plus longue, c’est également des douleurs plus grandes que sa propre mort. C’est la perte des autres, des personnes que nous aimons et de tout ce qui a fait notre vie. Et tu sais le pire ? C’est que tout cela laisse comme un tatouage indélébile sur notre cœur, mais se noie dans un rien abyssal. Au bout de quelques siècles, nous ne savons même plus pourquoi nous avons mal, c’est juste là, planté comme une épine empoisonnée impossible à ôter.
— Salut, man, on fait dans la philosophie ?
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Mais cela attendrait le week-end, car Luc était un chasseur patient et opiniâtre, et ce mec qu’il avait reluqué l’autre soir en boîte ne lui passerait pas sous le nez deux fois. Samedi, il le baiserait si profond que l’autre finirait par déclamer une ode à sa bite.
— Je peux vivre sans argent, je ne supporterai pas quelqu’un de plus puissant que moi, je viens d’une trop haute lignée pour admettre d’obéir à un autre. Plus beau ? La beauté se satisfait de quelques instants, elle ne comble pas une vie.
« Aucun paradis ne valait un enfer gouverné par lui. L’amour absolu, aujourd’hui, Lisandru savait exactement ce que cela signifiait. Cet équilibre précaire entre la félicité et la souffrance, entre la raison et la folie. »
« — Tu me tuerais, hein ?
— Rien de plus facile. Il me suffirait de te trancher la tête durant ton sommeil post-coïtal.
— J’adore lorsque tu es cruel comme ça, ricana Nefer. »
« Leurs cœurs exaltaient et souffraient dans le même temps. Naël et Mick étaient deux êtres voués à se faire du mal, chacun d’eux en avait conscience. Pourtant, cette douleur restait leur bien le plus précieux. Celui auquel ils ne renonceraient pour rien au monde. »
« — C’est une proposition déguisée ? Je te croyais contre ce genre de cliché.
Luc lui jeta un regard torve.
— Évidemment que je suis contre, bouffon ! »
« — Dis-le-moi ! Dis-moi que tu m’aimes ! s’exclama Mick, la voix enrouée.
— N’est-ce pas évident ? L’univers entier tremble parce que je t’aime »