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Critique de Levant


Je me suis surpris à biffer en marge, à souligner des passages d'un livre écrit par un cycliste d'à peine vingt ans. Qui l'eût cru ? J'ai été bluffé par ce talent tout neuf. Je le vois déjà prometteur. Sauf le moyen de transport choisi, l'idée n'est pourtant pas si originale, mais sa façon de la mettre en mots lui est très personnelle. Elle apporte un vrai souffle de fraîcheur à la littérature classique en lui retrouvant une place dans nos urgences quotidiennes. Il a choisi la petite reine pour visiter ceux qui règnent dans la littérature classique, leurs lieux de vie ou d'inspiration.

Car avec Jean-Acier Danès on ne batifole pas avec les élus de la dernière rentrée littéraire, on fait route avec les classiques. C'est tout sauf ennuyeux. Ce sont, selon ses mots, des kilomètres utiles au corps et à l'esprit. Point de descriptions fastidieuses avec un style qui manie la métaphore avec bonheur. La personnification des lieux et des choses donne vie au décor. Il se rue sur nous plus qu'il ne s'impose par son immobilité. Voilà un style avantageusement expurgé de vocabulaire technique qui sait rendre les émotions. Comme lorsque, exception faite à la règle des classiques, il évoque l'ouvrage autobiographique de Simone Veil.

Les citations sont incorporées avec à-propos et talent, évitant les tournures d'introduction forcément lourdes et pontifiantes. Voilà un jeune auteur qui sait imager ses pensées. Sur ses traces, vous ferez route de nuit avec Céline, vous dormirez dans un cimetière en compagnie des personnages de Victor Hugo, vous oublierez les crampes au mollet et les vêtements mouillés qui collent à la peau. Vous aurez compris que j'ai été séduit par ce premier ouvrage d'un auteur dont je salue la performance tant littéraire que sportive quand il traverse la France pour se rendre au cimetière marin de Sète, sur la tombe de Paul Valery, ou à Mont-Noir constater par lui-même ce qui reste de la maison d'enfance de Marguerite Yourcenar.

Il parle de la sienne d'enfance comme d'un pays lointain. Il est pourtant vrai qu'à la comptabilité des références littéraires, on mesure le chemin déjà parcouru par ce passionné de littérature. Amateurs de performance et dopage, attendez le prochain tour de France, il s'agit là de l'éloge de la lenteur et des belles lettres.

Je remercie Babelio et les éditions Seuil de m'avoir adressé cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse critique.
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