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Critique de Christophe_bj


Jean Witold et Florence Leleu tombent amoureux alors qu'ils ont déjà chacun un enfant d'une union précédente. Sidonie est la fille de Florence et Nestor le fils de Jean. Les deux enfants sont élevés comme frère et soeur sur l'île de la Réunion bien qu'ils n'aient aucun lien de parenté. A mesure qu'ils grandissent les deux enfants éprouvent de plus en plus de sentiments l'un envers l'autre et finissent à l'adolescence par entretenir une relation amoureuse. Mais autant Sidonie est sérieuse et posée, autant Nestor est dissipé et volage. Pourtant leur relation, qui se brise régulièrement, renaît toujours de ses cendres. Si Nestor est aussi instable dans ses études et ses premiers pas professionnels, Sidonie se passionne pour ses études d'histoire et notamment pour la bataille d'Hersanghem sur laquelle elle fait son mémoire de Master. Elle se fait même nommer professeure suppléante au lycée d'Hersanghem. de cette ville est originaire la branche paternelle de sa famille, qu'elle ne connaît pas car son père s'est suicidé lorsqu'elle avait trois ans et sa mère a coupé les ponts avec sa belle-famille. Sidonie va essayer d'en savoir plus sur cette partie de sa famille, et notamment sur sa grand-mère, qui a abandonné son père à sa naissance. ● Ce qui frappe d'abord, ce sont les allusions à Paul et Virginie de Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre : Paul et Virginie aussi, sans lien de parenté, ont été élevés comme frère et soeur ; eux aussi tombent amoureux l'un de l'autre ; eux aussi grandissent sur une île, proche de l'île de la Réunion (l'île Maurice ; autrefois île de France)… Si les allusions sont moins fréquentes après le « préquelle » (ainsi nomme Isabelle Dangy ce que d'autres appellent le prologue), elles sont néanmoins toujours présentes, comme le rôle des tantes des personnages, ou encore l'importance de la nature dans le domaine de la grand-mère, par exemple. ● On est entraîné dans une histoire très romanesque et agréable à lire, mais il faut aussi savoir lire entre les lignes et saisir les allusions. Ainsi peut-on se rendre compte que la fin n'est pas si ouverte qu'elle en a l'air et que les questions soulevées ont trouvé des réponses. L'autrice a une belle plume dont la limpidité cache des recoins qu'il faut savoir explorer. ● Des documents comme des lettres, des entretiens enregistrés, des actes d'état civil, des comptes, viennent enrichir le récit et diversifier les voix narratives. L'autrice joue avec des noms propres fictifs et des noms propres réels ; elle invente des biographies, des compositeurs, des séries de bandes dessinées, des villes comme Hersanghem… C'est un jeu de piste amusant qui n'est pas sans rappeler Georges Pérec sur qui Isabelle Dangy a écrit sa thèse et des essais. L'attachement de Sidonie à la société de consommation, elle qui malgré un budget modeste est une acheteuse compulsive, nous y ramène également. ● Au coeur du récit se trouve également ce drôle d'instrument à la mode dans les années soixante et qui donne son titre à l'ouvrage : les ondes Martenot, qui ont une sonorité qui peut rappeler celle du synthétiseur, et qui font l'originalité de certaines oeuvres de Messiaen, par exemple. ● L'onde étant en physique « la propagation d'une perturbation produisant sur son passage une variation réversible des propriétés physiques locales du milieu » (Wikipedia), on peut aussi voir que dans ce roman, des événements, à commencer par l'abandon du père de Sidonie à la naissance et son suicide, « propagent une perturbation » tout au long de l'histoire ; on verra qu'on peut même remonter plus haut dans l'arbre généalogique pour trouver l'origine de la perturbation. ● C'est donc là un texte à la fois romanesque, original et plein de subtilité que j'ai beaucoup apprécié. C'est le premier roman d'Isabelle Dangy que je lis ; je vais lire ses autres oeuvres. Je remercie @pilyen de m'avoir fait connaître ce beau texte !
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