Il n'y a pas que la neige qui tombe à Noël

Chapitre 1 :

«… — Moi je suis réformé : pieds plats et je vais t’avouer quelque chose, je suis soulagé de ne pas rejoindre l’armée.

— Pourquoi ?

— Parce que nous, les immigrés, même ceux avec des papiers, ou des permis de séjour, nous ne sommes pas bien vus et comme l’Italie est entrée dans le conflit également et qu’elle n’est pas du bon côté de la ligne… tu peux être certain qu’en m’engageant j’aurais été envoyé en première ligne, sur les coins où il y a le plus de boucheries.

C’était donc cela, cet accent et ces mots aux sonorités nouvelles : Tony était un ressortissant italien. Scott le trouva encore plus mystérieux et intrigant, comme si cette simple nationalité avait le pouvoir de rendre les choses plus extraordinaires qu’elles ne l’étaient.

— Alors, je vais rester ici, avec mes pieds plats, et mon accent qui dérange, sourit tristement Tony.

— Ton accent ne me dérange pas, s’entendit répondre Scott.

L’Italien eut un regard en biais vers le blond, puis son sourire vulpin revint.

— Ah oui ? Il te plaît ?

Scott, pris au dépourvu et refusant de bafouiller à nouveau, se contenta d’acquiescer. …»

Chapitre 1 :

«… Scott comprit la question cachée derrière celle que lui tendait le barman.

— Chacun est libre de faire ses propres choix et de vivre avec.

— Et moi… suis-je un lâche ? renchérit Tony en appuyant ses propos d’un geste de la main.

— Je ne te connais pas suffisamment pour…

Scott se tut, frotta sa nuque, mal à l’aise, et s’excusa avant de reprendre :

— C’est juste que je sens que c’est ce que je dois faire.

— Servir l’Oncle Sam ?

— … Oui. Je veux servir mon pays et…

— Mourir pour lui ?

Un silence bref s’installa, les deux hommes échangèrent un regard, encore une fois, Scott ressentit des frissons.

— Je serais prêt à tout pour mon pays, assura-t-il en soutenant le regard noisette de Tony.

Celui-ci lui adressa un regard rempli de sollicitude.

— J’ai envie de dire : heureusement qu’il y a des types comme toi, Scotty et en même temps, je voudrais pouvoir te dissuader de rejoindre cette folie. …»