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Critique de Littecritiques


Rose, un peu fatiguée de sa vie parisienne, part en croisière en Méditerranée. Une nuit, entre l'Italie et la Lybie, le bateau de croisière croise la route d'une embarcation de migrants. le bateau recueille le peu de personnes appelant à l'aide qui ne se sont pas noyées, en attendant les garde-côtes italiens. C'est à ce moment-là que Rose fait la connaissance de Younès. Elle lui donne le téléphone de son fils. Il l'emporte avec lui dans son périple, notamment au beau milieu de la Jungle de Calais. Dans le répertoire du téléphone de son fils, il y a bien sûr le contact de sa mère, Rose, que Younès ne cessera de vouloir appeler...

Ce roman est composé de contrastes aussi saisissants que réprobateurs. L'auteure, pour montrer la différence de vie entre les occidentaux et les migrants, précise le prix de la semaine sur le bateau de croisière, les appellations des différentes cabines (« confort », « prestige »). Son point de vue, bien que véridique, est un peu culpabilisateur et je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen de sensibiliser l'opinion publique. D'autant que, manque de chance, le personnage de Rose qu'elle a elle-même construit n'est pas si riche (elle déménage à Clèves car elle ne peut pas se payer pour elle, son mari et ses deux enfants, plus qu'un 58m2 à Paris) et n'est pas si éloignée que ça des considérations de l'espèce humaine (elle est psychologue). C'est Madame tout le monde. Est-ce alors bien nécessaire de l'accabler de tous les malheurs des autres quand on sait qu'actuellement les États européens se renvoient gentiment la balle pour ne pas accueillir des migrants qui fuient, notamment, la guerre en Syrie, sans que le peuple ait son mot à dire.

Tout le récit est tissé autour d'un lien : celui téléphonique, reflet obligé de notre époque numérique. Il y a entre tous les personnages, cet objet électronique, aussi important soit-il, quand autour, les problèmes humanitaires et sociétaux s'époumonent. Cela étant, les personnages secondaires dont l'auteure dresse certains traits (le mari alcoolique, le fils littéraire, la bonne copine Solange) paraissent inutiles. Ils sont là pour le décor, et encore. Je ne me suis pas plus attachée aux personnages principaux (Rose et Younès) car leurs sentiments profonds ne sont pas dévoilés. On les voit plus évoluer que les autres, certes, mais ce n'est pas pour autant que leur psychologie est détaillée. Autour de cette histoire principale (aider un migrant) dont d'ailleurs on perd parfois le fil, sont révélés d'autres détails dont on ne comprend pas non plus la place, notamment les pouvoirs spirituels de Rose. Si le début du roman s'annonçait fort en émotions, la suite perd peu à peu de son intérêt : on voit mal où l'auteur veut en venir. La déception culminante du roman se situe encore dans sa chute, un peu facile, pour un sujet aussi fort.

Bien que je n'aurais pas vu un style empreint de pathos, j'ai quand même trouvé le récit trop froid et distancié. Il ne m'a fait passer aucune émotion. Je n'ai pas eu l'occasion de me demander si Rose avait raison ou tort, ce que j'aurais fait à sa place.

Bref, lors de la lecture de ce roman dont le titre étant pourtant prometteur, je me suis ennuyée et ne l'ai pas apprécié. Si vous voulez lire un beau livre sur les migrants, je vous conseille plutôt Les échoués de Pascal Manoukian.
Lien : https://littecritiques.wordp..
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