Il n’est rien que je déteste plus que la délation, la fourberie et le manque de sincérité.
Ne
sois donc pas toujours aussi éthérée ! Ne peux-tu te décider à voir l’humanité
telle qu’elle est, avec ses tares et ses défauts ? Pourquoi ne pas
admettre simplement que cette femme est très belle et qu’il en est jaloux, avec
des dispositions à la séquestrer ? A moins qu’elle ne soit, au contraire, si
laide et mal fichue qu’il n’ait honte de la montrer ?
Un
instant, elle le regarda sans l’écouter. Il était jeune, beau, charmant… aimable
au propre sens du mot. Elle songea qu’elle risquait de l’aimer, que, déjà, elle
en avait peur. Elle sentit une panique la gagner. Ah ! il
ne fallait pas… il ne fallait pas accepter.
Bien
qu’habituée à un certain raffinement, elle ne manqua pas d’être un peu
impressionnée par le luxe de ce palace, un des plus élégants de Paris, si ce n’est
le plus élégant, et où les têtes couronnées, les fortunes princières ont défilé
depuis un siècle, en même temps que les vedettes les plus connues, les artistes
en pleine apogée. Passant de mains en mains, du groom au portier, au liftier, au
garçon d’étage puis à la femme de chambre, Marina se retrouva dans un somptueux
appartement décoré de meubles de pure époque empire.
Vraiment belle, et bonne, intelligente, généreuse
avec, assurément, comme tous les êtres très sains, une aptitude totale au bonheur.
On ne pouvait pas, on ne devait pas laisser gâcher cela par le snobisme buté de
quelques êtres aux idées étroites.
Ils auraient été la seule note discordante dans son physique typiquement « peau-rouge », comme disaient les jalouses, sans ses cheveux et leur coiffure. Mais cette touche déroutante avait été apportée volontairement et artificiellement au portrait initial de la plus belle des filles du soleil par sa propre mère.
Les yeux de marins des marquis de Malterre partis s’installer en Amérique au temps des conquistadores et qui s’y étaient établis, maîtres de riches propriétés, de troupeaux et de mines d’argent, jusqu’à ce que la révolution et la nationalisation les en dépossèdent.
Ce qui me déprime, c’est toute cette paperasserie monotone, l’inutilité de de mon travail pour mon avenir… si tant est que je vois devant moi un avenir quelconque !
Un séducteur ne peut pas être fait pour vous plaire.
Mais je n’ai jamais envisagé ainsi, moi, le mariage ! Ce doit être, il me semble, un libre choix où les valeurs morales pèsent plus lourd que les autres, et aussi la juste proportion des âges, des goûts, de l’éducation et du milieu, des croyances surtout !