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Critique de JacobBenayoune


"Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude?" Voilà la question innocente et poignante que posa un petit garçon à son père qui le traînait loin de leur maison fuyant l'occupant. Ce recueil est un témoignage émouvant que nous rend le grand poète palestinien Mahmoud Darwich. C'est une sorte d'autobiographie poétique.

Cette fois, Darwich trouve son inspiration dans la mythologie qu'elle soit grecque, latine ou ougaritique (Hélène, Anat, Ulysse, Narcisse…); mais aussi dans le Coran (Caïn et le Corbeau, Sourate al Rahman…). Il étend ses ressources vers l'Histoire ancienne aussi et l'on trouve de nombreuses références ; il mentionne même les noms d'écrivains comme Brecht, Homère, Imrou'l Qays ou encore Abou Firas al-Hamdani. Darwich construit son recueil autour d'un mélange symboliste où toutes ces sources hétérogènes cohabitent pour décrire sa situation et l'aident à créer son poème. On retrouve aussi son univers de symboles comme le cheval, l'hirondelle, le papillon, la lune entre autres.

Divisé en six sections, le recueil s'ouvre sur un poème en guise d'introduction qui nous informe sur la veine de cette oeuvre : le poète « ainsi qu'une fenêtre, [qui] ouvre sur ce qu'[elle] veu[t] » ; le poète s'inspire de sources diverses (que j'avais citées plus haut). Dans la première section, il y a des poèmes très célèbres comme ce déchirant dialogue entre le père et son fils alors qu'ils fuient l'ennemi laissant leur maison et leurs biens mais surtout leur passé, leurs souvenirs, leur identité (L'Éternité du Figuier de barbarie). La vie ne sera plus la même ; le sablier du temps s'arrête sans lendemain. Il y a aussi ce poème (La Nuit du Hibou) où le poète décrit le départ douloureux vers l'inconnu. Dans la quatrième section, il y a ce poème sur un dialogue entre deux voyageurs où le poète cherche son identité dans son exil et une expression dans le poème. La pièce suivante dans la même partie (Rime pour les Mu'âllaqat) est un défi par la langue, l'écriture contre l'absence. Enfin, il y a ce poème qui clôt le recueil sur un constat bouleversant ; que la maison délaissée est habitée par l'ennemi.

A travers le recueil, se répètent des questions comme « qui suis-je ? » ; question logique après la perte de son identité et de sa terre natale. D'ailleurs, ici sur Babelio la nationalité de Mahmoud Darwich était longtemps marquée : « à définir » puisque la Palestine ne faisait pas partie de la base de données du site. Heureusement qu'on a dernièrement corrigé cela et ainsi notre cher poète a retrouvé son identité sur ce site, onze ans après sa disparition.

Certains poèmes comme "Je passe par ton nom" et "Le train a passé" ont été mis en musique par le compositeur et chanteur Marcel Khalifé.

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