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Citations sur Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude? (25)

L’ÉTERNITÉ DU FIGUIER DE BARBARIE

- Où me mènes-tu père ?
- En direction du vent, mon enfant

A la sortie de la plaine où les soldats de Bonaparte édifièrent une butte
Pour épier les ombres sur les vieux remparts de Saint-Jean-D’Acre
Un père dit à son fils : N’aie pas peur
N’aie pas peur du sifflement des balles
Adhère à la tourbe et tu seras sauf. Nous survivrons
Gravirons une montagne au nord, et rentrerons
Lorsque les soldats reviendront à leurs parents au lointain

- Qui habitera notre maison après nous, père ?
- Elle restera telle que nous l’avons laissée mon enfant

Il palpa sa clé comme s’il palpait ses membres et s’apaisa
Franchissant une barrière de ronces, il dit
Souviens-toi mon fils. Ici, les Anglais crucifièrent ton père deux nuits durant sur les épines d’un figuier de Barbarie
Mais jamais ton père n’avoua. Tu grandiras
Et raconteras à ceux qui hériteront des fusils
Le dit du sang versé sur le fer

- Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?
- Que la maison reste animée, mon enfant. Car les maisons meurent quand partent leurs habitants
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Les étoiles n’avaient qu’un rôle :
M’apprendre à lire
J’ai une langue dans le ciel
Et sur terre, j’ai une langue
Qui suis-je ? Qui suis-je ?

Je ne veux pas répondre ici
Une étoile pourrait tomber sur son image
La forêt des châtaigniers, me porter de nuit
Vers la voie lactée, et dire
Tu vas demeurer là
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JE VOIS MON OMBRE QUI S’AVANCE DE LOIN

Ainsi qu’une fenêtre, j’ouvre sur ce que je veux
J’ouvre sur mes amis qui apportent le courrier du soir
Du pain, du vin, quelques romans
Et, des microsillons

J’ouvre sur des mouettes et des camions de soldats
Qui changent les arbres de ce lieu

J’ouvre sur le chien de mon voisin émigré
Il y a un an et demi, du Canada

J’ouvre sur Abou al-Tayyib al-Mutanabbi
Parti de Tibériade vers l’Egypte
Sur le cheval du chant

J’ouvre sur la rose de Perse qui grimpe
La clôture de fer

Ainsi qu’une fenêtre, j’ouvre sur ce que je veux

(…)

J’ouvre sur ma langue après deux jours
Un peu d’absence suffit
Et Eschyle ouvrira la porte à la paix
Un bref discours
Et Antoine embrasera la guerre
Et me suffit
La main d’une femme dans la mienne
Pour que j’enlace ma liberté
Et que le sac et le ressac reprennent dans mon corps

Ainsi qu’une fenêtre, j’ouvre sur ce que je veux

J’ouvre sur mon ombre
Qui s’avance
De
Loin
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LES SEPT JOURS DE L'AMOUR



Dimanche : Maqam nahawand

Il t'aime. Approche-toi comme le nuage.
Approche-toi
De l'étranger qui sanglote à sa fenêtre
Je l'aime
Descends comme l'étoile, descends
Sur le voyageur, qu'il persévère sur les routes
Je t'aime. Répands-toi comme l'obscurité
Répands-toi
Dans la rose rouge de l'amoureux et trouble-
toi comme la tente
Trouble-toi dans la retraite du roi


/Traducteur Elias Sanbar
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LA GITANE DÉTIENT UN CIEL EXERCÉ



extrait 2

Apatride, ta chevelure. Et le vent n'a pas de
maison
Et je n'ai pas un toit dans les lustres de ta
poitrine
Venu d'un lilas souriant autour de ta nuit, je
parcours seul le chemin de ton duvet
Comme si tu avais été créée de tes propres
mains, gitane
Qu'as-tu fait de notre argile depuis l'autre
année ?


Tu t'habilles de l'endroit, comme si tu
revêtais à la hâte tes sérouals de feu
Et la terre sous tes mains n'a d'autre tâche
que de se retourner sur les outils de l'eau
Une guitare pour le vent
Et une flûte pour que l'Inde s'éloigne encore
Ne nous abandonne pas, gitane
Comme une armée, ses tristes vestiges
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(...) celui qui écrit son histoire hérite la terre
Des mots, et possède
Le sens. Entièrement !
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LA GITANE DÉTIENT UN CIEL EXERCÉ



extrait 4

Chaque fois qu'elle fait vibrer une corde, son
diable nous atteint. Nous partons
Pour un autre temps. Nous cassons nos
cruches l'une après l'autre
Pour accompagner sa cadence
Nous n'étions ni bons ni mauvais, comme cela
se passe dans les romans
Elle gérait nos destinées de ses dix doigts
Fredonnant, fredonnant


Nuée ramenée de notre sommeil par les
colombes
Reviendra-t-elle demain ? Non, nous dit-on
La gitane ne revient pas
Elle ne traverse pas deux fois un pays
Qui unira à sa race, nos chevaux ?
Qui polira après elle
L'argenté des lieux ?
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Telle la lettre Noun dans la Sourate Rahman

Dans l’oliveraie, à l’est des sources
Mon grand-père s’est replié sur son ombre abandonnée
Aucune herbe légendaire n’y a poussé
Et le nuage des lilas
Ne s’est pas répandu sur la scène

La terre est vêtement brodé à l’aiguille du sumac dans son rêve brisé
Mon grand-père a bondi de son sommeil
Pour arracher les mauvaises herbes de sa vigne
Ensevelie sous la rue noire

Il m’a enseigné le Coran dans le jardin de myrte, à l’est du puits
D’Adam nous venons et d’Eve
Dans l’Eden de l’oubli
Grand-père ! Je suis le dernier des vivants dans le désert. Montons

Entourant son nom nu de gardiens
La mer et le désert ne connaissaient
Ni mon grand-père, ni ses fils
Debout désormais, autour du noun
Dans la sourate de Rahman
Dieu, sois témoin !

Quant à lui
Né de lui-même
Enterré en lui-même près du feu
Qu’il donne au griffon de qu’il faut de secret consumé
Pour illuminer le temple
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La nuit du hibou

C’est un présent que le passé ne rejoint pas
Arrivés à la limite des arbres, nous avons réalisé que nous n’étions plus capables d’attention
Et nous retournant vers les camions, nous avons vu l’absence
Empiler ses objets choisis et dresser
Sa tente éternelle autour de nous

C’est un présent que le passé ne rejoint pas
Le fil de soie coule des mûriers
Lettres sur le cahier de la nuit. Seuls
Les papillons éclairent notre hardiesse à descendre dans la fosse des mots étranges
Cet homme de peine était-il mon père ?
Je parviendrai peut-être à me tirer d’affaire
À naître de moi-même
À choisir pour mon nom des lettres verticales

C’est un présent assis dans le vide des récipients
Il scrute les traces des passants sur les roseaux du fleuve
Et polit d’air leurs flûtes
Puissent les mots, enfin limpides, nous laisser entrevoir les fenêtres ouvertes
Puisse le temps se hâter avec nous, et apporter notre lendemain dans ses bagages

C’est un présent hors du temps
Nul espoir de trouver ici quelqu’un qui se souvienne
Comment nous avons franchi la porte, vent
Et à quel moment
Nous sommes tombés du passé
Il se brisa sur les dalles en éclats
Et d’autres les rassemblent
Miroirs à leur image après nous

C’est un présent privé de lieu
Je pourrai peut-être me tirer d’affaire
Crier dans la nuit du hibou
Cet homme de peine était-il mon père
Qui me fait porter le poids de son Histoire ?
Je me transformerai peut-être au sein de mon nom, et choisirai comme il se doit
Les mots de ma mère et ses habitudes
Ainsi elle pourra me cajoler
Chaque fois que le sel effleure mon sang
Et me soigner
Chaque fois qu’un rossignol picore ma bouche

C’est un présent qui passe
Ici, les étrangers ont suspendu leurs fusils aux branches d’un olivier
Apprêté un dîner rapide de boîtes métalliques
Puis ils se sont élancés vers les camions
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LES SEPT JOURS DE L'AMOUR



Samedi : Les noces des colombes

J'écoute mon corps : les abeilles ont leurs dieux
Et les hennissements, d'innombrables rababas
Je vais derrière les nuages, et tu es la terre
Plaquée sur la clôture par la plainte éternelle
du désir
Mets-toi à l'écoute de mon corps
La mort a ses fruits
Et la vie possède une vie qu'elle ne renouvelle
Que sur le corps à l'écoute du corps


/Traducteur Elias Sanbar
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