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Critique de marcbali


Aujourd'hui je vais évoquer le procès des rats second roman de Charles Daubas. Il est l'auteur de Cherbourg qui se passait dans cette ville portuaire où l'atome suscite moult fantasme. Son nouveau texte est aux antipodes du premier ; cette fois il conduit le lecteur dans la France bourguignonne médiévale et l'invite à une réflexion juridique et philosophique.
L'action principale du Procès des rats se déroule à Autun dans les années 1510. La dévastation des récoltes par les rats en temps de peste est au coeur de l'intrigue. Ces animaux sont synonymes de mal et de souffrance, ils sont les vecteurs de la maladie qui décime villes et campagnes. Dans un premier temps, il ne se passe pas grand-chose comme l'expose le narrateur : « finalement, on ne fit rien. Il n'y eut pas de procès, pas de fondé de pouvoir. Tout le monde retourna chez soi et on finit, quelques semaines plus tard, par manger le cochon. Puis la peste emporta tout. Les paysans, le village, les histoires de cochon. Elle battit la campagne et traversa Autun comme un incendie qui passe d'une maison à l'autre et qu'on ne peut arrêter. Elle emporta la moitié des têtes connues avant de s'en aller, d'un coup. » En quelques phrases suggestives l'auteur décrit les ravages et la misère. Les agriculteurs et la foule affaiblie se demandent : « ne pourrait-on pas abréger, maudire les rats, les menacer d'anathème, qu'ils s'en aillent enfin. » Afin de répondre à l'exaspération de la population l'évêque local décide d'intenter un procès pour faire condamner les rongeurs responsables de tous les maux. Il faut se rappeler qu'à l'époque les procès contre les animaux étaient courant et ne constituaient pas une exubérance comme cela serait le cas aujourd'hui. Mais un avocat, défenseur des rats, va s'imposer et retarder le déroulement du procès et le jugement. En effet, il se plaint du manque de considération à l'égard des présumés coupables qui n'ont pas tous les moyens d'assurer leur défense ; ils ne peuvent pas lire les affiches qui ne sont pas placées à la bonne hauteur. Devant la cour il s'exclame : « je demande donc que les rats puissent être entendus avant d'être condamnés. Que l'on ajourne le procès, et que dans chaque paroisse soit réalisé un juste affichage qui tienne compte de la hauteur des bêtes, afin que l'information soit aisée et juste. » le personnage de l'avocat est un plaideur hors-pair, il a aisance oratoire qui lui permet d'interpeller le public ; il participe à des joutes verbales qui convainquent. Mais il est aussi l'objet de contre-offensive : « du bavardage qui mène ce pays à la faillite et à la mort. Regardez autour de vous ! Les gens sont fous de rage. Les récoltes sont dévastées, et la famine menace partout. Et vous, vous vous moquez de tout cela, de la misère de ces gens. En bafouant les hommes, vous bafouez Dieu tout autant ! » A l'histoire du procès se mêle en parallèle celle d'un boucher et d'enfants. Cette fable est plus difficile à suivre. Pourtant il se dégage une poésie et un ton qui charment. Les drames se multiplient : « la nouvelle du boeuf mort avait déjà chauffé le pays à blanc, et la disparition de la fille a cueilli cette colère en route, faisant basculer la ville avec elle. » le procès reste en filigrane du récit tandis que la description réaliste peint avec précisions les luttes et les oppositions entre bourgeois et paysans, riches et pauvres. A l'issue de la narration : « la foule se tient devant l'officialité. Ils sont venus pour les voir payer enfin, tous ces rats par qui le malheur arrive. Qu'ils payent pour la famine, et la peste qui vient juste après, entrant par la fenêtre qu'elle a laissée ouverte derrière elle. »
Le procès des rats est une reconstitution historique romanesque bien documentée. le roman montre l'influence de l'église et le rapport aux animaux qui a beaucoup évolué depuis l'époque médiévale où humains et animaux étaient plus proches avec une symbiose importante. Charles Daubas avec ce nouvel opus montre ses indéniables qualités littéraires.
Voilà, je vous ai donc parlé du Procès des rats de Charles Daubas paru aux éditions Gallimard.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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