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Citations sur Les Chatiments d'Apophis : Lille aux serpents (9)

S’apercevant de ma présence, la légiste me gratifie d’un sourire. C’est une femme blonde d’une quarantaine d’années, svelte et énergique, avec ce détachement si particulier devant les tragédies, cette distance cynique qui caractérise sa profession. J’admire cette faculté de rester impassible devant ce qui transforme un être vivant en chose inerte, pour ensuite en percer tous les secrets en analysant peau, cheveux, ongles, fluides corporels... Et interpréter les signaux diffus qui émanent du corps, pour finalement faire parler le mort, voire violer son intimité au travers de péremptoires observations techniques. C’est la première fois que je revois la doctoresse depuis mon retour. Elle se relève et me tend sa joue pour me saluer.
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J’avance dans le bureau ; Lermier, qui est arrivée pendant que nous interrogions madame Martel, s’active déjà sur le corps du député. L’homme est boudiné dans une chemisette blanche à rayures noires dont les boutons sont prêts à être catapultés au moindre mouvement. La cravate jaune qu’il porte est desserrée comme s’il avait voulu l’ôter mais qu’il n’y était pas parvenu. Son visage est couperosé, ses gros yeux globuleux et injectés de sang sont grands ouverts. J’attrape la chair de poule. Pas très reluisant le député…
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Franck m’assure que tous les moyens sont mis en œuvre pour qu’elle soit contactée le plus rapidement possible. Juliette Froissiney loge dans un hôtel du centre-ville dont la réception a pris bonne note de la consigne.
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– La famille du défunt est prévenue ?
– On a essayé d’appeler sans succès sa femme Juliette qui est maire de ce bled, figurez-vous. Je me suis rapproché du secrétaire de mairie et il nous a dit qu’elle assistait à un congrès à Toulouse depuis l’avant-veille.
– Vous avez laissé un message sur son portable ?
– Bien sûr. Mais on lui a demandé de rappeler d’urgence, sans plus.
– Pas d’enfants ?
Le capitaine secoue négativement la tête.
– Bien. Prévenez-moi dès qu’elle refait surface. Elle doit bien se rebrancher de temps en temps, non ?
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Elle s’est alors approchée du corps et, en voyant les yeux grands ouverts de Froissiney, elle a compris qu’il était mort. Elle a alors saisi le téléphone fixe et appelé les pompiers. Inutile de la terroriser davantage. D’un signe de tête, j’invite Franck à me rejoindre à l’écart.
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Entre deux sanglots, elle raconte qu’elle a frappé, vers 6h du matin, à la porte du bureau. Elle le croyait vide, bien sûr, comme d’habitude, mais pour elle c’est une question de politesse que de frapper avant d’entrer. Elle a ensuite inséré la clef dans la serrure. À sa grande surprise elle a constaté que la porte n’était pas fermée. Elle est entrée et s’est avancée vers le bureau pour y accomplir l’un des premiers gestes de son travail : vider la corbeille à papiers. C’est là qu’elle a aperçu le député allongé par terre, son cellulaire posé à côté de sa main, et n’a pu retenir un hurlement.
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L’interrogatoire de la femme de ménage ne se révèle pas d’une grande utilité. Constance Martel est assise sur une chaise dans le couloir, le nez caché dans un grand mouchoir à carreaux. Elle pleure à chaudes larmes.
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Mon adjoint m’informe que les pompiers n’ont rien pu faire quand ils sont arrivés : l’homme n’était plus ventilé, comme ils disent, et ils n’ont pu que constater l’absence de tous les signes vitaux, pouls, tension... chez un individu dont Demoustier me précise, avec sa faconde habituelle, qu’il est gras comme un mulot en fin d’été.
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Malgré le gyrophare installé sur le toit de la voiture, je mets plus d’une demi-heure pour arriver à la mairie. Franck abuse peut-être des excès de vitesse mais, en ce qui me concerne, les balades dangereuses c’est terminé. J’ai une petite fille à élever qui a besoin de sa mère.
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