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Critique de Gruizzli


C'est l'une des premières BD documentaire que j'avais enregistrées dans ma pile "A acheter quand tu auras l'argent", il y a de ça des années (pratiquement lorsque je suis arrivé sur ce site), et sa lecture s'est faite avec quelques années dans les dents. Plusieurs années qui ont notamment vu l'émergence d'une grande quantité de BD documentaire, aux styles très variés (et dont Davodeau est un bon représentant d'ailleurs), permettant à chaque fois d'aller plus loin dans les manières de dire et comprendre le monde. C'est avec ce genre de regard que je me suis mis à la lire, et je n'en ressors pas déçu, mais conscient d'un manque tout de même.

Cette BD a la qualité indéniable des BD traitant des ouvriers et des revendications : elle est toujours actuelle, peut-être même plus aujourd'hui que lors de sa sortie, et elle nous rappelle les combats d'hier, les luttes d'aujourd'hui et les stades par lesquels il a fallu passer. La violence policière n'est plus marginale aujourd'hui, mais solidement installée dans nos moeurs. Il faut envisager de se faire blesser en allant manifester, c'est habituel de lire des blessés à chaque compte-rendu de manifestations. C'est surtout cet écart que j'ai noté en lisant l'album : j'ai l'impression de vivre dans une normalité de violence policière, où les morts se comptent par dizaines dans les dix dernières années, et cela n'a rien de choquant pour la majorité de la population. Comme le monde à changé !

Au-delà de cette considération, il est amusant de découvrir la culture ouvrière de l'époque, la solidarité et l'entraide, la transmission de la connaissance et le partage de l'information au sein des communautés ouvrières révoltées. On sent, au travers de la BD, que tout cela fonctionne autant par réseau que par solidarité. La volonté de transmettre à tous la réalité de cette mort, la rendre palpable, est perceptible à travers les pages. Et Davodeau retranscrit très bien les environnements d'un Brest dévasté, tout autant que des quartiers ouvriers où la misère est reine.

Cependant, je dois avouer qu'il manque quelque chose pour développer plus cette histoire. Elle s'arrête au film, de sa création à sa mort physique, mais il manque quelque chose à tout ça pour passer au-delà. Peut-être quelque chose sur Brest aujourd'hui, sur les mouvements ouvriers, ou simplement sur la suite. Mais là, j'ai eu le sentiment qu'il y aurait eu moyen de développer encore ce thème et que les auteurs se sont arrêtés trop tôt, et je trouve cela dommage.
Ce n'est, pour autant, pas un motif de rejet de la BD, qui reste assez -tristement- actuelle, de par son sujet et ce qu'elle dit de notre solidarité de classe disparue. En la lisant, on aurait envie de rappeler que déjà 70 ans auparavant, la police tuait sans raison au nom de la sécurité. Et que cela n'a jamais été acceptable, ni avant ni maintenant. Une BD qui permet de se souvenir !
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