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Critique de cedratier


Erri de Luca : « le plus et le moins » (Gallimard, 185 pages)
Une quarantaine de courts textes, des chroniques, des souvenirs, des contes aussi. C'est tout ? Non, c'est tellement plus que cela. Erri de Luca est né au mitan du siècle dernier, il a accompagné de ses engagements militants la fin d'un monde où l'espoir de justice et le sens de la solidarité ont fait vibrer une jeunesse au-delà les frontières européennes, bousculant les hiérarchies et les pouvoirs de l'argent, (parfois y compris dans des dérives violentes et aveugles). L'âge venant, il voit ce siècle nouveau s'enfoncer dans l'immonde, mais il a su rester un rétif, peut-être un insoumis, en tous cas il ne s'est pas coulé dans le moule des honneurs futiles et des richesses volées. Alors dans ses textes, depuis des années, et dans ce livre en particulier, il dessine pour nous des fragments de ces solidarités anciennes-là, de ses émois à l'écho d'un plat familial ou d'un lien filial qu'il honore avec humilité et respect, de ses révoltes intactes contre les injustices sans nom à Sarajevo, Belgrade ou ailleurs, ou contre les racismes et les guerres, du sens profond de l'inutile grimpée d'un sommet, des bouleversements que la littérature peut apporter à une vie. Certains seront peut-être insensibles à une nostalgie « d'ancien combattant », d'autres à une tonalité ou une inspiration parfois mystique. Mais comment ne pas être littéralement « embarqué » par sa prose ? Son écriture est d'une limpidité inouïe, elle donne aux émotions et à la sensibilité qu'il met sous nos yeux une force essentielle, immédiate. Pas un mot de trop, chaque mot à sa place. On est touché souvent, bouleversé parfois, admiratif de son talent à chaque page (et qu'il est difficile de choisir une citation).
Erri de Luca est pour moi le plus grand romancier-poète vivant. A l'exception d'un court texte récent (« La parole contraire », qui m'avait beaucoup déçu), j'ai absolument dévoré avec un plaisir infini tout ce qui est publié de lui en français (et il faut en profiter pour saluer le travail remarquable de sa traductrice de toujours, Danièle Valin). A ceux qui l'ont découvert récemment, et qui sont peut-être plus attirés par la forme du roman, on peut conseiller chaleureusement trois de ses premiers livres : « Montedidio », « Tu, mio », « Trois chevaux ». A lire, à relire, à offrir sans retenue.
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