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Critique de akwababak


Pour moi Tu, mio est le pendant méditerranéen d'Entre Ciel et Terre et , roman islandais : on y retrouve la même incompréhension et le même faux mutisme devant l'immensité et la beauté de la mer et de ses hommes. On retrouve chez De Luca comme chez Jon Kalman Stefansson la poésie de ceux qui ne parlent pas mais qui ressentent en profondeur, comme si le sel qui mord la peau faisait affleurer plus facilement les sentiments et les envolées lyriques.
L'autre grande référence à laquelle on pense est Bonjour Tristesse de Sagan par les thématiques communes des vacances, de la filiation et de l'amour. Il y a une même profondeur dramatique et une tension insoutenable qui donne envie de refermer le livre avant que de le terminer; mais on ne peut pas. On ne veut pas.

J'ai trouvé chez De Luca une facilité à circonscrire ses personnages tout en en tirant une réelle profondeur, jusque chez les personnages secondaires voire tertiaires (percée magnifique du père dans les dernières pages). Les hommes dans leur beauté, leur force et leur vulnérabilité : Nicola qui ne peut pas raconter la guerre et l'oncle, qu'on sent matador, fier et noble. Pour chacun, les émotions sont évidence et puissance. On est pourtant loin du pathos et du tire-larme. Au point de se dire que l'enseignement de ce roman réside dans le fait de laisser venir et laisser repartir les sentiments, en leur laissant juste assez de place afin d'en être ébranlé et renforcé.

Ce roman est également un très belle histoire d'amour initiatique dont l'avancée des sentiments sonne juste. le héros était un enfant qui apprend à grandir en essayant d'être vieux pour accéder à celle qu'il a choisi. Il y a une certaine pureté de la relation qui doit être absolument conservée, que rien ne doit entâcher.
Le drame d'enfance de Caia est pudique mais présent, omniprésent et apporte de la densité à ce personnage féminin parfois un peu agaçant à force de minaudage.

Reste que je suis restée assez peu sensible, presque hostile, au côté mystique de la "réincarnation", qui à mon sens dessert le roman. On se détourne du personnage principal et on l'oublie en essayant de découvrir les traits de cet autre perdu. On s'égare dans la recomposition des inconnus et on perd de vue ce personnage magnifique.

Reste que c'est une très belle fresque sur les changements immobiles, et l'amour qui peut construire une âme. La mer apporte l'odeur des embruns et secoue nos émotions indociles, nous qui redevenons des adolescents graves dans le sillage d'amours nouvelles et éternelles.
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