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Citations sur La séparation (15)

Joaquim me disait qu’il «était lui-même» avec moi; c’était parce que j’étais éperdument amoureuse, silencieuse, sa petite chatte dévouée; il ne se méfiait de rien, n’en avait rien à faire, était tout à son aise. J’aimais tant Joaquim parce que je n’attendais pas son amour en retour, rien de lui, seulement qu’il accepte le mien, et qu’il me fasse jouir, c’était un contrat, un contrat d’amour univoque, bien établi dès le départ. J’étais, aussi, étrangement confiante avec lui. Les choses étaient bien claires, d’une certitude absolue. Il y avait quelquefois des larmes et de la violence, c’était pour en jouir mieux, lorsque la honte d’être méprisée dépassait quelquefois –c’était rare – le plaisir orgueilleux de demeurer avec ma passion dévorante, cette passion inconnue de lui, dont je lui offrais le spectacle. p. 89
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Je savais, et depuis longtemps, que, par sa faute, j’étais timide, silencieuse, et réservée jusqu’à l’autisme. Je devinais aisément que ma solitude et mon refus du monde avaient à voir avec elle. Je ne pouvais pas ignorer qu’elle était la raison principale de mon incapacité à aimer. Elle était aussi, j’en étais certaine, responsable pour la duplicité de mon âme, qui me condamnait à me voir toujours faire, à observer le monde sans y être nulle part. J’avais bien compris pourquoi j’avais tous ces désirs furieux, inarrêtables, de ventre ou de cervelle. Il me fallait bien reconnaitre que mon désir de tout expliquer, de tout comprendre, qui confinait à la folie, venait de cette éducation. Et je suis désormais convaincue que c’est elle, ma glorieuse mère, qui m’a faite géniale. p. 35
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Adrien est un type conservateur, type XIXe siècle, intéressé par la Représentation, l’Histoire, la Transmission – des majuscules. Moi je suis bien une fille de mon époque: hypermoderne, fascinée par le langage, les raisons de mon existence, muette, folle, prisonnière d’images. 
J’accorde, sûrement pour m’excuser d’avoir une si mauvaise mémoire, et tellement de paresse, beaucoup trop d’importance à l’oubli, à la faculté d’ignorance après avoir beaucoup lu ou appris. Un genre de résilience. La seule façon d’inventer quelque chose, d’avoir l’âme neuve et pure. p. 13
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La plupart des hommes, ceux qui ont de l'orgueil et de la pudeur - je ne parle pas des séducteurs, des cœurs tièdes, je ne parle pas des lavettes et des petits maris, qui réclament le même soin qu'on prodigue aux handicapés et aux enfants en bas âge -, supportent très mal d'être repoussés par les femmes, et ne supportent pas d'être compris par elles. Plus leur orgueil est grand, moins ils acceptent les froideurs et le mépris, plus ils vont conquérir, réclamer l'unisson et l'amour extraordinaires. Ils endurent alors tous les mépris, tous les outrages, s'acharnent le plus longtemps possible, menaçant d'en mourir. Mais aussitôt qu'elles les aiment, l'affaire - c'est presque malgré eux - a perdu sont attrait. Il s'agit moins, toutefois, d'une satisfaction narcissique (désir assouvi, femme vaincue, etc.) que d'une inquiétude narcissique : que la femme les comprenne, comme ils le réclamaient tellement, qu'elle voie le fond piteux de leur âme, le verre vide où tremble une pauvre honte, cette pissotière de l'âme est inenvisageable. Ils auraient trop de douleur, trop peur de dévoiler leur laideur. Ils préféreront donc toujours passer pour celui qui trahit, pour le méchant homme, que de laisser voir cette vérité-là.
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une impression fugace, qui fait entrevoir, plaisamment, des étreintes et des baisers nouveaux, avec de la fraîcheur, plus de vivacité et de couleur que celle, noire, épaisse comme une encre, qui reste alourdie dans nos veines, qu'on délaye, comme c'est commode, facile et bête la vie amoureuse, par un peu de vin clairet
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on se lasse de tout. au bout de trois jours une chanteuse d'opéra dans le salon, qui fait la traviata et des aires déchirants, donne envie d'entre voler les mouches en paix.
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le bon écrivain, l'homme supérieur, celui que la postérité considérera avec une admiration respectueuse, doit, croit on, se refuser aux embrasement faciles et aux enfers de l'imagination; il substitue à l'expression grossière, à toute flamme, un langage éthéré donc imputrescible.
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sincérité, élégance, économie, maitrise, les supposées qualités du littérateur qui, sans éteindre les émotions ni les feux des passions, les manipule, ranime, avec prudence, justesse, une manière spirituelle, tournure élégante, un souffle sur les braises, du bout du tison
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Mon héros absolu : Tarass Boulba. Je lisais enfant le beau livre illustré, à la campagne, dans les draps frais de mon lit, la nuit calme dehors, cette histoire de violence et de guerre, de cosaques dans les plaines immenses d’Ukraine, au galop, maigres, fiers, beaux d’orgueil, d’astrakan et de cuirs, qui préféraient la mort à l’idée de se soumettre. Je partageai le mépris de Boulba pour l’épouse qui le suppliait de rester au foyer, il la repoussait rudement à terre, dans la poussière, déjà loin, éperonnant de ses bottes rouges aux talons d’argent son cheval. Je trouvais aussi naturel que le vieux cosaque tue, sa main ne tremblait pas, son fils passé à l’ennemi, au cœur trop tendre, qui était tombé amoureux de la fille du gouverneur. Ah, la mort du vieux Boulba sur le bûcher silencieux, dont les cendres emportées par le vent, emportées sur la plaine, ouvrent les naseaux des chevaux, font incliner la tête des derniers zaporogues, et pâlir d’effroi malgré la victoire, les soldats polonais catholiques. Aujourd’hui encore, quand je reprends ce vieux livre, aux pages arrachées, aux couleurs passées, mes mains tremblent et mon front s’enfièvre d’une joie ancienne.
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La queue qu'on branle fait le bruit clapoteux de l'écume dans son anse sableuse, marée basse ; la chatte celle d'un sac plastique fermé d'eau qui remue, s'avachit, déborde dans l'obscurité molle d'une chambre ; les deux ensemble - je l'ai déjà dit, mais c'est net - celui des yeux d'une poupée qu'on secoue, jupe retroussée, par les deux jambes sans larmes.
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