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EAN : 9782370552204
198 pages
Le Tripode (02/01/2020)
3.35/5   13 notes
Résumé :
La Séparation est le récit, tragique et drôle, d’une vie au bord de la rupture.
Après une séparation amoureuse, une femme tient le journal intime de ce qui lui arrive, sans souci de tomber.
Ce texte, qui est la première œuvre publiée de Sophia de Séguin, est extrait d’un journal commencé il y a neuf ans à la suite d’une rupture amoureuse. Son existence ne nous a été révélée que par accident ; l’humour tragique de certaines pages, la beauté crue d’autre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Fragments d'un discours amoureux

L'amour, un thème qui parfait pour la Saint-Valentin. Et même s'il est surtout question de rupture dans ce premier roman signé Sophia de Séguin, c'est bien l'amour sous toutes ses facettes qui est analysé ici.

Dans L'histoire de ma vie, Casanova écrivait que «rien n'est plus amer que la séparation lorsque l'amour n'a pas diminué de force, et la peine semble bien plus grande que le plaisir qui n'existe plus et dont l'impression est effacée.» Plus de deux siècles plus tard, Sophia de Séguin nous prouve combien cette situation reste actuelle. Dans son journal, dont son éditeur affirme qu'il lui a été révélé par accident, elle cherche à comprendre pourquoi on aime, comment on aime mais aussi pourquoi on aime moins et puis plus du tout. Toutes les variantes de ce curieux sentiment passées à la moulinette dans ce qui est bien davantage un savoureux mélanges de réflexions et d'émotions ressenties qu'un vrai journal. C'est souvent très drôle, même si l'humour s'accompagne de cynisme, à moins que ce ne soit de l'ironie.
Mais s'agissant de la chronique d'un amour, on peut tout au long de ce recueil de pensées, ajouter un tombereau plein d'adjectifs censés définir ce rapport amoureux. Cette analyse est superbe, lucide, folle, absolue, triste, déprimante, désespérée ou au contraire joyeuse, décomplexée, motivante. Tout l'éventail y passe…
Tout commence lorsque Sophia rencontre Adrien. Ouvrons à ce propos une parenthèse pour souligner que les algorithmes des sites de rencontre auraient exclu cette possibilité puisque leurs profils ne correspondaient pas à priori: «Adrien est un type conservateur, type XIXe siècle, intéressé par la Représentation, l'Histoire, la Transmission – des majuscules. Moi je suis bien une fille de mon époque: hypermoderne, fascinée par le langage, les raisons de mon existence, muette, folle, prisonnière d'images.»
Ils vont apprendre à se connaître, se flairer, se toucher, se caresser, s'aimer, ils vont partager leur vie, se voir grandir dans le regard de l'autre. Jusqu'à ce qu'une sorte de fatigue, de lassitude s'installe. Alors Sophia s'interroge, alors Sophia culpabilise. Et croit découvrir que son éducation et en particulier sa mère portait une lourde responsabilité dans cet échec: «Je devinais aisément que ma solitude et mon refus du monde avaient à voir avec elle. Je ne pouvais pas ignorer qu'elle était la raison principale de mon incapacité à aimer. Elle était aussi, j'en étais certaine, responsable pour la duplicité de mon âme, qui me condamnait à me voir toujours faire, à observer le monde sans y être nulle part.» Mais cet épisode, comme bien d'autres dans ce livre, va se conclure par une sentence tout aussi contradictoire que définitive: «Et je suis désormais convaincue que c'est elle, ma glorieuse mère, qui m'a faite géniale.»
Ne vous offusquez pas, amis lecteurs, si les réflexions rassemblées ici partent dans plusieurs directions, souvent opposées. C'est ce qui fait tout le sel du livre et nous confirment qu'il n'y a rien de plus merveilleux et de plus féroce que l'amour. Qu'il n'y a rien de plus compliqué que de vouloir l'expliquer et le comprendre.
Entre le rire et les larmes, entre la fusion et la séparation, il n'y a qu'un espace infime. Et entre la fidélité et l'éternité, que pensez-vous que Sophia de Séguin nous propose?


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Sophia a tenu un journal intime. Elle y a couché ses pensées, saugrenues et profondes, professionnelles et personnelles. Sur le monde, celui qui l'entoure et dans lequel elle vit. Et sur son monde, celui de la rupture. de cette indigeste séparation avec l'être aimé. de ses rencontres improbables et ce besoin d'être aimé. Parce que c'est consensuel. Parce que c'est ce qui est attendu de nous. Au fil de ses idées est évoquée la relation au parent. La toxicité de la mère, l'adoration du père. L'idée de l'enfant roi qui crée des adultes gâtés. Incapables de créer une relation. L'idée que nous sommes des pantins désarticulés, ne sachant avancer que par les ficelles qui sont tirées pour nous.

Son travail. Sa vie parisienne. Ses plans culs. Tout est jeté pèle-mêle. En pâture aux pages blanches de son journal, que Sophia de Seguin grisent de ses pensées : « La Séparation est le récit, tragique et drôle, d'une vie au bord de la rupture. Après une séparation amoureuse, une femme tient le journal intime de ce qui lui arrive, sans souci de tomber.«

On saute d'un sujet à un autre, avec en filigrane sa relation avortée avec Adrien. Les maux qui la submergent. Sa vie avec lui. Sa vie sans lui. Beaucoup de larmes et de peines. Pour un embryon d'avenir. de son prisme à elle. Elle l'aime, jusqu'à l'obsession. Tout du moins elle aime l'idée de l'aider et d'en souffrir. le drame de la vie sublimé par la noblesse des sentiments. Il se joue d'elle jusqu'à la lassitude. Elle est lassée de lui jusqu'à l'écoeurement. S'accroche malgré tout à cette idée de relation. Cette idée de perfection qui n'a jamais existé. Qu'elle enjolive au fil des jours qui s'écoulent. Ce journal, dans sa relation nauséabonde, j'aurais pu l'écrire. Dans le ressenti. Dans le vécu. Dans cette quête absurde d'un amour destructeur.

On y ressent un certain mal être également. La boulimie. La déprime. La solitude. L'alcool pour oublier plutôt que pour fêter. Une vie qu'il n'est pas facile de subir. Petit à petit le deuil se fait. Et tel un serpent, une mue s'applique à travers ces pages griffonées. C'est cru, c'est sans filtre. C'est vrai tout simplement.

C'est assez intimidant de rentrer dans une intimité sensée être verrouillée au regard des curieux et des indiscrets. Et c'est sans filtre que Sophia de Seguin nous dévoile la sienne, par bribes parcellaires, comme un puzzle à recomposer. Puzzle composant ainsi dix-neuf mois de sa vie. Et c'est ce qui m'a plu dans La Séparation.

Belle lecture à vous !
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Aïe aïe aïe! Voici à quelque chose près mon ressenti après avoir refermé le livre de Sophia de Séguin, La séparation. Petite déception avec cette lecture qui démarrait si bien.
Je me suis plongée dans ce roman présenté comme un extrait du journal de l'auteure sans réellement savoir à quoi m'attendre sinon à être surprise. Et au début, j'avoue avoir été agréablement surprise. J'ai adoré le ton de cette suite de petits textes drôles et savoureux. La plume acidulée et la langue crue ajoutaient du piquant aux traits d'esprit. Et puis, passée la moitié de ce court recueil, l'amertume s'est davantage faite sentir, gommant peu à peu ce qui m'avait plu au début, la finesse d'esprit remplacée par l'obsession et la névrose. le texte m'a donné l'impression de basculer dans un autre registre, plus pesant, plus brutal, plus tragique. J'aurais pu aimer cette bascule mais j'ai fini par m'y ennuyer.
La séparation est un livre inclassable, extrait d'un journal, recueil de pensées déversées sans filtre, qui nous donne à lire toutes les émotions ressenties par l'auteure après une rupture dans un quotidien rongé par le mal d'amour, qui nous parle finalement d'une séparation à notre époque.
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La séparation est le journal intime que Sophia de Séguin a tenu pendant 19 mois après sa rupture avec Adrien. Caméra embarquée sur l'épaule de cette jeune fille un peu dérangée, qui refuse cet échec amoureux et couche toutes ses obsessions sur le papier. Pulsions sexuelles, acte de désespoir, peurs qu'il l'oublie dans les bras d'une autre, tentative de reconquête : Sophia de Séguin se met à nu ! Elle nous livre également des moments de sa vie, des trajets de métro aux promenades parisiennes nocturnes, à comment elle a du se débarrasser de l'oxyure ou encore ses moments d'émotion sur lisant les poèmes de Rimbaud. L'écriture est crue sans être choquante, elle est travaillée et musicale. Jamais on ne tombe dans le mélodrame ou la mièvrerie, c'est beaucoup plus pointu, tragique et drôle. Un petit bijou de cette rentrée littéraire !
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Journal intime qui ne devait pas être publié, La séparation est la retranscription des pensées d'une jeune fille qui se sépare de son copain. Obsession pour la mort, le sexe et dépression, Sophia de Séguin nous montre la face sombre d'une séparation.

Sophia est seule, alors elle prend son stylo et remplit des pages et des pages de notes et de pensées. le principal protagoniste : Adrien, le jeune homme qu'elle vient de quitter. Seulement, à sa manière tordue et dérangeante, elle l'aime encore. Ce qui aurait pu être un journal intime à l'eau de rose s'avère être l'opposé total : le lâcher-prise d'une jeune fille enfermée dans les carcans de la société et qui ne se met plus aucun filtre. de son écriture crue et dérangeante, l'autrice nous livre tout, ses obsessions suicidaires, sa vision de sa rupture comme une forme de renaissance et son rapport qu'on pourrait considérer comme maladif au sexe.

Entre allers-retours sur les souvenirs de leur relation et les quelques fois où ils se sont revus depuis, Sophia parle d'Adrien. Mais plus que d'Adrien, Sophia parle d'elle-même, de ses sentiments, de sa vision de la vie et du couple. du récit de leurs ébats et de leurs nuits à deux, c'est finalement Sophia qui se dévoile. Et de leur relation, on ne saura jamais rien d'autre que la description du plaisir sexuel qu'ils se donnaient. « J'ai, cette nuit encore, la certitude que, bientôt, je n'aimerais plus Adrien. Cette idée me fait pleurer et vomir, me fait bien plus de mal – parce que je suis, sans doute, au fond, salement égoïste, orgueilleuse, je ne pense qu'à moi, méprisant bien tout ce qui lui arrive – que celle de n'être plus aimée par lui.«
Lien : http://untitledmag.fr/la-sep..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Joaquim me disait qu’il «était lui-même» avec moi; c’était parce que j’étais éperdument amoureuse, silencieuse, sa petite chatte dévouée; il ne se méfiait de rien, n’en avait rien à faire, était tout à son aise. J’aimais tant Joaquim parce que je n’attendais pas son amour en retour, rien de lui, seulement qu’il accepte le mien, et qu’il me fasse jouir, c’était un contrat, un contrat d’amour univoque, bien établi dès le départ. J’étais, aussi, étrangement confiante avec lui. Les choses étaient bien claires, d’une certitude absolue. Il y avait quelquefois des larmes et de la violence, c’était pour en jouir mieux, lorsque la honte d’être méprisée dépassait quelquefois –c’était rare – le plaisir orgueilleux de demeurer avec ma passion dévorante, cette passion inconnue de lui, dont je lui offrais le spectacle. p. 89
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Je savais, et depuis longtemps, que, par sa faute, j’étais timide, silencieuse, et réservée jusqu’à l’autisme. Je devinais aisément que ma solitude et mon refus du monde avaient à voir avec elle. Je ne pouvais pas ignorer qu’elle était la raison principale de mon incapacité à aimer. Elle était aussi, j’en étais certaine, responsable pour la duplicité de mon âme, qui me condamnait à me voir toujours faire, à observer le monde sans y être nulle part. J’avais bien compris pourquoi j’avais tous ces désirs furieux, inarrêtables, de ventre ou de cervelle. Il me fallait bien reconnaitre que mon désir de tout expliquer, de tout comprendre, qui confinait à la folie, venait de cette éducation. Et je suis désormais convaincue que c’est elle, ma glorieuse mère, qui m’a faite géniale. p. 35
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Adrien est un type conservateur, type XIXe siècle, intéressé par la Représentation, l’Histoire, la Transmission – des majuscules. Moi je suis bien une fille de mon époque: hypermoderne, fascinée par le langage, les raisons de mon existence, muette, folle, prisonnière d’images. 
J’accorde, sûrement pour m’excuser d’avoir une si mauvaise mémoire, et tellement de paresse, beaucoup trop d’importance à l’oubli, à la faculté d’ignorance après avoir beaucoup lu ou appris. Un genre de résilience. La seule façon d’inventer quelque chose, d’avoir l’âme neuve et pure. p. 13
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Mon héros absolu : Tarass Boulba. Je lisais enfant le beau livre illustré, à la campagne, dans les draps frais de mon lit, la nuit calme dehors, cette histoire de violence et de guerre, de cosaques dans les plaines immenses d’Ukraine, au galop, maigres, fiers, beaux d’orgueil, d’astrakan et de cuirs, qui préféraient la mort à l’idée de se soumettre. Je partageai le mépris de Boulba pour l’épouse qui le suppliait de rester au foyer, il la repoussait rudement à terre, dans la poussière, déjà loin, éperonnant de ses bottes rouges aux talons d’argent son cheval. Je trouvais aussi naturel que le vieux cosaque tue, sa main ne tremblait pas, son fils passé à l’ennemi, au cœur trop tendre, qui était tombé amoureux de la fille du gouverneur. Ah, la mort du vieux Boulba sur le bûcher silencieux, dont les cendres emportées par le vent, emportées sur la plaine, ouvrent les naseaux des chevaux, font incliner la tête des derniers zaporogues, et pâlir d’effroi malgré la victoire, les soldats polonais catholiques. Aujourd’hui encore, quand je reprends ce vieux livre, aux pages arrachées, aux couleurs passées, mes mains tremblent et mon front s’enfièvre d’une joie ancienne.
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le bon écrivain, l'homme supérieur, celui que la postérité considérera avec une admiration respectueuse, doit, croit on, se refuser aux embrasement faciles et aux enfers de l'imagination; il substitue à l'expression grossière, à toute flamme, un langage éthéré donc imputrescible.
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