AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782370552204
198 pages
Le Tripode (02/01/2020)
3.38/5   16 notes
Résumé :
La Séparation est le récit, tragique et drôle, d’une vie au bord de la rupture. Après une séparation amoureuse, une femme tient le journal intime de ce qui lui arrive, sans souci de tomber. Il s'agit de la première œuvre publiée de Sophia de Séguin.
La Séparation est extrait d’un journal commencé il y a neuf ans à la suite d’une rupture amoureuse. L'existence de ce texte nous a été révélée par hasard ; l’humour tragique de certaines pages, la beauté crue d’au... >Voir plus
Que lire après La séparationVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Fragments d'un discours amoureux

L'amour, un thème qui parfait pour la Saint-Valentin. Et même s'il est surtout question de rupture dans ce premier roman signé Sophia de Séguin, c'est bien l'amour sous toutes ses facettes qui est analysé ici.

Dans L'histoire de ma vie, Casanova écrivait que «rien n'est plus amer que la séparation lorsque l'amour n'a pas diminué de force, et la peine semble bien plus grande que le plaisir qui n'existe plus et dont l'impression est effacée.» Plus de deux siècles plus tard, Sophia de Séguin nous prouve combien cette situation reste actuelle. Dans son journal, dont son éditeur affirme qu'il lui a été révélé par accident, elle cherche à comprendre pourquoi on aime, comment on aime mais aussi pourquoi on aime moins et puis plus du tout. Toutes les variantes de ce curieux sentiment passées à la moulinette dans ce qui est bien davantage un savoureux mélanges de réflexions et d'émotions ressenties qu'un vrai journal. C'est souvent très drôle, même si l'humour s'accompagne de cynisme, à moins que ce ne soit de l'ironie.
Mais s'agissant de la chronique d'un amour, on peut tout au long de ce recueil de pensées, ajouter un tombereau plein d'adjectifs censés définir ce rapport amoureux. Cette analyse est superbe, lucide, folle, absolue, triste, déprimante, désespérée ou au contraire joyeuse, décomplexée, motivante. Tout l'éventail y passe…
Tout commence lorsque Sophia rencontre Adrien. Ouvrons à ce propos une parenthèse pour souligner que les algorithmes des sites de rencontre auraient exclu cette possibilité puisque leurs profils ne correspondaient pas à priori: «Adrien est un type conservateur, type XIXe siècle, intéressé par la Représentation, l'Histoire, la Transmission – des majuscules. Moi je suis bien une fille de mon époque: hypermoderne, fascinée par le langage, les raisons de mon existence, muette, folle, prisonnière d'images.»
Ils vont apprendre à se connaître, se flairer, se toucher, se caresser, s'aimer, ils vont partager leur vie, se voir grandir dans le regard de l'autre. Jusqu'à ce qu'une sorte de fatigue, de lassitude s'installe. Alors Sophia s'interroge, alors Sophia culpabilise. Et croit découvrir que son éducation et en particulier sa mère portait une lourde responsabilité dans cet échec: «Je devinais aisément que ma solitude et mon refus du monde avaient à voir avec elle. Je ne pouvais pas ignorer qu'elle était la raison principale de mon incapacité à aimer. Elle était aussi, j'en étais certaine, responsable pour la duplicité de mon âme, qui me condamnait à me voir toujours faire, à observer le monde sans y être nulle part.» Mais cet épisode, comme bien d'autres dans ce livre, va se conclure par une sentence tout aussi contradictoire que définitive: «Et je suis désormais convaincue que c'est elle, ma glorieuse mère, qui m'a faite géniale.»
Ne vous offusquez pas, amis lecteurs, si les réflexions rassemblées ici partent dans plusieurs directions, souvent opposées. C'est ce qui fait tout le sel du livre et nous confirment qu'il n'y a rien de plus merveilleux et de plus féroce que l'amour. Qu'il n'y a rien de plus compliqué que de vouloir l'expliquer et le comprendre.
Entre le rire et les larmes, entre la fusion et la séparation, il n'y a qu'un espace infime. Et entre la fidélité et l'éternité, que pensez-vous que Sophia de Séguin nous propose?


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          352
Sophia a tenu un journal intime. Elle y a couché ses pensées, saugrenues et profondes, professionnelles et personnelles. Sur le monde, celui qui l'entoure et dans lequel elle vit. Et sur son monde, celui de la rupture. de cette indigeste séparation avec l'être aimé. de ses rencontres improbables et ce besoin d'être aimé. Parce que c'est consensuel. Parce que c'est ce qui est attendu de nous. Au fil de ses idées est évoquée la relation au parent. La toxicité de la mère, l'adoration du père. L'idée de l'enfant roi qui crée des adultes gâtés. Incapables de créer une relation. L'idée que nous sommes des pantins désarticulés, ne sachant avancer que par les ficelles qui sont tirées pour nous.

Son travail. Sa vie parisienne. Ses plans culs. Tout est jeté pèle-mêle. En pâture aux pages blanches de son journal, que Sophia de Seguin grisent de ses pensées : « La Séparation est le récit, tragique et drôle, d'une vie au bord de la rupture. Après une séparation amoureuse, une femme tient le journal intime de ce qui lui arrive, sans souci de tomber.«

On saute d'un sujet à un autre, avec en filigrane sa relation avortée avec Adrien. Les maux qui la submergent. Sa vie avec lui. Sa vie sans lui. Beaucoup de larmes et de peines. Pour un embryon d'avenir. de son prisme à elle. Elle l'aime, jusqu'à l'obsession. Tout du moins elle aime l'idée de l'aider et d'en souffrir. le drame de la vie sublimé par la noblesse des sentiments. Il se joue d'elle jusqu'à la lassitude. Elle est lassée de lui jusqu'à l'écoeurement. S'accroche malgré tout à cette idée de relation. Cette idée de perfection qui n'a jamais existé. Qu'elle enjolive au fil des jours qui s'écoulent. Ce journal, dans sa relation nauséabonde, j'aurais pu l'écrire. Dans le ressenti. Dans le vécu. Dans cette quête absurde d'un amour destructeur.

On y ressent un certain mal être également. La boulimie. La déprime. La solitude. L'alcool pour oublier plutôt que pour fêter. Une vie qu'il n'est pas facile de subir. Petit à petit le deuil se fait. Et tel un serpent, une mue s'applique à travers ces pages griffonées. C'est cru, c'est sans filtre. C'est vrai tout simplement.

C'est assez intimidant de rentrer dans une intimité sensée être verrouillée au regard des curieux et des indiscrets. Et c'est sans filtre que Sophia de Seguin nous dévoile la sienne, par bribes parcellaires, comme un puzzle à recomposer. Puzzle composant ainsi dix-neuf mois de sa vie. Et c'est ce qui m'a plu dans La Séparation.

Belle lecture à vous !
Commenter  J’apprécie          20
Aïe aïe aïe! Voici à quelque chose près mon ressenti après avoir refermé le livre de Sophia de Séguin, La séparation. Petite déception avec cette lecture qui démarrait si bien.
Je me suis plongée dans ce roman présenté comme un extrait du journal de l'auteure sans réellement savoir à quoi m'attendre sinon à être surprise. Et au début, j'avoue avoir été agréablement surprise. J'ai adoré le ton de cette suite de petits textes drôles et savoureux. La plume acidulée et la langue crue ajoutaient du piquant aux traits d'esprit. Et puis, passée la moitié de ce court recueil, l'amertume s'est davantage faite sentir, gommant peu à peu ce qui m'avait plu au début, la finesse d'esprit remplacée par l'obsession et la névrose. le texte m'a donné l'impression de basculer dans un autre registre, plus pesant, plus brutal, plus tragique. J'aurais pu aimer cette bascule mais j'ai fini par m'y ennuyer.
La séparation est un livre inclassable, extrait d'un journal, recueil de pensées déversées sans filtre, qui nous donne à lire toutes les émotions ressenties par l'auteure après une rupture dans un quotidien rongé par le mal d'amour, qui nous parle finalement d'une séparation à notre époque.
Commenter  J’apprécie          30
Magnifique petit ouvrage sur une rupture, on sent déjà un style très personnel poindre, à la fois obscène et précis, tortueux et juste. Il me fait penser par bien des points à Eurydice deux fois perdue de Paul Drouot, ou encore à Laissez-moi de Marcelle Sauvageot, deux écrits inclassables qui décrivent de façon clinique une rupture amoureuse. Beaucoup d'humour d'humour un peu triste point entre les lignes. J'ai été particulièrement marqué par un passage où la narratrice raconte l'aisance de son compagnon, Adrien à restituer les citations d'auteurs célèbres et explique qu'au contraire, elle donnerait tout pour avoir ne serait-ce qu'une idée originale, pour aller "au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau", pour paraphraser Baudelaire. Je remercie le critique littéraire Juan Asensio de m'avoir permis de découvrir cette perle passée presque inaperçue du grand public, et qui je l'espère en annonce d'autres.
Commenter  J’apprécie          20
La séparation est le journal intime que Sophia de Séguin a tenu pendant 19 mois après sa rupture avec Adrien. Caméra embarquée sur l'épaule de cette jeune fille un peu dérangée, qui refuse cet échec amoureux et couche toutes ses obsessions sur le papier. Pulsions sexuelles, acte de désespoir, peurs qu'il l'oublie dans les bras d'une autre, tentative de reconquête : Sophia de Séguin se met à nu ! Elle nous livre également des moments de sa vie, des trajets de métro aux promenades parisiennes nocturnes, à comment elle a du se débarrasser de l'oxyure ou encore ses moments d'émotion sur lisant les poèmes de Rimbaud. L'écriture est crue sans être choquante, elle est travaillée et musicale. Jamais on ne tombe dans le mélodrame ou la mièvrerie, c'est beaucoup plus pointu, tragique et drôle. Un petit bijou de cette rentrée littéraire !
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Joaquim me disait qu’il «était lui-même» avec moi; c’était parce que j’étais éperdument amoureuse, silencieuse, sa petite chatte dévouée; il ne se méfiait de rien, n’en avait rien à faire, était tout à son aise. J’aimais tant Joaquim parce que je n’attendais pas son amour en retour, rien de lui, seulement qu’il accepte le mien, et qu’il me fasse jouir, c’était un contrat, un contrat d’amour univoque, bien établi dès le départ. J’étais, aussi, étrangement confiante avec lui. Les choses étaient bien claires, d’une certitude absolue. Il y avait quelquefois des larmes et de la violence, c’était pour en jouir mieux, lorsque la honte d’être méprisée dépassait quelquefois –c’était rare – le plaisir orgueilleux de demeurer avec ma passion dévorante, cette passion inconnue de lui, dont je lui offrais le spectacle. p. 89
Commenter  J’apprécie          130
La plupart des hommes, ceux qui ont de l'orgueil et de la pudeur - je ne parle pas des séducteurs, des cœurs tièdes, je ne parle pas des lavettes et des petits maris, qui réclament le même soin qu'on prodigue aux handicapés et aux enfants en bas âge -, supportent très mal d'être repoussés par les femmes, et ne supportent pas d'être compris par elles. Plus leur orgueil est grand, moins ils acceptent les froideurs et le mépris, plus ils vont conquérir, réclamer l'unisson et l'amour extraordinaires. Ils endurent alors tous les mépris, tous les outrages, s'acharnent le plus longtemps possible, menaçant d'en mourir. Mais aussitôt qu'elles les aiment, l'affaire - c'est presque malgré eux - a perdu sont attrait. Il s'agit moins, toutefois, d'une satisfaction narcissique (désir assouvi, femme vaincue, etc.) que d'une inquiétude narcissique : que la femme les comprenne, comme ils le réclamaient tellement, qu'elle voie le fond piteux de leur âme, le verre vide où tremble une pauvre honte, cette pissotière de l'âme est inenvisageable. Ils auraient trop de douleur, trop peur de dévoiler leur laideur. Ils préféreront donc toujours passer pour celui qui trahit, pour le méchant homme, que de laisser voir cette vérité-là.
Commenter  J’apprécie          10
Je savais, et depuis longtemps, que, par sa faute, j’étais timide, silencieuse, et réservée jusqu’à l’autisme. Je devinais aisément que ma solitude et mon refus du monde avaient à voir avec elle. Je ne pouvais pas ignorer qu’elle était la raison principale de mon incapacité à aimer. Elle était aussi, j’en étais certaine, responsable pour la duplicité de mon âme, qui me condamnait à me voir toujours faire, à observer le monde sans y être nulle part. J’avais bien compris pourquoi j’avais tous ces désirs furieux, inarrêtables, de ventre ou de cervelle. Il me fallait bien reconnaitre que mon désir de tout expliquer, de tout comprendre, qui confinait à la folie, venait de cette éducation. Et je suis désormais convaincue que c’est elle, ma glorieuse mère, qui m’a faite géniale. p. 35
Commenter  J’apprécie          20
Mon héros absolu : Tarass Boulba. Je lisais enfant le beau livre illustré, à la campagne, dans les draps frais de mon lit, la nuit calme dehors, cette histoire de violence et de guerre, de cosaques dans les plaines immenses d’Ukraine, au galop, maigres, fiers, beaux d’orgueil, d’astrakan et de cuirs, qui préféraient la mort à l’idée de se soumettre. Je partageai le mépris de Boulba pour l’épouse qui le suppliait de rester au foyer, il la repoussait rudement à terre, dans la poussière, déjà loin, éperonnant de ses bottes rouges aux talons d’argent son cheval. Je trouvais aussi naturel que le vieux cosaque tue, sa main ne tremblait pas, son fils passé à l’ennemi, au cœur trop tendre, qui était tombé amoureux de la fille du gouverneur. Ah, la mort du vieux Boulba sur le bûcher silencieux, dont les cendres emportées par le vent, emportées sur la plaine, ouvrent les naseaux des chevaux, font incliner la tête des derniers zaporogues, et pâlir d’effroi malgré la victoire, les soldats polonais catholiques. Aujourd’hui encore, quand je reprends ce vieux livre, aux pages arrachées, aux couleurs passées, mes mains tremblent et mon front s’enfièvre d’une joie ancienne.
Commenter  J’apprécie          10
Adrien est un type conservateur, type XIXe siècle, intéressé par la Représentation, l’Histoire, la Transmission – des majuscules. Moi je suis bien une fille de mon époque: hypermoderne, fascinée par le langage, les raisons de mon existence, muette, folle, prisonnière d’images. 
J’accorde, sûrement pour m’excuser d’avoir une si mauvaise mémoire, et tellement de paresse, beaucoup trop d’importance à l’oubli, à la faculté d’ignorance après avoir beaucoup lu ou appris. Un genre de résilience. La seule façon d’inventer quelque chose, d’avoir l’âme neuve et pure. p. 13
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : journalVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (43) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5270 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..