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Critique de celosie77


Souvent présenté comme un roman d'espionnage, ce roman peut décevoir ceux qui s'attendent à une intrigue à la Ian Fleming. Pour moi c'est plutôt un roman sur l'art, sur les arts, et en particulier la littérature, le cinéma, le théâtre et la peinture.
Certes, Sigma est une organisation qui place des agents auprès de personnages clés mais s'ils les espionnent, c'est avant tout dans le but de les influencer dans leurs décisions et dans leurs actions. Rien de spectaculaire, donc, pas de scènes torrides, pas de courses-poursuites, pas d'armes (quoique, si, une seule), et encore moins de bagarres. Ce serait peut-être donc un "anti" roman d'espionnage ?
L'objectif de Sigma est de faire en sorte qu'un tableau que l'on croyait disparu et qui a l'étrange pouvoir de rendre ceux qui le regardent indifférents à toute autre chose, que ce tableau soit exposé, expliqué, placé bien en vue dans une galerie afin qu'il soit ainsi vidé de son pouvoir hypnotique. Celui qui possède, et cache, ce tableau est un banquier Suisse du nom d'Alexis Zante, qui n'arrive plus à s'intéresser à son travail et qui a des réactions de plus en plus étranges et inadaptées envers les gens de son entourage. L'organisation va-t-elle parvenir à neutraliser l'effet du tableau ?
Julia Deck s'amuse avec les codes des différents genres narratifs : on trouvera ici des compte-rendus d'espions qui ressemblent plus à des journaux intimes ou à des lettres façon Liaisons dangereuses, un interview de type Paris Match, une conférence sur le rôle de l'orgasme dans l'égalité hommes-femmes (il fallait oser !), une scène de pièce de théâtre, et il y a sans cesse des clins d’œil amusants et des références qui font sourire ou qui interpellent. Par exemple, Elvire Elstir, la galeriste, porte le même nom que l'un des personnages de La Recherche du temps perdu, ce peintre considéré comme idéal et parfait. Elvire Elstir est mariée à Lothaire Lestir, dont le nom est donc l'anagramme de celui de son épouse, et qui est un chercheur totalement aux antipodes des préoccupations artistiques de sa femme.
Rien ne semble avoir été laissé au hasard, Julia Deck maitrise son propos et son style. Mais justement, tout est peut-être un peu trop calculé, un peu froid, manquant de spontanéité. Et de ce fait, on ne s'attache à aucun des personnages, (j'en ai même confondus certains pendant tout le début de l'histoire), ce que je trouve vraiment dommage pour un roman...
J'ai bien aimé l'originalité de ce roman, et ces jeux avec les différents styles, mais je me demande si, finalement, ce roman n'a pas été plus plaisant à écrire qu'à lire ?
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