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Critique de kathel


kathel
12 septembre 2010
Le titre, très beau, rappelle le poème d'Aragon :
Ce fut […]
Au petit jour que dans ton coeur
Un dragon plongea son couteau.
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
L'histoire, racontée par un habitant du quartier et sa femme absents au moment des faits, en est simple : une jeune femme est assassinée en 1964 devant chez elle, dans le quartier du Queens à New York. Plus que le meurtre lui-même et l'horreur du sang-froid de ce tueur récidiviste, père de famille sans histoires poussé par des pulsions morbides, c'est la réaction des habitants du quartier qui choque. Non seulement personne ne vient porter secours à Kitty Genovese, malgré ses appels répétés, mais pas un seul n'alerte les secours. Pourtant trente-huit témoins interrogés par la police ont tous été réveillés et ont au moins entendu quelque chose. Mais, et c'est ce qui sera nommé plus le syndrome de Genovese, chacun pense que les autres vont donner l'alarme, dans une sorte de dilution collective de la responsabilité, et personne ne fait rien ! La question se pose bien sûr au lecteur de savoir ce qu'il aurait fait aussi ; en tout cas, après la lecture de ce livre, impossible d'oublier qu'il ne faut pas compter forcément sur les voisins ou les autres passants pour alerter les secours. C'est une oeuvre de salut public à ce titre, et bien davantage, puisque l'écriture en est fluide et claire, sobre, mais sans négliger les détails. Les descriptions du quartier sont très visuelles, ce qui rend l'action très saisissante par les images qu'elle évoque.
L'auteur aborde aussi, sans insister, mais suffisamment pour pousser à la réflexion, le thème de l'homophobie… L'attitude des habitants de Kew Gardens serait elle une condamnation implicite de l'homosexualité pourtant discrète de Kitty Genovese ? le narrateur, amené à côtoyer un journaliste du New York Times qui s'intéresse au drame, se penche aussi sur le rôle des médias, opposant le journal quotidien à la toute jeune télévision : "Il n'y a pas de victoire des images sur les mots. Simplement la télévision a permis aux gens d'être les témoins directs des évènements au lieu de les découvrir à travers la relation d'un reporter, celle-ci fut-elle sincère, brillante, et même pourquoi pas, artistique.
Encore que la télévision ne puisse susciter que des témoins muets et impotents, condamnés à subir sans pouvoir agir." La télé est-elle une des causes du syndrome de Genovese, la question reste ouverte.
Lien : http://lettres-expres.over-b..
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