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Critique de gabb


gabb
23 février 2020
Et hop, un petit nouveau dans ma bibliothèque, rayon "littérature américaine" ! Bienvenue à vous, Jonathan Dee, je vous ai trouvé une belle place entre T.C Boyle et Jonathan Franzen, non loin de John Irving et de Philip Roth, j'espère que vous y serez bien. (note pour plus tard : penser à renforcer cette étagère qui commence à ployer un peu sous la charge...)
Peut-être n'avez-vous pas encore atteint la renommée que vos illustres voisins de rayonnage, mais en lisant "Ceux d'ici" on devine déjà que vous partagez avec eux les mêmes sujets de prédilection et que vous abordez - non sans talent - les mêmes thématiques à commencer par celle - inépuisable - de la grande Amérique, de ses mythes et de ses dérives...

Et pour prendre la température de ce grand pays de contrastes, à jamais chamboulé par le séisme du 11 septembre, quoi de mieux qu'un voyage à Howland, au fin fond du Massachusetts ?
C'est là, à quelques encablures de la Grosse Pomme et de Ground Zero, que nous emmène Jonathan Dee pour une immersion criante de réalisme dans une petite ville typiquement yankee, façon "j'irai dormir chez vous", à la rencontre d'une population aussi authentique qu'hétéroclite.
Mark Firth et les siens (épouse, frère et soeurs), leurs collègues, voisins et amis, le facteur et la barmaid, le flic, le maire et son équipe municipale, sans oublier le richissime nouvel arrivant, Philip Hadi, fraichement débarqué de New-York pour éloigner sa famille du risque terroriste : les voilà, ceux d'ici.

En les regardant vivre, entreprendre, se disputer, se remettre en question, se concerter sur la meilleure façon de développer l'économie de la région, le lecteur se trouve bien vite intégré dans le quotidien de leur petite communauté pleine d'espoirs et de doutes, de rêve et de ressentiments, ballotée d'une crise à l'autre entre les attentas de 2001 et la débâcle financière des subprimes en 2008.

La construction du récit, qui semble s'attarder au hasard sur l'un ou l'autre des personnages au gré de leurs déambulations en ville et de leurs changements de trajectoires personnelles, est particulièrement brillante. Elle m'a souvent rappelé ces longs plans-séquences dont je raffole au cinéma, lorsque la caméra mobile suit l'un des protagonistes puis s'en détourne au profit d'un autre nouvellement apparu dans le champ.
L'effet est très réussi, et la vie de ces citoyens modestes, pour la plupart représentants typiques d'une middle-class américaine en proie aux affres du déclassement, m'a semblé fidèlement restituée.

A travers tous ces portraits terriblement humains et pétris de contradictions, c'est bien celui d'une Amérique en tension, minée par les inégalités sociales et la peur du lendemain, que Jonathan Dee nous propose ici.
Un grand roman sur le désenchantement et les vicissitudes de ceux d'en-bas, qui se dévore avec un plaisir évident !
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