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Critique de Krout


Krout
02 novembre 2017
Quel interpellant roman que Les brumes de l'apparence ! Et comme certains passages trouvent un écho profond en moi ainsi p.263 "Ce que je viens de voir, je ne l'avais jamais envisagé, rêvé, ni même désiré. Ce que je viens de voir pourrait exister. Ce n'est pas un projet fou que celui de vivre bien avec les autres. Ca n'a pas de coût, ce n'est donc réservé à personne puisque ce n'est ni onéreux, ni hors de portée. C'est juste une décision, un désir, une impulsion, une prédisposition des êtres."

Et pourtant ... Et pourtant, il y a cinq ans je l'aurais combattu, pied à pied, soulevant objections, incongruités, une à une, il y a dix ans j'aurais sauté sur l'un ou l'autre passage spécifique, cherché la phrase assassine, l'argument imparable, il y a quinze je l'aurais envoyé valdinguer (j'aime bien ce verbe aujourd'hui peu usité) avec un tonitruant "Conneries que tout cela !". Et je ne vous parle pas d'avant. Ah cette rationalité typique de l'ingénieur, ce QI hypertrofié qui a tendance à prendre toute la place et n'en plus laisser aucune à la perception des sens, aux émotions.

Oui mais depuis, comme pour l'héroïne de ce roman Gabrielle, un évènement singulier, pour moi une restructuration, pour elle l'héritage d'un terrain, la découverte d'une tante que sa mère lui avait cachée, me font comme elle me questionner sur une vie confortable lancée à toute vitesse sur des rails dont je n'avais pas conscience ne pas en avoir pleinement choisi le trajet. Dès lors je m'interroge et m'aperçois avoir finalement dépensé beaucoup de temps et d'énergie pour des choses futiles, accessoires et dérisoires au détriment de l'essentiel. Autrement dit j'éprouve moi aussi depuis quelques années, l'impression de ne pas occuper ma vraie place dans l'univers et chaque séjour en hôpital accentue chez moi cette impression d'être redevable envers tous ces êtres humains qui prennent soin de moi ou auraient besoin d'un soutien.

Quant à ce beau roman qui approche les frontières du fantastique mais surtout de la perception et de l'au-delà après la mort, c'est à St Malo qu'il se termine. Coïncidence, c'est justement à St Malo que j'ai commencé ces belles vacances en Bretagne. St Malo, lieu d'une très belle rencontre avec un parfait inconnu, lui Allemand, moi Belge, nous avons échangé sur les voyages, la littérature et de là à la philosophie... et ce n'était qu'un début car ce périple fut émaillé de rencontres totalement inattendues dans des endroits insolites. Sans oublier celle programmée avec Terrains Vagues qui en appelle d'autres, je l'espère.

Une lecture qui me marquera. Et par ailleurs comme Frédérique Deghelt fait appel à la musique pendant l'écriture de ses romans et notamment à Hélène Grimaud qui je m'en souviens donnait il y a deux ans des stages à Noyer sur Serein, je m'en voudrais de ne pas envoyer à cette Bretonne qui m'a fait découvrir la côte sauvage à travers son beau regard bleu azur cette merveilleuse chanson de Francis Cabrel qui lui va comme un gant : Petite Marie. Quant au restant des photos au profit de son oeuvre carritative, je n'oublie pas, juste une question de temps ;))
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