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Critique de Acoun


Acoun
01 novembre 2017
Voici donc un livre tout droit venu de l'opération Masse Critique pour laquelle je remercie Charlotte et toute l'équipe. Je me rappelle très bien a voir choisi ce livre pour son titre. Libertango... C'est tout d'abord ce morceau magnifique d'Astor Piazzolla que l'on connaît tous. (Si, si... Allez écouter, vous allez voir... « Haaa c'est ça ? Ha oui je connais... » ), Mais c'est surtout un mot valise très évocateur...
Le nom de Frédérique DEGHELT m'était complètement inconnu jusqu'ici, à tel point que qu'il a fallu que je me renseigne un peu sur le net pour découvrir qu'il s'agissait d'UNE auteur. (Je vois d'ici les sourires condescendants me faisant remarquer que FrédériQUE est un prénom féminin... Oui Bon...bin j'ai pas tilté …). Ie vais rapidement palier à mon inculture et me renseigner sur ses autres oeuvres, tant j'ai aimé le style, le choix des mots, cette redondance envoûtante qui peut parfois traîner en longueur mais qui enfonce le clou toujours un peu plus.

Luis Nilta Bergo, le personnage principal du roman, est né hémiplégique. Hand in Cap, ce jeu d'échange équitable à l'origine du terme, suggère qu'il a reçu quelque chose en échange. Dans son chapeau Luis a puisé un don incomparable pour la musique et une volonté inaliénable de réussir dans un monde qui ne lui est pas destiné. Inspiré par des rencontres déterminantes (Astor Piazolla, lalo Shiffrin, Sergiu Celibidache...), il deviendra un des plus grands chefs d'orchestre du monde et n'aura de cesse de lutter pour réussir à s'imposer, mais aussi à imposer sa façon de concevoir la musique. Loin de l'élitisme qui oppose la « Grande Musique » au Jazz ou à la musique populaire, il vit une musique universelle, une musique qui rassemble, qui sauve, qui partage, qui apaise... Et crée un orchestre pour donner cette musique à ceux qui n'y ont pas accès.
Frédérique DEGHELT nous fait entrer dans les coulisses des grands orchestres avec douceur et érudition. Comme Luis, elle prend garde à ne pas s'adresser qu'au musicien ou au mélomane ; elle choisit savamment ses mots et semble les poser avec justesse comme le compositeur pose ses notes sur les cinq lignes de la partition.

Questionnement autour du handicap et du sens de la normalité, Libertango est une ode à la différence, un brûlot contre les préjugés, un manifeste pour la réalisation de ses rêves...
Comme le morceau éponyme de Piazolla, ce récit est mélancolique, dramatique mais aussi d'une sauvage intensité. L'émotion est présente, le style est impeccable. A écouter... encore...

En guise de bande annonce, je vous livre cet enregistrement de Sergiu Celibidache qui dirige le Bolero de Ravel. La caméra ne filme que lui, regardez-le vivre la musique de son orchestre... Luis n'est pas loin... : https://www.youtube.com/watch?v=gy5Ve3338-E
Et ceux qui pensent toujours que la grande musique doit être jouée par des grands pour des grands, prenez la peine de vivre la musique comme une fête pour tous, comme on l'a compris au Venezuela où il n'est point besoin de porter en costume pour aller au concert d'un orchestre Philarmonique....
Si ça ne vous donne pas envie, c'est peut-être que vous souffrez vous aussi d'un handicap... ^^ : https://www.youtube.com/watch?v=NEs8yqhavtI
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