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Critique de Biblioroz
Bienvenue dans la préhistoire, en pleine savane, où nous sommes accueillis par une meute de hyènes affamées. Celles-ci ont repéré des proies faciles, cinq hominidés d'une dizaine d'années partis quérir quelques bois pour alimenter en permanence le feu qui brûle dans leur tribu d'Homo-erectus, les Tunganis. À grand renfort de grognements et de ricanements, les hyènes se lèchent déjà les babines mais c'est sans compter le petit Shumato, un Tungani très différent de ses congénères. Il déjouera le plan d'attaque de la redoutable cheffe de meute, la leurrant par une apparence de faiblesse et de vulnérabilité qui la perdra.
Shumato est celui qui est différent. Une tête plus grosse, un front non fuyant et un menton proéminent font de lui des particularités physiques vues comme des difformités par les autres du clan qui le jugent terriblement laid. Son rire plus cristallin est plus présent, son élocution est plus développée vis-à-vis des Tunganis dont le vocabulaire limité est complété par des gestes. Sa concentration et ses recherches de solutions face au danger, sa faculté d'anticipation pour élaborer sa défense et celle des autres lui interdisent de se laisser aller à la passivité ancestrale de la Horde.
Mais ses réflexions, sa curiosité, son inventivité ne sont pas partagées par la Horde et sont même davantage perçues comme des menaces qui pourraient mettre en péril le reste du clan. Pour la Horde, suivre les dictons ancestraux, toujours pleins de justesse, suffit à vivre en harmonie et continuer dans l'immuabilité pour les générations futures. Les Tunganis évitaient « de se fatiguer avec des questions qui n'avaient pas de réponses toutes faites. » C'était ainsi, c'est ainsi et ce sera ainsi pour les millénaires à venir. Toute nouveauté est une menace. Les drôles de capacités de ce jeune garçon à résoudre des problèmes insolubles aux yeux des Anciens représentent un danger et l'intérêt de la Horde est primordial alors que faire de Shumato ?
Pourtant, ce garçon est respectueux, bienveillant, dévoué à la tribu mais ce comportement différent embarrasse et fait peur pour l'avenir de tous. Et la haine d'Urar, le sorcier humilié par le Shumato tout bébé, est décuplée par une peur de voir ses pouvoirs balayés par l'intelligence de cet être exécré.
On suppute que l'émergence de l'Homo sapiens date d'il y a trois cent mille ans et peut-être bien qu'elle s'est faite via un Shumato comme Michel Deguen s'est amusé à le raconter dans ce roman. Alors, on peut s'imaginer aussi que ce brave garçon a su faire naître des idées d'amélioration de l'habitat, la possibilité de faire jaillir une étincelle, mettre en place des éléments pour assurer la sécurité et surtout faire preuve d'une intelligence hors du commun pour toujours trouver une solution face aux multiples dangers que fait encourir la faune africaine.
Chez les Tunganis, le chef distribue les tâches de chasse, ramassage de bois, cueillette… et l'idée même d'une amélioration du quotidien ne les effleure jamais, sauf chez Shumato qui pense et agit dans différents domaines, peut-être avec un côté omniscient pas tout à fait crédible. C'est pour ce fulgurant et si rapide cumul de connaissances et de découvertes concentrées dans une seule tête que cette lecture s'approche bien plus d'un univers de conte préhistorique que d'un roman sur l'évolution de l'homme.
Une écriture simple, des phrases courtes, beaucoup d'anecdotes sur les animaux et insectes de la savane font penser à un roman pédagogique voire destiné à un public plutôt jeune. Au fil de la lecture j'ai ressenti une certaine monotonie malgré la succession de nombreux évènements.
En filigrane on trouve également des notions de bonne conduite et de bonnes pratiques en société telles que d'avoir une approche sereine des évènements qui permet de composer face à l'adversité et ainsi s'inscrire dans le changement plutôt que de s'y heurter.
Si la première partie voit se succéder une multitude d'épreuves destinées à décrédibiliser aux yeux de la Horde cet intrus qu'est Shumato, on saura apprécier dans la seconde comme une idée du paradis terrestre qu'a pu être la Terre à une certaine époque où les hominidés n'étaient que quelques milliers, la nourriture abondante et le champ des possibles illimité.
Pour moi, ce roman manque un peu de sel, l'intrigue est sans surprise. Malgré tout le sujet est intéressant et certains concepts comme l'acceptation de la différence, la peur du changement, la remise en question de l'efficacité du sorcier ne sont pas sans évoquer certains évènements contemporains. Je remercie la Masse critique de septembre et les éditions Jouvence pour cette lecture.
Shumato est celui qui est différent. Une tête plus grosse, un front non fuyant et un menton proéminent font de lui des particularités physiques vues comme des difformités par les autres du clan qui le jugent terriblement laid. Son rire plus cristallin est plus présent, son élocution est plus développée vis-à-vis des Tunganis dont le vocabulaire limité est complété par des gestes. Sa concentration et ses recherches de solutions face au danger, sa faculté d'anticipation pour élaborer sa défense et celle des autres lui interdisent de se laisser aller à la passivité ancestrale de la Horde.
Mais ses réflexions, sa curiosité, son inventivité ne sont pas partagées par la Horde et sont même davantage perçues comme des menaces qui pourraient mettre en péril le reste du clan. Pour la Horde, suivre les dictons ancestraux, toujours pleins de justesse, suffit à vivre en harmonie et continuer dans l'immuabilité pour les générations futures. Les Tunganis évitaient « de se fatiguer avec des questions qui n'avaient pas de réponses toutes faites. » C'était ainsi, c'est ainsi et ce sera ainsi pour les millénaires à venir. Toute nouveauté est une menace. Les drôles de capacités de ce jeune garçon à résoudre des problèmes insolubles aux yeux des Anciens représentent un danger et l'intérêt de la Horde est primordial alors que faire de Shumato ?
Pourtant, ce garçon est respectueux, bienveillant, dévoué à la tribu mais ce comportement différent embarrasse et fait peur pour l'avenir de tous. Et la haine d'Urar, le sorcier humilié par le Shumato tout bébé, est décuplée par une peur de voir ses pouvoirs balayés par l'intelligence de cet être exécré.
On suppute que l'émergence de l'Homo sapiens date d'il y a trois cent mille ans et peut-être bien qu'elle s'est faite via un Shumato comme Michel Deguen s'est amusé à le raconter dans ce roman. Alors, on peut s'imaginer aussi que ce brave garçon a su faire naître des idées d'amélioration de l'habitat, la possibilité de faire jaillir une étincelle, mettre en place des éléments pour assurer la sécurité et surtout faire preuve d'une intelligence hors du commun pour toujours trouver une solution face aux multiples dangers que fait encourir la faune africaine.
Chez les Tunganis, le chef distribue les tâches de chasse, ramassage de bois, cueillette… et l'idée même d'une amélioration du quotidien ne les effleure jamais, sauf chez Shumato qui pense et agit dans différents domaines, peut-être avec un côté omniscient pas tout à fait crédible. C'est pour ce fulgurant et si rapide cumul de connaissances et de découvertes concentrées dans une seule tête que cette lecture s'approche bien plus d'un univers de conte préhistorique que d'un roman sur l'évolution de l'homme.
Une écriture simple, des phrases courtes, beaucoup d'anecdotes sur les animaux et insectes de la savane font penser à un roman pédagogique voire destiné à un public plutôt jeune. Au fil de la lecture j'ai ressenti une certaine monotonie malgré la succession de nombreux évènements.
En filigrane on trouve également des notions de bonne conduite et de bonnes pratiques en société telles que d'avoir une approche sereine des évènements qui permet de composer face à l'adversité et ainsi s'inscrire dans le changement plutôt que de s'y heurter.
Si la première partie voit se succéder une multitude d'épreuves destinées à décrédibiliser aux yeux de la Horde cet intrus qu'est Shumato, on saura apprécier dans la seconde comme une idée du paradis terrestre qu'a pu être la Terre à une certaine époque où les hominidés n'étaient que quelques milliers, la nourriture abondante et le champ des possibles illimité.
Pour moi, ce roman manque un peu de sel, l'intrigue est sans surprise. Malgré tout le sujet est intéressant et certains concepts comme l'acceptation de la différence, la peur du changement, la remise en question de l'efficacité du sorcier ne sont pas sans évoquer certains évènements contemporains. Je remercie la Masse critique de septembre et les éditions Jouvence pour cette lecture.
