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Critique de Dixie39


Un attentat se fomente dans les rues de la ville. Au nom de Dieu, des hommes vont mourir et la cité va être mise à sac. Paris au XXIe siècle ? Non. Marseille au XVIe. 1596 : La cité phocéenne conteste la légitimité du Roi de France et s'auto-proclame République indépendante. Marseille, la catholique face à Henri IV, le huguenot : le décor est posé, mais les cartes ne sont pas encore tirées.
Elles sont toutes là, dans une même main dès le prologue, et ne demandent qu'à être abattues :

- Gabriel : Chevalier de sang et de misère, j'ai choisi la vie en donnant la mort. Tant et tant. Que je n'aspire à plus rien d'autre. Ce sera la dernière. Victoire. J'ai beau regarder le ciel, droit devant, debout, la tête haute, j'ai un genou à terre...
« Je vis en ermite depuis si longtemps que les mots m'ont déserté. »

- Victoire : Je suis née au combat, brandie comme un étendard par une Patience à la volonté de fer. le couteau à la ceinture et la Rapière à la main, je sais comment tailler les chairs. Tu ne bronches déjà plus devant la faible femme que je ne suis pas. Ça aide, le sang sur les mains pour attirer le respect. Je ne suis pas dupe, va ! Je sais. La Guilde attend toujours mon heure...
«Nous ferions pourtant un si beau couple d'assassins tous les deux. »

- Silas : Approche ! Et montre-moi de quoi tu es capable, Bourreau. Je te le rendrais au centuple. Tu crois mener la danse. Tu crois être passé maître dans l'art de manier la souffrance. Tes yeux jubilent. Profites-en bien. Tant qu'ils sont encore deux.
« Fouette-moi autant que tu veux, aucune explication ne sortira de ma bouche. Les plaies se referment et les os se ressoudent, mais enlève-moi l'honneur et je ne vaudrais guère plus qu'un chien. »

- Armand : Il nous faut fuir, Roland, et abandonner l'Artbon. Seras-tu assez fort pour résister à son appel ? Nous prendrons le chemin de Marseille. Puis nous embarquerons. Ils ne nous penseront pas assez fous pour faire ce choix-là. Et peu importe ce que nous ferons. Puisqu'il y aura toujours la mort au bout...
« Il n'est jamais trop tard pour se tromper. »

- Axelle : Je ne suis pas mère. Je règle mon pas sur le pas de mon père. L'espadon dans mes deux mains, à faire voler les têtes, j'apprends. J'apprends à maîtriser la colère. Gilles, penses-tu avoir fait taire en moi, la révolte et la haine ? La fortune et sa roue, le chariot dans les mains, je regarde l'Aube qui se réveille. Je ne suis pas ma mère...
« La peur je l'ai avalée. Dans ma bouche, dans ma gorge, elle me tombe tout au fond du ventre, jamais digérée.»

- Gabin : C'est la chanson du gamin qui a perdu son « aime », c'est la chanson que me fredonnait ma mère, du temps où j'en étais encore un. Je croque à pleines dents dans la pomme offerte par un mort et m'accroche à la roue de la fortune. Je sers les habitués, essuie les tables et disperse les poussières des routes. Je fais le pari de la vie et regarde l'espadon accroché au mur...
« Une moitié d'homme en guenille ».

Jean-Laurent del Socorro nous offre là un Royaume de vent et de colères qu'on peine à lâcher. La structure du livre atypique désarçonne au départ mais très vite, elle donne un tel rythme à la lecture, qu'on y adhère totalement. J'ai aussi beaucoup aimé le choix de la narration à la première personne, chaque personnage se succédant pour nous livrer « sa » vérité, son histoire. L'auteur est un roliste. Aucun doute à avoir sur cette affirmation, quand on voit avec quel soin il a travaillé ses perso : ils trimbalent tous leurs univers et ont une « vraie » présence et pourraient faire l'objet chacun d'un autre roman sans aucun problème. Et pas de demie mesure pour les personnages féminins : Chez del Socorro, point de gourdasses effarouchées, mais de vrais portraits de femmes, qui ne sont pas là pour distraire, faire joli ou tapisserie !

Bon, vous l'aurez compris, j'ai complètement accroché à ce Royaume de vent et de colères, premier roman aux éditions Actusf, suivi d'une nouvelle et d'une interview de l'auteur qui permettent de prolonger la découverte.

Et dans le ciel de mes coups de coeur, elles scintillent encore :
Cinq étoiles. Une par doigt.
Lien : http://page39.eklablog.com/r..
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