la précision cède le pas au rêve, la réalité disparaît au profit d'un paysage recomposé selon un idéal classique qui doit beaucoup aux œuvres du Lorrain.
alors que les carnet de croquis regorgent de portraits, d'études de personnages, d'annotations, rien de tout cela dans ses toiles?
Quand la figure humaine est présent, elle n'est qu'élément d’animation du paysage, tache de couleur imprécise et souvent lointaine.
chez lui point de hammam ou de femmes lascives, point de harem ou de description minutieuse. ce qui l'intéresse avant tout c'est la couleur, la lumière, le mélange subtil du ciel et de l'eau, la vision lointaine d'une mosquée perdue dans les brumes orientales.
seul un important travail en atelier peut permettre d'atteindre ce résultat pour lequel l'artiste ne peut se contenter simplement d'observer la nature mais se doit de recomposer différents éléments entre eux jusqu'à atteindre cette perfection.
au delà de la fragmentation de la touche, de son intérêt pour la lumière et de son magnifique travail sur la couleur, Ziem souhaite réaliser une œuvre parfaite, supérieure à toutes les autres et qui de façon assez contradictoire serait intemporelle.
pour Ziem il n'est pas question de représenter la nature telle qu'elle est ou de témoigner de son époque.
Bien avant Renoir ou Monet, il tente de fixer la mouvance des éléments ou la perception d'un lieu à différentes heures de la journée.
si le romantisme est une étape importante dans la valorisation du paysage, c 'est par le naturalisme nordique, l'héritage de Rembrandt et des paysagistes hollandais - tel que Ruysdael ou Van Goyen - et angalis - tels que Constable ou Bonnington - que le bouleversement arrive.
Ainsi Ziem sera perpétuellement tiraillé entre spontanéité et accomplissement, entre liberté et justesse, entre réalisme et idéal.