Plus qu'à l'intimité du peintre, c'est à l'intimité de la peinture que nous donne accès ce journal. Aux rapports entre compétence et performance, aux mérites de l'esquisse moyens de distribuer la lumière comme d'amplifier une sensation, à la nécessité de savoir sacrifier pour attirer l'attention sur ce qui le mérite. C'est en peintre que Delacroix analyse et comprend les tableaux de ses maîtres. Rubens, « cet
Homère de la peinture » qui représente la quintessence du sublime, et chez qui, toujours, il trouve « le suc, la moelle du sujet avec une exécution qui semble n'avoir rien coûté ». Raphaël et « l'admirable balancement de ses lignes ». Vélasquez chez qui il a trouvé « cet empâté ferme et tant fondu » dont il rêvait. Titien, Corrège, exemple même du génie « incorrect et sublime ». En peintre toujours qu'il critique David, dont les tableaux « manquent d'épiderme », ou Ingres et son École : « puritanisme léché, prétention et gaucherie ». En privilégiant l'effet plutôt que l'exactitude, c'est quelque chose de vrai, c'est-à-dire de naturel, de non-imité, de non-cherché, qu'il s'agit de construire. Quelque chose comme une peinture qui serait l'égal du rêve – sinon l'ombre portée d'un souvenir comme venu d'une autre vie. En fusionnant littérature, peinture et histoire. En mettant en fête et en flammes gestes et couleurs.
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