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Critique de Lucilou



Ce livre là, c'est d'abord sa couverture qui m'a attiré puis
il y a eu le résumé en quatrième de couverture :une histoire de livre et de mystère. D'un changement de vie aussi.
Il ne m'en fallait pas plus pour être tentée. Je l'ai ouvert, j'ai lu les premiers mots, les premières phrases avec l'espoir d'y trouver ce je-ne-sais-quoi que je recherche à chaque nouvelle lecture, ce je ne-sais-quoi qui va m'envoûter.
La Relieuse du Gué, c'est l'histoire, raconté à la première personne d'une jeune femme qui a abandonné Paris, une carrière prometteuse dans la diplomatie, un riche et beau fiancé abonné à son travail plus qu'à la vie pour suivre les traces de son grand-père maternelle et ouvrir un atelier de reliure dans une petite ville du sud-ouest, une ville proche du berceau de Cyrano de Bergerac, héros favori de la narratrice qui vit avec l'oeuvre de Rostand dont elle puise régulièrement dans les vers pour avancer.
Un jour de pluie et de vent, un jeune homme étrange, un peu farouche et d'une beauté à couper le souffle entre chez elle pour lui remettre un livre en piteux état. Entre deux suffocations et avec ce qui ressemble à un sentiment d'urgence, il le charge de la remettre en état. La jeune femme accepte intriguée par le livre et le halo d'étrangeté qui entoure l'homme. le lendemain matin, elle apprend la mort de ce dernier. Personne ne le recherche, personne ne vient réclamer son corps. Il ne reste de lui que le livre à relier, un livre d'aquarelles anonymes sur les pages duquel courent les arbres, la forêt et la mousse et d'où jaillissent des ruines mystérieuses. Alors la narratrice décide de le réparer, contre toute raison, et de partir sur les traces du mystérieux inconnu. Ses recherches mettent à jour un passé oublié et ne lui attirent pas que des amitiés dans ce sud-ouest encore enraciné dans ses secrets, mais sa ténacité est la plus forte.
En reliant le livre, en le dévoilant, c'est aussi elle-même qui finira par se trouver.
C'est un roman qui mêle les effluves du cuir et du papier, celui du soleil du sud-ouest et des sous-bois, les non-dits d'un village endormi près du lit d'une rivière... Les personnages sont construits avec finesse. le portrait de la narratrice est soigné, fouillé mais elle croise des personnages secondaires plus attachants, qui la rendent un peu fade, agaçante parfois : le boulanger à la verve toute méridionale, le cordonnier à la folie douce et fracassante, l'horloger -enfin- dont les angoisses et la douceur sont poignantes. Dans chacun d'eux, l'auteur a mis un peu de Cyrano... C'est assez drôle de s'en rendre compte.
La langue d'Anne Delaflotte Mehdevi est délicate. Elle convoque des images d'une grande poésie et sait tenir en haleine le lecteur.
L'espace d'un instant, quand l'écheveau de l'intrigue commence à se dénouer, j'ai eu peur d'un dénouement un peu trop facile qui gâcherait la beauté de l'ensemble... Force est de constater que même s'il n'est pas foncièrement original et même un peu décevant, il parvient à s'insérer dans le reste du texte avec une certaine grâce et à garder presque intact l'émerveillement de l'ambiance créée par l'auteur. La force de ce roman n'est d'ailleurs pas son intrigue mais l'atmosphère, le décor qui l'entourent.
Un roman délicat qui envoûte doucement, qui laisse rêveur et dont la lecture ressemble à ces torpeurs blondes de juillet, quand l'air sent bon le foin et le chèvrefeuille. Si l'intrigue n'est pas inoubliable, la langue et l'ambiance resteront, sous forme d'une sensation fugace et bien agréable.

Edit: à l'époque d'une autre adresse mail et d'un autre compte -bien maigre- et irrécupérable sur babelio, j'avais déjà commenté ce roman. Force est de constater que mon opinion a un peu évolué depuis.
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